Le Festival Beauregard prouve-t-il que le Rock fait son retour dans le courant dominant ?

à 17 h 12 min
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Le Festival Beauregard prouve-t-il que le Rock fait son retour dans le courant dominant ?
© Tetralens

Vous allez vous dire, mais pourquoi ce festival ? Il n’y a même pas de Metal ! Oui c’est clair, nous sommes loin du compte. Par contre, la programmation de l’édition 2022 du festival normand lancé en 2009, comportait quelques artistes Rock, et c’est ce qui a motivé le déplacement. Ce mélange éclectique surprend au premier abord, et on se demande comment Sum 41 et Orelsan peuvent cohabiter et séduire un même public…

Et puis, si l’on prend un peu de recul, il est possible de considérer que ce dosage un peu plus rock du Festival Beauregard soit à l’image d’un regain d’intérêt, même au sein du grand public. Je suis de ceux qui y voient un aspect très positif.

Alors certes, on ne va pas s’imaginer voir cette catégorie de jeunes de 20 ans abreuvée de musique pop/rnb mainstream largement relayée par les radios se mettre subitement à mosher sur un set de Watain. Mais le fait que le rock se glisse dans un festival de ce type augure peut-être d’un rééquilibrage des styles écoutés… Et l’entrain du public sur place tend à me donner raison.

Évidemment, cet article ne s’attardera pas sur les artistes qui ne sont pas de notre registre, nous vous passerons sous silence les plateaux de musique pop, électro ou même rap à l’affiche, mais voir du rock au milieu de tout ça, c’est plutôt cool – non ?

Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)

À mon arrivée sur place, vendredi, juste pour le début du set de Frank Carter and the Rattlesnakes sur la scène principale, j’ai entendu partout parler de la performance de Muse de la veille. Belle, propre, mais sans grand partage avec le public, un peu récitée. Je ne peux pas juger, je n’étais pas là.

Le Festival Beauregard prouve-t-il que le Rock fait son retour dans le courant dominant ?

Le public du festival Beauregard est principalement local, mais pas seulement. Des familles entre autres, mais aussi beaucoup de jeunes festivaliers venus avec des amis. La météo est de notre côté, et les mines sont détendues.

Selon les organisateurs, le festival affiche complet avec 30 000 visiteurs par jour, et la programmation de notre britannique “crowd diver” était un pari un peu fou… mais réussi.

Le Festival Beauregard prouve-t-il que le Rock fait son retour dans le courant dominant ?

En tout cas, je me régale à le capturer, avec son énergie habituelle. Le rockeur en survêtement de velours, et tatouages à l’air, avec ses mimiques expressives, offre au public d’Hérouville-Saint-Clair une bonne leçon de “rock attitude”, bon esprit et décomplexée. La performance est de qualité, super pêchue, et le public est enjoué – particulièrement lors de la phase immersive de Frank. Et le reste du groupe n’est pas en reste… Un beau succès.

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Direction la Scène John, nommée d’après le personnage central fictif John Beauregard, qui représente le fil rouge de l’organisation du festival, et que certains habitués tenteront (en vain) de m’expliquer autour d’une bière.

Le Festival Beauregard prouve-t-il que le Rock fait son retour dans le courant dominant ?

Rival Sons se lance dans sa performance devant un public très enthousiaste. Le groupe de Long Beach séduit par son style, son aisance, et son groove qui donne envie de danser avec des fleurs dans les cheveux comme dans une réminiscence des années 70.

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Je m’éclipse pendant les sets qui, personnellement, auraient tendance à me faire saigner des oreilles (désolée, je suis honnête), et en profite pour découvrir le festival et ses nombreux stands de nourriture et bars, ainsi que l’espace presse très confortable.

En arrivant pour le moment rock suivant, pour la performance de Liam Gallagher, je remarque que le public a grandi en taille. Dès son arrivée sur scène, M. Gallagher ne semble pas au mieux de sa forme, et quitte la scène avec ses musiciens, pour revenir quelques secondes plus tard.

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Pendant que les membres se mettent en place, il inspecte le micro et fait des signes aux techniciens, et fait des commentaires agacés sur un dysfonctionnement du micro – qui fonctionne pourtant très bien.

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Le public s’impatiente, mais la performance commence enfin. Après un premier morceau joué sans grande conviction accompagné de gestes d’agacement, il entame le deuxième morceau, et s’interrompant à nouveau, pour demander l’extinction des lumières.

J’ai dit que je voulais que les lumières soient éteintes ! Où est le gars des lumières ? Merde !

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Les projecteurs sont réduits au minimum et la performance reprend sous les regards embarrassés des musiciens.

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Ambiance mitigée à la fois sur scène, mais surtout dans la foule où le malaise est palpable… Après seulement quelques chansons, il interrompt brutalement sa performance en plein milieu, et quitte la scène sur un coup de tête, devant un public médusé.

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Il quitte même le festival dans la foulée, laissant son équipe sur place… S’ensuit l’annulation de toutes ses performances de l’été, visiblement pour des “raisons médicales”.

Les questions juridiques autour du cachet étaient toujours en suspens à la fin du festival, selon les organisateurs.

Le Britannique est malheureusement fidèle à sa réputation…

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Le lendemain, j’arrive pendant la performance de Fishbach, Pop Rock élégant pour cette artiste française qui distille une touche de synthpop sur certains morceaux.

Mais ce que j’attends le plus, c’est le concert de Skunk Anansie. Après s’être séparé en 2001, le groupe britannique de rock alternatif s’est reformé en 2009. Deborah Dyer aka Skin, la frontwoman et chanteuse très charismatique et ses musiciens donnent une performance au-delà de mes attentes, avec une interaction constante avec le public, un son très propre, et que dire de mon plaisir lors de la performance de Weak, un titre puissant de Paranoid and Sunburnt, le premier album.

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La setlist comprenait également des titres plus récents qui montrent que Skunk Anansie n’a pas dit son dernier mot. On notera les quelques mots de Skin concernant l’actualité américaine sur l’avortement, et qui dédie un de ses titres à la foule féminine, en l’invitant à scander “My body, my choice” [Mon corps, mon choix].

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Retour sur place pour le dernier jour, pendant le set de Ko Ko Mo, duo nantais de rock bluesy psychédélique. Belle surprise, ça bouge vraiment bien, les deux bêtes de scène prennent tout l’espace et embarquent sans difficulté la foule par leur énergie contagieuse !

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Prochaine étape, la performance du groupe français Feu! Chatterton. Bien que j’entende plus l’aspect chanson à texte/pop, il est vrai que la base stylistique est rock. En tout cas, le public n’est pas là par hasard et reprend les paroles de certains titres, et les musiciens ne boudent pas leur plaisir. Ils sont sur scène comme à la maison et se complètent à merveille dans l’ensemble musical.

Le Festival Beauregard prouve-t-il que le Rock fait son retour dans le courant dominant ?

Clôture du festival sur la très belle performance de Sum 41, rock alternatif (un peu métallique quand même). Public très nombreux et ambiance positive, devant les Américains qui n’ont pas perdu leur dynamisme et leur sens de la scène depuis les années 2000. Deryck Whibley est un vrai showman, comme toujours, et Jason McCaslin, Dave Baksh et tous les autres sont à fond dans la performance qui retrace un beau florilège de leur discographie, avec un vent de folie sur In Too Deep.

Le Festival Beauregard prouve-t-il que le Rock fait son retour dans le courant dominant ?

À l’exception de quelques déceptions sur l’attitude de certains festivaliers qui poussaient vraiment beaucoup, et à qui j’ai conseillé un stage dans un festival de metal pour découvrir à quoi ressemble un esprit communautaire bienveillant, je note une très belle organisation pour ce festival éclectique.

Le Festival Beauregard prouve-t-il que le Rock fait son retour dans le courant dominant ?

Bien que je sois restée en retrait pour une partie des performances, j’ai pu constater un succès sur les parties rock du programme, avec des festivaliers très réceptifs.

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À propos de Tetralens

Cet article a été rédigé par Tetralens, qui est également la propriétaire de toutes les photos que vous avez vues ci-dessus.

Tetralens est une photographe basée à Paris. Si vous souhaitez discuter avec elle de son travail et/ou collaborer avec elle, vous trouverez toutes ses informations ci-dessous !

TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.

Tags : Rock