| Authenticité | |
| Composition | |
| Production | |
| SUMMARY | 4.7 |
Devin Townsend est un alien, une sorte d’anomalie dans le monde de la musique. En plus de s’être essayé à de nombreux styles avec succès, une profonde sincérité ressort constamment de ses albums.
Devin Townsend en quelques mots
Devin Townsend est un artiste canadien actif depuis 1990. Il (a) fait partie de nombreux projets musicaux tels que Devin Townsend Project, Devin Townsend Band, Strapping Young Lad, ou encore Casualties Of Cool.
Devin a plus de 20 albums studios à son actif, ce qui en fait un des musiciens les plus prolifiques de la scène progressive.
Un projet colossal
Ça fait un bout de temps que Devin tease l’arrivée de ce colossal projet qu’est Empath. Un album qui se veut être sans limite et totalement exubérant. Cet opus est né de l’esprit dingue de Devin. Néanmoins, ce n’est pas la seule personne à apparaître sur le produit final. On retrouve Mike Keneally (Dethklok), Morgan Ågren (Kaipa, Casualties Of Cool), Anup Sastry (ex-Skyharbor, Marty Friedman), Nathan Navarro, Sam Paulicelli alias 66Samus sur YouTube (Decrepit Birth), Elliot Desgagnés (Beneath The Massacre, Conflux), Anneke Van Giersbergen (The Gathering, Devin Townsend Project), Ché Aimee Dorval (Casualties Of Cool), Chad Kroeger (Nickelback), Steve Vai, le colossal orchestre Lords Of The Sound, des chats, des canards, des chèvres, des oiseaux et des baleines. Rien que cette liste devrait vous donner une idée de l’ampleur du projet. Le tout a été capturé et mixé par Devin et Adam “Nolly” Getgood.
Un album sans limites
Devin ne plaisantait pas quand il disait qu’il s’était lâché. Empath est extrêmement expérimental et très progressif. Il explique que c’est un peu son cadeau de crise de milieu de vie, et qu’au lieu de s’acheter une rolex il s’est payé cet album. Plus de 170 000 dollars au total… Ça fait une somme. Empath est un album concept, le sujet : apprendre à ressentir et avoir de la compassion dans une société où l’empathie est considérée comme une faiblesse. L’oeuvre s’ouvre sur une piste d’introduction qui mène à Genesis. Une chanson monstrueuse, pleine d’énergie, qui regorge d’éléments divers et variés. Les choeurs sont incroyables, et on a même droit à un passage disco. Ensuite, arrive Spirits Will Collide, une composition plus lente avec des orchestrations massives. La profondeur du mix est tout de suite mise en évidence et les mélodies sont splendides. On sent que celle-ci sera probablement idéale pour un nouveau live dans une arène.
Une personnalité singulière
Evermore est plus amusante. On apprécie les innombrables couches qui accompagnent la magnifique voix versatile et puissante de Devin. Sprite commence avec une histoire pour enfant assez triste, suivi par une section ambiante avec des falsettos divins. C’est un morceau atmosphérique avec une outro intense qui mène à Hear Me. Hear Me est la chanson la plus brutale de l’opus. De la double pédale, des blast beats, des grosses orchestrations et des leads de guitare frénétiques. Les passages avec la voix d’Anneke contrastent avec les cris surpuissants de Devin qui rappellent l’époque Strapping Young Lad. Le refrain est absolument phénoménal, et rempli d’émotions intenses. La section solo sur le pont, quant à elle, vient d’une autre planète. On a l’impression d’écouter du Rings Of Saturn.
Après cela, on retombe au calme. Why? est une composition symphonique de haut niveau qui évoque une beauté classique pure. La voix de Devin brille et le fait d’y trouver des growls profonds est hilarant. Les arrangements et les harmonies sont folles, et le pont sautillant est sublime. Borderlands est vraiment bizarre. Elle est dotée de nombreux samples déjantés et d’une section ambiante avec un flanger et du chant planant à la Casualties Of Cool. Cette outro procure un sentiment de paix incroyable.
Le travail d’une vie
Requiem est une interlude orchestrale qui mène au dernier morceau intitulé Singularity.
Singularity Part 1 – Adrift
Singularity Part 2 – I Am I
Singularity Part 3 – There Be Monsters
Singularity Part 4 – Curious Gods
Singularity Part 5 – Silicon Scientists
Singularity Part 6 – Here Comes The Sun!
Singularity est une piste colossale en 6 parties. Adrift est une longue intro atmosphérique à la guitare. I am I est plus groovy, et There Be Monsters retombe dans la brutalité avec une section rythmique violente et une ambiance plus sombre. On a même le plaisir d’écouter un breakdown dément en fin de piste. Curious Gods a une aura cotonneuse, une sensation de flotter dans les nuages. Le groupe revient dans Silicon Scientists afin d’accompagner un solo de guitare étrange. Enfin, arrive Here Comes The Sun!, la section qui conclut l’album. C’est une composition avec des polyrythmes brutaux qui soulignent une section mélodique pleine de paix et de chaleur. Une magnifique conclusion. On rencontre la même couleur dans le dernier accord de Here Comes The Sun! que dans l’intro de l’album. Encore un détail sympa venu de Devin, qui ne laisse rien au hasard.
Une oeuvre cathartique
Au final, on sent qu’il ne s’est pas limité lors de la création de Empath, et c’est extrêmement plaisant à écouter. L’album est un voyage sonore aux nombreux détours, il faudra l’écouter beaucoup de fois pour bien comprendre les nombreuses couches dont il est constitué. J’aime utiliser une métaphore culinaire pour mieux comprendre la musique. Empath est un mélange de saveurs incroyables, une sorte de restaurant fusion raffiné avec une palette ultra large et des produits super frais. Ce n’est pas pour tout le monde, parce que si on aime que les pâtes ou les steak frites, on trouvera ça bizarre voire mauvais. Dans le documentaire pour l’album, Devin explique qu’Empath est la meilleure chose qu’il ait faite pour sa carrière musicale et son équilibre émotionnel. Ce qu’il souhaite communiquer est la sensation d’une expérience phénoménale, qui au final n’a pas d’importance, à l’image de la vie. Soutenez Devin Townsend en streamant sa musique, en achetant l’album, des merchs, et en allant le voir en live !
