Side 3

Ganafoul
Side 3

Review de , le

C’était comme si un fantôme du passé ressurgissait devant mes yeux : vous savez le vieux truc oublié, enterré, cadenassé au fond d’une malle perdue au fond d’un grenier, voilà ce que j’ai ressenti quand j’ai lu “nouvel album du groupe Ganafoul en mai 2023″… Ganafoul ? Mon Ganafoul ? Le même que celui que j’ai vu en 1979 à la salle des fêtes de Mende ?

À l’évidence, j’étais victime d’une faille spatio-temporelle : impossible qu’un groupe aussi ancien ait survécu aussi longtemps, survécu à cette salle des fêtes lozérienne, aux mastodontes des 80’s et à tous leurs successeurs et même à la relégation en division d’honneur dans les années 90 !

Comment un tel miracle avait-il pu se produire, compte-tenu de la distance entre Mende et Lourdes, aucun espoir d’une intervention divine, à la sauce Bernadette…

On est loin du retour en mode Walking Dead mais j’avoue que je n’ai reconnu personne sur la photo de 2023, à vrai dire, les seules images à ma disposition sont sur les pochettes des 33t, ça aide pas beaucoup pour la reconnaissance faciale après un vieillissement de 44 ans !

Plusieurs articles de presse évoquent une reformation il y a quelques années déjà mais c’est ce “presque nouveau CD” (dont je ne parlerai pas !) qui marque leur retour sur la scène, espace privilégié pour ce combo originaire de Gisors…

Du coup, j’ai fouillé dans le meuble de la chaîne stéréo (comme on disait en ce temps-là !) et j’ai ressorti le vinyle de Ganafoul, le dernier que j’ai acheté, à savoir “Side 3″sorti en 1979…

Un matin, sans que tu t’y attendes, tu déplies un paquet et d’un coup ton adolescence t’explose au visage tel un facehugger sournois et tu te fais embarquer dans ce tourbillon délicieux du temps où tout était facile et où tu découvrais le monde !

C’est un pote du bahut qui m’a fait écouter Ganafoul pour la première fois et si j’avais quelques réserves au début, j’ai vite adopté ce trio français, fondé en 1974, qui chantait en anglais, plus pour très longtemps d’ailleurs…

Side 3 est le dernier disque studio du groupe en version anglaise, les maisons de disques avaient décidé qu’il fallait s’exprimer dans la langue de Molière, (Téléphone et Trust étaient passés par là !) c’était le temps des quotas de chansons diffusées en radio, et où l’on combattait “l’anglo-saxon”, comme au temps des rois de France… ironie du sort, l’album suivant, sorti en 1981 en langue française, au titre prémonitoire “T’as bien failli crever” signera la fin du groupe, jusqu’à cette résurrection récente…

Bref, c’est avec “Bad Street Boy” (mauvais garçon de la rue !) que le plongeon commence et instantanément les accords et la mélodie me reviennent, comme s’ils avaient toujours été là, à m’attendre tranquillement, comme s’ils savaient que je reviendrais, même malgré moi, comme un retour aux sources…

C’est un bon Hard-rock, mélodique et teinté de blues, celui que tu apprends sur ta guitare sèche parce que t’as pas les ronds pour une électrique, et la voix de Jack Bon, chanteur et unique guitariste, chaude et reconnaissable immédiatement, sans artifices, ici on fait dans la simplicité et dans l’authentique…

Après le mid-tempo mélodique, on attaque dans le boogie rock nerveux “Low Down Inside”, fortement inspiré par AC/DC, batterie qui claque et solo percutant, un titre qui donne envie de taper du pied et qui déchaîne le public avec ses “Hoy!” scandés en intro et au final… (je le sais bien, j’y étais – dans le public – !)

Ganafoul a fait la première partie des australiens à une époque où les Young n’étaient pas encore des superstars, je sais, ça date pas d’hier !

Avec “Don’t Come In”, on a affaire à une composition très typique du groupe qui démarre sur un rythme bluesy assez calme pour enchaîner sur un solo très Floydien et toujours la voix de Jack, soutenue par un piano discret, du Ganafoul pur jus ! À noter très peu d’overdubs, la guitare est souvent seule et fait tout le boulot…

“After All Those Days” conclut la première face de cette galette, avec un beau travail du batteur sur une mélodie rock’n’roll, un peu dans l’esprit du son de “Dirty Deeds” d’ACDC dont on devine l’influence, mais c’est pas pour nous déplaire…

La face B débute avec “Sometimes” (sorti en single) où le groupe succombe à la mode de la rythmique reggae (comme Scorpions sur “Is there Anybody there”), calibré pour le passage radio, solo tout en finesse, avec son refrain saturé et la batterie en cavalcade, c’est carré, c’est frais, non ça n’est pas du fromage…

Le Boogie-Rock reprend ses droits et l’on sent l’ombre de Status Quo planer sur “I’ve got it Bad” et “I never Get enough”, sans fioritures mais toujours sans concession…

L’autre single “Push and Pull” plus anecdotique ne fait toutefois pas tâche dans cette production, mise en boîte au célèbre château d’Hérouville…

J’ai gardé l’énigmatique (au moins dans le titre) “Door 105” pour la fin, dans lequel s’exprime tout le talent de Jack, qui pratique la slide guitare avec une aisance et une fluidité naturelle, voilà un morceau que n’aurait pas renié ZZ Top tant on sent l’influence des barbus dans les accords et l’intonation de Jack !

Malheureusement pour Ganafoul, à l’heure où la bande à Billy Gibbons allait conquérir le monde avec Eliminator, notre trio rhodanien allait définitivement baisser le rideau…

Évidemment (tiens ça me rappelle une chanson ?), on pourra toujours reprocher une production un peu surannée, mais c’était l’ère de l’analogique, pas de masters digitaux, que du brut, du fait-maison, sans doute la version la plus pure du Rock, presque de l’artisanat…

Il va sans dire que cette review fera sourire les vieux qu’ont de l’âge (je sais, elle est facile !) et intriguera peut-être les plus jeunes, néanmoins il faut rendre hommage à ce groupe qui existait bien avant Trust, mais qui lui, n’a jamais dévié de son boogie-blues-rock, un power trio qui n’avait rien à envier aux texans de ZZ Top, qui tenait la distance face à Téléphone, capable d’honorer la première partie d’AC/DC et qui a enchanté mon adolescence.

Tel un phœnix renaissant sans cesse de ses cendres mal éteintes, survivants du monde d’avant, qui n’a jamais connu l’âge d’or du Hard-rock, revoilà Ganafoul les gars (nafoul!), ça va chauffer, qu’on se le dise !

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2 Commentaires

  1. Super groupe, que j’ai moi aussi découvert par hasard dans une échoppe de disques ! Quelle claque !!! Ils n’avaient en effet rien à envier à Téléphone ou à Trust… J’aurais bien aimé vivre cette belle époque… Je n’ai “que” 43 ans 😂! 🤘🤘

    1. Salut Médius,
      Pas de panique, Ganafoul revient sur le devant de la scène avec un album “Roll On”, sorte de compilation best-of remixée avec des inédits depuis le début du mois, à priori,ils seront sans doute en tournée , histoire de vérifier qu’ils ont toujours le feu sacré !!
      Cordialement

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