Alannah Myles
Alannah Myles

J’ai remarqué, sans faire trop d’efforts, que les reviews étaient consacrées quasi exclusivement aux artistes et groupes masculins… c’est donc dans cet océan de testostérone qu’on va aborder le premier excellent album d’une chanteuse canadienne et c’est… Alannah Myles qui s’y colle ! (Que celui qui a dit “Shania Twain” dans le fond fasse vœu de repentance !)

Tout le monde connaît son tube mondial (j’en entends qui grincent des dents !) “Black Velvet”, sorte de blues-rock mélodique, à la ligne de basse impeccable et aux guitares magnifiques.

Mais l’auditeur non avisé aurait tort de s’arrêter au hit planétaire car la galette comporte 9 autres titres, aussi intéressants si ce n’est aussi bons que le fameux single, et la jeune chanteuse a un organe qui en impose !

Son album éponyme sorti en 1989 est un sans faute, le genre d’album parfait que n’importe quelle chanteuse de Rock rêve de sortir pour démarrer sa carrière et à ce jour son plus gros succès…

J’ai beau chercher, je ne trouve aucune faille dans cette production ; tout est bien en place : les guitares, les rythmiques, les mélodies, ça roule nickel comme un Truck sur la route 66…

On démarre par un bon blues Rock des familles, aux guitares gonflées “Still Got this thing for You”, bien pêchu, le perfecto et le pantalon en cuir moulant sont de sortie (dans le clip !) la température commence à grimper sur la scène…

Deuxième single extrait de ce bijou “Love is”, plus pop et calibré pour la FM n’en reste pas moins efficace grâce à une production très dynamique… dans la même veine, on trouve “If you want to” avec sa mélodie entêtante agrémentée de quelques cuivres, voilà pour les tubes radiophoniques…

Mais même si le vieux macho qui sommeille en moi ne reste pas insensible aux charmes de la dame, le hard-rock blues reprend vite le dessus, dans des compos bien carrées comme le binaire “Rock this joint” aux solos bien catchy où plane l’ombre de Joan Jett ou encore le “bonjoviesque” “Kick Start my Heart” aux claviers typiques des années 80.

Mais la canadienne a plus d’un tour dans sa tente (je rêvais de la faire celle-là !) et ses musiciens sont très affûtés, notamment le très percutant Tyson (je sais c’est moyen !) bassiste-claviériste et surtout compositeur, avec une production très Hard-rock (avec des grosses guitares !) ce qui booste systématiquement tous les titres, les mid-tempo mais aussi les ballades…

Les deux en question “Lover of Mine” et “Who loves You”, alternent les couplets calmes et planants avec les refrains aux accords saturés, dans la grande tradition des groupes de métal. Le premier sera classé dans les charts et le deuxième aurait pu l’être !

“Just One Kiss” est la compo type, riff carré et punchy, la voix se fait plus musclée, les guitares sont bien en place et on rêve de se faire embrasser par cet unique baiser…

Alannah conclut son voyage sur un titre acoustique très folk-blues “Hurry make Love”, dévoilant une facette supplémentaire de son talent… les disques suivants comporteront tous des morceaux de ce type, avec cette voix cassée, gorgée de feeling…

La production studio chez Atlantic Records se limitera à 2 albums supplémentaires, très bons même s’ils n’atteindront jamais le niveau du premier.

La suite de la carrière d’Alannah sera plus erratique avec plusieurs changements de labels, sans produire d’oeuvre marquante.

Avant de vous précipiter sur Black Velvet pour vous remémorer la voix et le style de cette magnifique chanteuse, commencez plutôt par les autres titres, histoire de constater que le hit planétaire n’est qu’un bon morceau dans un album qui en comporte beaucoup d’autres, en plus, un petit retour à la fin des 80’s, ça fait toujours du bien…