Quand les magiciens du Metal Progressif mélodique ont annoncé cette date, l’émulation m’a semblé prendre instantanément.
La solide fanbase des Suédois était sans surprise au rendez-vous à l’Élysée Montmartre pour cette soirée Base Prod, soutenue par Molybaron, étoile montante du Rock progressif, et Terra, que je découvre ce soir.
Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)
Terra
Devant un public quelque peu clairsemé et dissipé, le quatuor italien monte sur scène et, dès les premières notes, impose sa marque de fabrique. Dans une dynamique construite autour de la batterie et de leur instrumentiste Daniele ‘Zed’ Berretta (également chanteur), dont la précision n’a d’égale que la puissance, se tisse un son à la fois suave et technique, avec des voix chaudes et voilées, des passages saturés et un ensemble où la guitare (Paolo Luciani) répond à merveille à la basse de Stefano Alfonsi et aux voix secondaires qui dessinent des volutes mélancoliques et puissantes.
À noter l’omniprésence des percussions, que tout le monde joue tout au long de la performance, y compris Lorenzo Saponetta (guitare rythmique). J’ai été conquise en seulement deux morceaux. On comprend aisément pourquoi ils se retrouvent à accompagner Soen sur cette tournée.
Du talent, des talents, et un travail d’écriture inspiré, qui se vit en live avec émotion, et se réécoute tout autant en studio. L’album Terra, sorti en 2022, est un vivier de titres forts comme Create Mutate Erase (à la Muse) ou This Scent (à mi-chemin entre Tool et Keane), et le dernier single Walking On Sand, sorti en octobre 2023, mérite amplement le détour.
Un sens aigu du rythme au service de la mélodie. À suivre de près.
Molybaron
Ce groupe à cheval entre le Metal et le rock, à l’empreinte progressive assez dynamique, composé majoritairement de Français, à l’exception de son frontman et chanteur, Gary Kelly, est un très bon choix pour ce line-up. Fondé en 2014, le groupe a véritablement décollé en 2021 avec la sortie de The Mutiny, l’album qui définit l’identité de Molybaron.
Après une année 2022 remplie de festivals tels que le Hellfest (et le Motocultor Festival, où ils m’ont accordé une interview), ils ont continué dans cette voie, avec la sortie de leur album Something Ominous en septembre 2023, et reviennent ce soir aux côtés de Soen pour cette belle soirée.
Après de brèves balances, le groupe franco-irlandais entame sa prestation avec Something Ominous, la chanson-titre de leur dernier album. Une énergie indéniable qui accroche rapidement le public. La présence rythmique de Camille Greneron est centrale, donnant corps à la puissance mélodique de la prestation, et l’implication de Sébastien de Saint-Angel, aussi frénétique que précise, ajoute à l’ensemble, brillamment sublimé par la voix de Gary, notamment sur Animals et Lucifer, deux classiques du groupe.
C’est un plaisir de (re)découvrir Vampires, un excellent titre dont le clip, réalisé par Teddy Masson, ne peut être qu’une réussite. C’est aussi un grand plaisir de découvrir le jeu talentueux du nouveau guitariste Florian Soum, très efficace et démonstratif, même si je regrette le départ de Steven André.
Le set se termine sur une note positive, avec une atmosphère qui se répand dans le public et sur la scène, où les musiciens semblent s’être complètement débarrassés de la légère rigidité de leur début de set.
Setlist :
- Something Ominous
- Set Alight
- Twenty Four Hours
- Animals
- Breakdown
- Lucifer
- Vampires
- Incognito
Soen
Le grand moment est arrivé, la foule est presque en délire, des “Joel !” résonnent ici et là sous les structures de l’Elysée Montmartre. Les musiciens montent sur scène sous l’ovation des fans de longue date et de ceux qui ont été séduits plus récemment par leur dernier album, Memorial, dont l’ampleur semble avoir fait monter d’un cran la cote de popularité des Suédois.
Après une introduction, Soen lance Sincere, un morceau qui figure sur Memorial. C’est la quintessence de la précision technique et de la mélodie propre à Soen. Le chant de Joel Ekelof porte l’ensemble avec grâce, distillant des nappes vaporeuses sur fond de metal progressif incisif. Les musiciens sont parfaitement en phase avec le frontman, offrant un ensemble cohérent nourri par un sens de la poésie dont le metal suédois a le secret.
Le set propose un éventail de titres variés, mettant en valeur de nombreuses facettes de la discographie, et le brio de tous les musiciens, notamment les excellents guitaristes Cody Ford et Lars Enok Åhlund ; ce dernier nous offrant un solo des plus mémorables, d’une rare élégance.
Le reste du spectacle est superbement mis en scène. Je suis très sensible à l’interprétation de Lotus, où je retrouve l’expression musicale que je préfère dans la grande capacité vocale de Joel, à savoir les notes plus médianes, voire graves, où la dimension atmosphérique prend tout son sens, plus encore que sur les vocalises plus aiguës.
Ce titre semblait marquer la fin du concert, mais un rappel permet au public de profiter de trois autres morceaux, dont Violence, qui clôturent la soirée.
Un très beau moment de metal, tissé de mélodie, de précision, d’élégance et de puissance.
Setlist :
- Intro
- Sincere
- Martyrs
- Savia
- Memorial
- Lascivious
- Unbrekable
- Deceiver
- Ideate
- Monarch
- Fortress
- Illusion
- Modesty
- Lotus
Rappel :
- Antagonist
- Jinn/Lunacy
- Violence
À propos de Tetralens
Cet article a été rédigé par Tetralens, qui est également la propriétaire de toutes les photos que vous avez vues ci-dessus.
Tetralens est une photographe basée à Paris. Si vous souhaitez discuter avec elle de son travail et/ou collaborer avec elle, vous trouverez toutes ses informations ci-dessous !
TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.
