Les français de Altesia parlent de leur premier album, Paragon Circus, entre Rock et Metal Progressif

à 8 h 08 min
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Altesia

Dans le cadre de la sortie du premier album de Altesia, nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec les membres du groupe de Metal Progressif français. Le premier album du groupe intitulé Paragon Circus est sorti en décembre 2019 de manière indépendante. Vous pouvez l’acheter en cliquant sur le lien précédent ou en bas de l’interview.

Interview de Altesia

MetalZone : Pour commencer, pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaîtraient pas ?

Altesia : Clément : Nous sommes Altesia, un groupe de Metal Progressif bordelais. J’ai créé Altesia en solo en 2017, et ai écrit un album. En 2019, j’ai été rejoint par quatre musiciens bordelais talentueux, et Altesia est devenu un groupe. Nous avons sorti notre premier album, Paragon Circus, au mois de décembre 2019, avec des influences typées Opeth, Haken et Dream Theater, pour faire court !

MetalZone : Le premier album, c’est souvent une épreuve. A quel point ça a été difficile de créer Paragon Circus ?

Altesia : Clément : Quand j’ai écrit l’album, j’étais encore en solo et je ne connaissais pas les gars. La scène progressive (mais pas que) regorge de nombreuses formations de qualité, en France et dans le monde entier. J’avais donc à cœur de proposer un album qui soit le meilleur possible, pour que cela plaise à un maximum de personnes, tout en faisant quelque chose qui me corresponde. Je me suis mis beaucoup de pression. J’ai eu envie que chaque section soit “parfaite” en termes d’écriture, que chaque chanson retranscrive une émotion particulière pour essayer de faire de cet album un ensemble très complet et pertinent. L’écriture a été assez délicate ! Après, il a fallu aussi que la mayonnaise prenne entre nous 5 et que chacun y trouve sa place. Aujourd’hui, je suis très heureux du rendu, car j’ai le sentiment que chacun a pu y mettre sa patte, sa petite touche personnelle, et, au final, même si j’ai écrit la totalité de l’album, il y a un peu de la personnalité de chacun sur cet opus.

Henri : Pour nous, le processus a été très différent, car quand nous avons été recrutés, il y avait déjà (presque) toutes les démos complètes pour chaque chanson. Notre travail n’était donc pas tant dans la composition que dans l’appropriation des morceaux, et plus tard dans l’arrangement (il n’y avait que très peu de clavier dans les démos). Ensuite, l’enregistrement a été un effort collectif, avec Yann, notre batteur, aux manettes. Tout est allé assez vite au final, et je suis plutôt satisfait du résultat final !

MetalZone : Quelles ont été les sources d’inspiration principales pour cet album ?

Altesia : Clément : J’ai toujours écrit de la musique, mais c’est en découvrant le Rock/Metal Progressif avec Porcupine Tree, puis Opeth, que j’ai eu envie de composer cette musique. Donc ce sont des groupes qui ont eu une influence notable sur l’écriture de cet album. Plus récemment, j’ai pris une claque avec des groupes comme Haken, Leprous ou Between The Buried And Me, et leur influence peut se faire également plus ou moins ressentir à certains moments, même si Altesia est certainement l’un des groupes le moins Metal parmi ceux que j’ai pu citer.

MetalZone : Quels sont les 5 albums qui vous ont le plus influencés en tant qu’artiste ?

Altesia : Clément : Je suis un grand fan de Opeth, période 1999 – 2007, même si beaucoup de gens nous disent qu’ils retrouvent plus le Opeth 2.0 dans notre musique. “Still Life” est un album qui m’a énormément touché de leur part, avec cet excellent équilibre entre un Death furieux dissonant et des parties acoustiques calmes. Pour les autres albums, je dirais The Mountain de Haken qui pour moi est un chef-d’œuvre, Coma Ecliptic de Between The Buried And Me qui est un OVNI que j’ai la sensation de découvrir encore un peu plus à chaque écoute, Black Clouds And Silver Linings de Dream Theater, et aussi The Raven That Refused To Sing de Steven Wilson. Je pense qu’il y a un peu de tous ces albums dans notre musique et dans la manière dont je compose.

Henri : J’ai des goûts assez éclectiques, et j’essaye de me forcer à écouter beaucoup de choses différentes. L’un des albums qui m’a le plus marqué, c’est Awake de Dream Theater. Je l’avais acheté presque par hasard, je connaissais juste le nom, et j’ai été époustouflé. Je ne savais pas qu’on pouvait faire de la musique comme ça ! Jordan Rudess m’a aussi marqué, en montrant le niveau de créativité que l’on peut avoir au clavier, comme dans son album solo Rhythm Of Time. Plus jeune, j’écoutais beaucoup Nightwish, ça m’a pas mal influencé sur le côté symphonique, avec des albums comme Once. Sinon plus récemment, The Mountain de Haken est pour moi un album Prog quasi-parfait. Enfin je suis aussi pas mal influencé par le “vieux” prog, l’un des albums qui m’a le plus marqué est sans doute Quadrophenia des Who.

Alexis : Je suis également assez influencé par le Prog Rock. Close To The Edge de Yes est mon étoile polaire en terme de composition. Amarok de Mike Oldfield n’est pas loin derrière. Dans un registre plus généraliste, A Night At The Opera de Queen (pour en choisir un) est un de mes must-have. Je pourrais citer des dizaines d’albums ou de groupes dans ce style, mais ce serait ne pas rendre justice à une autre partie de mes influences que sont les groupes locaux. L’album Seeds Of Pain de Kragens (des niçois), est pour moi un exemple de production Metal, et Pilon Bran Coucou de PiNioL (des lyonnais), représente l’un des plus beaux héritages du RIO (Rock In Opposition). Le différentiel entre la qualité de leur musique et leur reconnaissance est effrayant.

MetalZone : Qu’est-ce qui a éveillé votre intérêt pour la musique en premier lieu ?

Altesia : Clément : C’est difficile à dire. Je me revois étant petit, assis devant la chaîne hifi de mes parents à décortiquer leur discothèque. La musique est quelque chose qui m’a tout de suite plu. J’ai eu envie d’en écouter toujours davantage et d’écouter de tout, de découvrir beaucoup de genres. J’ai grandi avec Dire Straits et Pink Floyd, c’est comme ça que j’ai découvert le Rock, avant de me tourner vers le Metal étant adolescent, style que je n’ai plus quitté depuis.

Henri : Personnellement, c’est quelque chose qui s’est imposé à moi au fil du temps. C’est parti d’un rêve, que j’osais à peine exprimer à moi-même, mais petit à petit la musique a pris une importance de plus en plus grande, au point qu’à un moment, je n’avais plus vraiment le “choix”, c’est ça que je devais faire. J’ai commencé assez tard pourtant, vers 13 ans, sans doute influencé par mon grand-père qui lui aussi joue du clavier.

MetalZone : Quels sont vos projets pour les mois à venir ? Avez-vous un objectif en tête que vous pouvez partager avec nous ?

Altesia : Clément : On est tout nouveau sur la scène. On a joué notre premier concert en juin 2019, et l’album est sorti en décembre de la même année. Tout reste à construire. On a fait un gros travail de com et de promo pour envoyer notre album à beaucoup de personnes différentes, donc, on essaye d’avoir un maximum de visibilité en ligne. On pense tous les 5 qu’il est important, en parallèle, de faire un maximum de dates pour connaître les acteurs plus locaux, pour travailler notre jeu de scène et nos prestations d’une manière générale. Jouer de la musique, c’est quand même la base de ce que l’on fait, et on a encore beaucoup de progrès à faire pour délivrer les meilleurs shows possibles ! On aimerait aussi jouer en dehors de chez nous et parcourir la France, ou même jouer à l’étranger. D’ici quelques temps, on adorerait faire une tournée en Europe ou aux États-Unis peut-être, ou même signer chez un label pour que l’on puisse se professionnaliser et se dégager plus de temps et se recentrer davantage sur la musique. À la sortie de l’album, on s’est réunis tous les 5, et on a la chance d’avoir les mêmes ambitions pour ce groupe et de vouloir l’emmener aussi loin que possible.

MetalZone : Êtes-vous plutôt pour la perfection ou plutôt l’imperfection dans la musique, et la production ?

Altesia : Clément : Ta question est intéressante, d’autant que nous avons tous des regards assez différents sur le sujet. Alexis, notre lead guitariste, qui a fait un gros travail de production sur l’album, a plutôt un background Rock 70’s, tandis que notre batteur, qui a enregistré, mixé et masterisé l’album, a plus une influence Djent et Metal Moderne où le rendu est en général irréprochablement exécuté, mais aussi un peu plus froid. La réponse va dépendre d’une personne à l’autre. En tout cas, je pense que notre musique est à cheval entre le Rock et le Metal Progressif, et la production de l’album est elle aussi à cheval entre une production authentique et une production plus moderne. Je pense qu’on a trouvé le bon équilibre pour à la fois être en capacité de plaire aux fans de Djent ou de Metal Prog et aux fans de Rock avec un son à la fois assez lisse mais aussi chaleureux et authentique, sans trop de post-production pour parfaire le moindre détail.

MetalZone : Pourriez-vous partager avec nous votre Top 3 des artistes/albums les plus écoutés en ce moment ?

Altesia : Clément : Ma découverte de cette fin d’année a été Veil Of Imagination de Wilderun. C’est du Death Metal Progressif avec un côté symphonique épique et une orchestration monumentale. C’est assez novateur et surtout formidablement exécuté. Plus dans le Rock Progressif, j’ai découvert The Pure Shine de Flaming Row, typé Opéra Rock avec plusieurs chanteurs, beaucoup d’invités, un gros côté acoustique aussi. Au niveau de l’écriture, c’est vraiment remarquable, et l’interprétation est parfaite. Dernièrement, il y a aussi eu A Distant (Dark) Source des français de Hypno5e qui m’a beaucoup plu, toujours avec ce côté cinématographique très présent qui les caractérise. On va d’ailleurs les voir en live dans quelques jours à Bordeaux et j’ai hâte de voir ce que cela va donner sur scène ! C’est d’ailleurs un groupe avec lequel on aimerait beaucoup jouer pour rebondir sur ta question concernant nos projets !

Henri : En ce moment, j’écoute beaucoup, comme Clément, le dernier album de Wilderun. C’est vraiment un chef-d’œuvre que je recommande à tout le monde ! Sinon j’ai récemment découvert Moron Police, un groupe norvégien un peu fou, et j’aime beaucoup leur dernier album. Enfin, c’est le dernier album solo de Marko Hietala qui tourne pas mal, Mustan Sydämen Rovio. J’ai étudié le finnois par le passé, c’est une langue que j’aime bien, et ça me rappelle des souvenirs !

Alexis : De mon côté j’écoute beaucoup Ni, la moitié du groupe PiNioL, qui a délivré de loin, le meilleur concert que j’ai pu voir cette année. FREEZ est un groupe de “Cosmic-Hop” strasbourgeois que j’écoute aussi très régulièrement, et qui intègre des éléments progressifs très novateurs. La dernière claque vient de l’EP de The Mars Chronicles, dans un style plus moderne voire Djent, un idéal de précision et de tranchant avec d’excellentes mises en place rythmiques et mélodiques.

MetalZone : Y a-t-il une sortie d’album que vous attendez avec impatience en 2020 ?

Altesia : Clément : Je crois que The Ocean doit sortir un album cette année. J’avais beaucoup aimé le dernier album alors j’attends le prochain avec impatience, d’autant que c’est la suite du précédent. Il y a aussi Steven Wilson qui va sortir quelque chose. Même si son dernier album, To The Bone, n’a pas fait tout à fait l’unanimité, je salue le courage et l’audace de l’artiste de chercher sans cesse à se renouveler et à proposer une musique toujours aussi intéressante, quel qu’en soit le style. Je ne suis pas trop au courant des sorties qui s’annoncent à vrai dire, mais il y aura de très beaux albums à n’en point douter, et de très belles découvertes, je l’espère !

Henri : Pas vraiment, j’essaye de ne pas être trop dans l’attente, la vie est courte et je ne veux pas la passer à vouloir que le temps passe plus vite ! En général, j’essaie d’éviter de me faire happer par la “hype” et je prend les choses comme elles viennent. Cependant je suis curieux de voir ce que le prochain Nightwish va donner, ça fait un moment qu’on ne les a pas entendus.

MetalZone : Un dernier mot pour vos fans et nos lecteurs ?

Altesia : Clément : Merci pour votre soutien inconditionnel depuis le début. Sur les réseaux sociaux, on sent que ça commence à prendre. On a eu beaucoup de retours, tous très bons et très encourageants. On livre des albums aux quatre coins de la planète et on a de nouveaux fans tous les jours, donc ça nous donne envie de continuer et d’aller à votre rencontre, de jouer un maximum, en France bien sûr mais aussi ailleurs ! Merci pour votre soutien, ce n’est que le début d’une aventure que l’on espère longue !

Altesia – Paragon Circus :

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