Elton John a déclaré que Prince l’avait abandonné deux fois – une fois lors d’une fête et une fois sur scène – avant qu’ils ne puissent enfin interpréter une chanson complète ensemble.
La légende britannique a raconté cette histoire dans une préface qu’il a écrite pour le nouveau livre de Duane Tudahi, Prince and the Parade and Sign O’ the Times Era Studio Sessions : 1985 and 1986, un ouvrage excellent et détaillé sur l’une des périodes les plus réussies de la carrière de Prince.
Elton John a déclaré :
Ce livre couvre une partie de la grande période de Prince, lorsqu’il écrivait une chanson incroyable après l’autre. Tous les grands artistes en ont une, la période où ils ont le vent en poupe, où ils semblent ne pouvoir rien faire de mauvais. Mais le grand moment de Prince semble légèrement inexplicable et surnaturel aussi, d’autant plus quand on le découvre avec le genre de détails contenus ici.
Vous pouvez lire un extrait de la préface d’Elton John ci-dessous, et aussi regarder ce qui s’est passé lorsque les deux superstars se sont finalement associées pour interpréter The Long and Winding Road des Beatles le 13 septembre 2007.
La première fois que j’ai rencontré Prince, c’était à une fête après les Grammys, dans un restaurant de L.A. Il était seul près d’un mur, alors je suis allé me présenter à lui : “Bonjour, je m’appelle Elton, je suis un de vos grands fans et je voulais juste vous dire…”. Je ne suis pas allé plus loin. Prince est parti sans un mot. Comme vous pouvez l’imaginer, c’était une expérience plutôt décevante, mais je savais à quel point il était timide – tout le monde savait à quel point Prince était timide – et j’aimais tellement sa musique que quelques années plus tard, j’ai réessayé. Je suis allé dans les coulisses lorsqu’il jouait sa résidence [d’artiste] au Rio à Las Vegas, et j’ai fait de même au Caesars Palace. Il avait obtenu de l’hôtel qu’il lui construise son propre club, le Club 3121, tout peint en violet, et je le voyais circuler en ville dans une Bentley dont la peinture devenait Violette quand le soleil la frappait. Cette fois, il m’a demandé de monter sur scène avec lui ce soir-là. Il voulait que je chante The Long and Winding Road des Beatles. Je lui ai dit que je ne connaissais pas les paroles. Il m’a dit qu’il ne les connaissait pas non plus et qu’il les avait écrites sur le sol de la scène. Alors je suis monté sur scène avec lui, et nous avons commencé à jouer The Long and Winding Road. Ça sonnait bien. Au milieu de la chanson, j’ai regardé autour de moi. Pas de Prince : il était reparti. […] J’ai eu l’occasion de jouer avec lui une dernière fois, à Londres, à l’O2, lors de sa résidence [d’artiste] 21 Nights in London. Il m’a demandé de rejouer The Long and Winding Road, et cette fois, il est resté sur scène pendant toute la durée du concert. C’était une véritable émotion – aussi excitante que de jouer avec John Lennon, Bob Dylan ou Ray Charles – mais voir Prince jouer ce soir-là depuis le public était tout aussi passionnant. C’était l’une des plus grandes performances que j’ai vues dans ma vie. Lorsqu’il est décédé, j’ai dit que nous nous étions tous agenouillés aux pieds de Prince, et je le pensais vraiment. J’aime à penser que si vous êtes un vrai musicien, vous reconnaissez la qualité quand vous la voyez, mais vous n’aviez pas besoin d’être musicien pour reconnaître qu’en Prince vous aviez une qualité extraordinairement élevée. Il suffisait d’avoir des oreilles et des yeux.
