Devin Townsend explique que ses performances acoustiques l'aident à faire face à ses peurs

à 11 h 37 min
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Devin Townsend et Prestige Guitars s'associent afin de proposer une guitare acoustique signature Empath

Devin Townsend s’est récemment entretenu avec le magazine australien Heavy. Le musicien s’est exprimé sur la manière dont ses performances acoustiques l’aidaient à faire face à ses peurs.

Devin s’est exprimé sur la raison pour laquelle il a décidé de s’embarquer dans des tournées acoustiques :

Au cours des dernières années, j’ai commencé à considérer le live comme une reconstitution de la musique plutôt que comme un jeu. Pour être honnête, j’en suis arrivé au point où j’ai commencé à me sentir déconnecté des concerts de bien des façons. Je pense que c’est devenu trop automatisé pour moi. Il y avait beaucoup trop de pistes en fond, des métronomes de partout, et autres. Ce sont des outils vraiment cool et, à mon avis, efficaces. Mais ce n’est pas la vision que j’ai de la musique. J’essaie vraiment de concrétiser ma vision de la musique, mais, pour l’instant, je ne l’ai pas encore fait correctement.

Pour faire simple, je n’ai pas tout compris. Qu’il s’agisse de n’importe lequel de mes projets, c’est un travail en cours. J’ai pratiquement tout dépouillé. J’ai brisé le groupe, puis j’ai fait Empath, qui m’a permis de faire tout un tas de styles différents, de le mixer moi-même et d’analyser en profondeur ma relation avec chaque composante de mon identité musicale. Les spectacles acoustiques prouvent au public que ces chansons grandiloquentes ont le même impact émotionnel une fois épurées, enfin, je l’espère. Les performances acoustiques m’obligent à ne pas me cacher derrière tous ces artifices. Cela me permet vraiment de jouer, de chanter et d’être présent d’une manière plus intense. Ça m’a été d’une valeur inestimable jusqu’à présent. J’espère arriver à être aussi présent lorsque je rejouerai avec un groupe.

Devin a enchaîné en parlant de ce qu’il a appris en épurant ses chansons :

Je pense que ce que j’ai découvert par-dessus tout, c’est que la composante émotionnelle de la musique existe indépendamment de la façon dont elle est décorée. Qu’il y ait ou non des choeurs , des orchestres et 400 pistes à la con dessus, c’est pareil qu’avec juste une guitare acoustique, de la réverb et une voix. Je pense que ce qui m’a le plus éclairé à ce sujet, c’est que cela m’a fait me rendre compte que toute la musique que j’écris est créée de cette manière. Quel que soit le niveau de compléxité de mes albums, et il est vrai que certains d’entre eux sont incroyablement alambiqués, ils ont tous commencé avec moi et une guitare…

Souvent, les gens ont critiqué mon travail à cause de mon utilisation de la réverb et de l’écho. Ils me disent que je devrais moins en utiliser. Mon argument est que l’écho est plus qu’un effet pour moi. C’est un outil de composition. J’utilise énormément d’écho, mais dans un but très pratique. Si je joue une note et qu’elle se prolonge grâce à l’écho, je peux entendre comment elle interagit avec le passage suivant… Ainsi, certaines des chansons qui sont plus difficiles à articuler, l’écho me permet de les développer.

Le musicien a ensuite commenté sur l’élaboration de ses sets acoustiques :

C’est une combinaison de ce que je voulais jouer et de ce que je pensais qui allait bien fonctionner dans ce format. Mais j’essaie aussi de répondre aux demandes des gens. Quand on a autant de disques que moi, on cherche dans un catalogue de 300 ou 400 chansons, pour en choisir au final que 20. Tu te dis : “Attends une minute, je ne sais pas ce qui va marcher”. Du coup, tu fais des tests, et tu sais assez rapidement si une chanson va fonctionner ou non dans ce format. Je fais ces concerts acoustiques depuis environ un an, et j’en suis arrivé à mieux comprendre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.

Devin a fini par expliquer la manière dont les concerts acoustiques lui ont permis de se développer personnellement :

Cela m’a aidé à affronter mes peurs… En tant qu’interprète chevronné, je peux monter sur n’importe quelle scène, en gros, et faire mon truc. Néanmoins, le problème après un certain temps, avec le niveau de production que j’avais (les pistes en fond, les lumières synchronisées, les vidéos, et tout ça), c’est que ça donne vraiment quelque chose derrière quoi se cacher. Quand tu montes sur scène, si tu as peur ou que tu n’es pas d’humeur, c’est beaucoup plus facile de téléphoner ta performance dans un tel environnement. Tu fais tes mouvements Rock, et tu dis tes phrases que tu connais par coeur. Ça devient une pantomime en quelque sorte, et je pense que tous ceux qui ont fait autant de tournées que moi seraient d’accord sur le sujet.

En faisant cela dans un cadre plus intime, cela m’oblige à improviser davantage. Cela m’oblige à être plus présent avec les gens, parce que si tu n’es pas présent, c’est clair comme le jour. Il n’y a pas moyen de cacher ta mauvaise humeur ou ton anxiété sociale quand il n’y a que toi et une guitare. Ce que j’ai appris, c’est que dans l’ensemble, le public que j’ai la chance d’avoir est composé de gens bien. Je pense que c’est parce que la fonction de ma musique est d’essayer d’aider plutôt que d’entraver. J’essaie de faire de la musique qui a de la valeur pour les gens plutôt que de me plaindre de façon abstraite ou de créer de la laideur brutale, bien qu’il y ait une place pour ces deux choses. La base de ma musique est toujours enracinée dans le principe suivant : “Comment puis-je vous aider ?”. Il y a une vraie symbiose. À la suite de ces spectacles plus intimes, où tu es vraiment en contact avec les gens, tu réalises à bien des égards qu’il n’y a rien à craindre. Avoir vécu cette expérience m’aidera beaucoup quand je passerai à l’étape suivante, et que je jouerai Empath dans son intégralité avec trois batteurs, des orchestres, des chœurs et toutes ces choses. Une grande partie du thème de Empath consiste à faire face à ses peurs, et je pense que c’était une de mes peurs, le public.

Pour rappel, Empath est sorti le 29 mars 2019 via InsideOut Music et HevyDevy Records.

Source : Blabbermouth

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