À quelques jours d’intervalle, j’avais le choix entre deux vétérans des années 80 : Def leppard et (feu) White Lion… cruel dilemme, si on ne peut se résoudre à divorcer totalement de la bande à Joe Elliott ou à enterrer définitivement la bande à Mike Tramp…
Heureusement votre serviteur s’est lancé sur cette épineuse enquête des survivants du hard mélodique des années 80 et vous délivre ses conclusions sur le dixième retour raté des léopards de Sheffield… (je sens bien que je vais pas me faire des potes !)
Tout d’abord, le choix de la pochette du disque : une cage d’escalier délabrée dans un immeuble qui semble en ruines, ça démarre mal pour ces “radicales symphonies”… ou alors un teaser de ce qui attend l’auditeur : une œuvre en décrépitude ? Parfois, un message subliminal transparaît sans que celui qui le délivre en ait vraiment conscience (normalement, c’est l’inverse !).
Malgré les soins intensifs prodigués par le Royal Philharmonic Orchestra, il semblerait que le pronostic vital reste engagé pour nos léopards, qui n’ont jamais été aussi sourds de leur vie, une question d’âge sans doute…
Ce qui handicape cet opus en premier lieu est la longueur excessive de certains morceaux (plus de 5 minutes en moyenne) sans que ces “extensions symphoniques” n’apportent une réelle plus-value aux versions originales : de l’intro inattendue et orientale de “Turn to Dust” à l’interminable intro de 1’50 de” Too Late for Love”, la patience de l’auditeur est mise à rude épreuve, mieux vaut caler un créneau horaire pour l’écoute intégrale. (1h21!)
L’autre écueil de cette proposition philharmonique concerne l’identité même de certains morceaux : si le côté drastique (radical) nous avait échappé, il prend tout son sens ici : par exemple “Pour Some Sugar on Me” se transforme en ballade sirupeuse, chantée à deux voix pas très harmonisées (un comble pour Def Lep !) tellement déstructurée par rapport à l’original qu’il faut bien attendre la fin du refrain pour reconnaître le titre ! La version de “Animal” n’est pas plus convaincante avec ses trompettes et son mini solo final, quant à “Too Late for Love”, si vous avez survécu à l’intro, la suite est définitivement noyée dans un océan de violons, mais qui c’est qui m’a enlevé les guitares ?!
Cette impression que les grands hits ont été “sacrifiés”, passés à la moulinette orchestrale pour ne plus être reconnus est présente tout au long du disque !
Si la volonté des musiciens résidait dans la volonté de “réorchestrer” symphoniquement des morceaux rock, il faut bien reconnaître que le répertoire du groupe s’y prête assez peu : ce qui distingue le style Def Lep c’est surtout les harmonies vocales sur les chorus et la puissance des guitares cristallines, tout ce qui est cruellement absent de cette production… Tous les groupes se sont frottés à cet exercice, avec plus ou moins de réussite, “repenser” ses œuvres pour les marier avec un ensemble à cordes n’est ni une évidence, ni une démarche naturelle (avec tambour et trompettes aussi !).
Étrangement, certains morceaux moins “connus” s’en tirent mieux comme “Paper Sun” ou bien ceux qui ont conservé leur structure originelle, notamment les riffs de guitare comme Hysteria, Gods of War, Bringing on The Heartbreak ou Switch 625, dont l’empreinte philharmonique est moins prégnante, un comble pour ce genre d’œuvre…
Autre point qui paraît problématique, la tracklist : la sélection des morceaux est un peu incongrue, extraits d’albums plutôt médiocres avec notamment “Turn to Dust” du controversé “Slang”, “Love” du piètre “Songs from the sparkle lounge”, “Angels” et “Goodbye for Good This Time” du dernier album transparent, alors que les méga tubes “Photograph”, “Rock of Ages” ou encore “Billy’s got a gun” et “Two Steps Behind” n’y figurent pas !
Le sentiment le plus partagé par les fans de la première heure (comme moi) est la déception ininterrompue depuis plus de 20 ans : Def Leppard seraient-ils restés coincés dans le 20e siècle ?
Mon ami François (si tu nous écoutes ?) me tancerait en répétant “Ça les intéresse pas de refaire ce qu’ils ont déjà fait y a 40 ans !” (Ou alors c’était pour Trust ? Enfin ça marche pour les deux !). Bin, c’est quand même un peu ce qu’on espérait, malgré tout, d’où l’abyssale déception… Walou, bernique… encore loupé, c’est ballot !
Vous l’avez compris, si vous arrivez à surmonter toutes ces réserves et autres mises en garde, vous pourrez apprécier quelques titres, en ayant perdu tout espoir de “reconnaître” les léopards sourds, du moins, ceux qui sont rangés dans votre discothèque jusqu’en 1990.
Au vu du bilan de ce check-up musical, je serais tenté de dire qu’ils se rapprochent dangereusement du “death leppard” (au sens littéral) ce qui n’est pas rassurant pour la suite, s’il devait y en avoir une ?
Néanmoins, si vous êtes adepte du buffet à volonté, si vous privilégiez le dépaysement total, la recherche du bizarre ou de “l’original” au détriment d’une certaine puissance ou si vous gardez le secret espoir de retomber sous le charme de Def Lep, alors ce très long CD est fait pour vous, sinon je vous conseille sans hésitation le dernier White Lion (du coup, c’est sur eux que j’aurais dû écrire la review !) regroupant lui aussi le meilleur du groupe, mais lui totalement réussi (y’a pas un seul violon !) alors qu’une reformation n’est même pas à l’ordre du jour, comme quoi, parfois la vie est mal faite…
Salut Sixxmars013,
Merci pour ton commentaire, en effet certains groupes comme Def Lep ont beaucoup de mal à se réinventer, du coup,ils font : soit des albums de reprises, soit des versions orchestrales soit des lives…. parviendront-ils à retrouver la créativité de leurs débuts, j’en doute, au vu de leur production de ces 20 dernières années mais qui sait ? pour Motley Crue, j’ai un peu lâché l’affaire après Shout at the Devil….
Cordialement
Je crois que la première créativité est révolue, et ce pour plusieurs groupes, je pense (personnellement) qu’un groupe qui a du succès doit continuer de faire ce qu’il fait. (À peu prêt) par exemple AC/DC n’ont pas beaucoup évolué ; mais ils ont la bonne recette, pourquoi la changer ? Certes les sonorités ont changées plusieurs fois, entre High Voltage et Let There Be Rock ou même entre Dirty Deeds Done Dirt Cheap et Powerage il y a un petit écart, puis les changements sont encore plus visibles (audibles) depuis 1980 et Brian Johnson : comme avec Who Made Who par exemple. Tandis qu’Iron Maiden (qui pour moi à toujours été un peu plus que du Metal) ça a toujours était un peu plus dur en compo Maiden, l’influence Blues mixé au classique, tout ça dans des rythmes particuliers, ils ont des chansons qui avaient l’air de sortir d’un autre univers comme : Wasted Years, Phantom Of The Opera, Flight Of Icarus, Run To The Hills ect… Aucuns albums ne sonnent pareils mais pourtant ils savent garder le même ingrédient, la même complexité quand ils se réinventent.
Pour le Crüe, tente tout de même “Girls, Girls, Girls” ; “Theater Of Pain” n’est pas forcément mon préféré… puis il faut faire abstraction des ballades mais “Dr.Feelgood” est un très bon album rien que pour Kickstart My Heart et la chanson du même nom. J’aime beaucoup Mick Mars (surtout en Live) dans la tournée de 2016, à L.A le solo de Home Sweet Home à une tournure épique, le Solo si brutal de Dr.Feelgood et Kickstart My Heart en Live …
Cela fait déjà quelques années que Def Leppard cherche à se réinventer, mais sans succès…
Un groupe majeure comme celui-ci dans le Heavy/Glam qui passe à ce genre d’album montre clairement une envie de changement.
Il y a déjà quelques années maintenant (je ne sais plus vraiment quand) ils avaient repris “Personal Jesus” qui est déjà un massacre en soi, mais leur version était pire. Je te rejoins sur la pochette, on est loin de leurs belles pochettes.
Même leure tournée avec Mötley Crüe est fade (comme celle du Crüe d’ailleurs) étant un grand fan de Mick Mars je suis déçu évidemment, mais aussi déçu du comportement de Sixx quoiqu’il arrive, n’importe de qui a raisons, cette tournée comporte désormais un groupe fade à la recherche de nouveau, et un groupe prostituée prêt à tout pour vendre.
Malheureusement certains groupes voulant se renouveler n’y parvienne pas : Def Leppard, Metallica, Deep Purple ect… mais d’autres ont réussi comme Saxon par exemple, j’aime beaucoup leurs albums des années 2000. Mais Def Leppard n’a pas réussi, peut-on toujours croire qu’ils y arriveront ? J’espère en tout cas, c’est un très bon groupe.
Très bonne review en tout cas.
Je suis d’accord toi, ce qui fait le succès d’un groupe c’est avant tout son “style”, un mélange de son et la manière de composer des morceaux…si le groupe “évolue” un peu trop en s’éloignant de ses origines,il prend le risque de n’être plus “reconnu” et de perdre beaucoup de son identité, ( n’étant plus identifiable, il se noie dans la masse des autres groupes) le plus difficile reste de “garder”son style en faisant “évoluer” à la marge le son en conservant l’esprit du début…. pour Motley, c’est promis, j’irai jeter une oreille et regarder le doc sur la tournée dont on dit qu’il est super….