Dans une récente interview accordée à BBC Radio, le guitariste de Queen, Brian May, a parlé du 50e anniversaire du groupe, de la mort de Freddie Mercury et de bien d’autres choses encore.
À la question : “Avez-vous toujours cru au groupe depuis le début ?”, Brian May a répondu : “C’est une chose curieuse, il y a plusieurs niveaux. Au niveau supérieur, nous étions des garçons précoces, nous pensions que nous étions meilleurs que tout le monde, et nous pensions qu’il nous fallait juste une chance de percer et que nous allions conquérir le monde”.
“En dessous de ça, il y avait une énorme incertitude parce que nous ne connaissions personne, nous n’avions aucun contact, nous ne pouvions pas obtenir de concerts parce que nous n’avions pas sorti d’album, nous ne pouvions pas faire d’album parce que nous n’avions pas fait assez de concerts…”
“C’est une terrible sorte d’impasse inversée où l’on se dit : ‘Comment diable pouvons-nous faire ça ? Y a-t-il une chance d’y parvenir ?’.”
“Et vous prenez un risque énorme quand vous devenez, mon père avait l’habitude d’appeler ça une ‘pop star’, quand vous décidez que vous allez faire ce truc, c’est un risque énorme parce que les chances que vous échouiez sont énormes.”
“Vous abandonnez donc toute chance d’avoir une vie normale pour cette minuscule chance de percer en tant qu’artiste.”
“Nous avions de grands rêves, mais avec le recul, nous n’étions pas préparés, sauf musicalement. Nous avions nos compositions en main, nous les avions dans la tête et nous avions de grands rêves.”
“Mais, comme je l’ai dit, il y a différents niveaux, parce qu’à un certain niveau, vous vous dites : ‘Oui, on peut le faire’, et à un autre niveau, vous vous dites : ‘Non, c’est impossible, il faut être fou’.”
À propos de Freddie Mercury
“Eh bien, Freddie était à différents niveaux aussi car d’un côté, oui, il a toujours été une rockstar, il chantait à Kensington Market, il se promenait et saluait tous ceux qu’il rencontrait, il était généralement une fleur et très confiant…”
“Il agissait comme s’il était Robert Plant à l’époque et ça ne dérangeait personne parce qu’il avait cette aura. Mais en dessous de ça – non – une insécurité massive, une timidité massive, jusqu’à la fin.”
“Il avait un côté très privé. Il gérait ses insécurités en se construisant comme il voulait être. C’est une créature très personnelle. Si vous enlevez toutes les couches de l’oignon, vous trouverez beaucoup de complexité, qu’il a en grande partie niée, ce qui est intelligent.”
“Les gens lui demandaient : ‘Ta musique est-elle importante, Freddie ?’. Il répondait : ‘Non, je ne pense pas que mes chansons aient de la valeur’. Mais en dessous de ça, oui, bien sûr, il sentait qu’il avait des choses à dire. Et aussi l’obliquité de certaines de ses premières paroles est très fantaisiste, c’est très fées, goules et gobelins…”
“Mais en dessous de ça, même à l’époque, il y avait beaucoup de sens personnel dans ses paroles, je pense. Nous ne parlions pas de ça, nous ne faisions pas ça dans Queen.”
“Mais je suis convaincu que Freddie s’est toujours exprimé de manière assez audacieuse, et qu’à l’intérieur, il y avait une personne très peu sûre d’elle. Mais à l’extérieur, c’était un guerrier, donc il se construisait dans ce sens.”
À propos du biopic de 2018 : Bohemian Rhapsody
“Oui, c’est sûr [il a contribué à toucher une nouvelle génération]. Il y a beaucoup de vérité dans le film, nous n’avons évidemment pas fait le film […] mais nous avons passé des années à regarder des scripts et à essayer de trouver comment rendre justice à Freddie sans l’exagérer et sans fantasmer.”
“Les gars qui ont joué nos rôles étaient incroyables ! Rami [Malek, qui a joué Freddie Mercury] est exceptionnel et Gwilym [Lee, qui a joué Brian May], qui a joué mon rôle, a même trompé mes enfants. Quand ils l’ont vu, ils m’ont dit : ‘C’est toi qui as fait la voix, papa !’, ‘Non, c’est lui qui l’a fait’.”
“Ils sont véritablement devenus de grands amis. Et Graham King, notre producteur, a fait preuve d’un courage exceptionnel en le réalisant également.”
“C’était très difficile, il y a eu toutes sortes de problèmes, y compris le réalisateur qui a complètement déraillé.”
“C’était un incroyable travail d’équipe. Je pense que nous devons beaucoup aux scénaristes – Peter Morgan a écrit la première version, il est aussi le scénariste et le producteur de The Crown, qui est incroyable.”
“Il a parfaitement saisi, à mon avis, le sens du film. Il a dit : ‘Ce film parle de la famille. Le groupe est comme une famille’.”
“L’histoire est que Freddie est un membre de cette famille qui se sent un peu bridé par la famille, il doit s’en détacher et faire ses preuves.”
“Lorsqu’il rejette sa famille, il se rend compte qu’il veut réintégrer celle-ci, mais il ne sait pas comment s’y prendre. Et finalement, la famille se recompose. Et je pense qu’il a raison, et c’est magnifique.”
