“Une naissance en bonne et due forme” : Death Whore passe à la vitesse supérieure avec Blood Washes Everything Away

à 12h02
Lecture 8 min.
“Une naissance en bonne et due forme” : Death Whore passe à la vitesse supérieure avec Blood Washes Everything Away
© Death Whore (Presse)

Le trio français Death Whore s’apprête à sortir son tout premier album, Blood Washes Everything Away, le 16 mai 2025. Dans cette interview exclusive pour MetalZone, Fabien – guitariste, chanteur et fondateur du groupe – revient sur la genèse du projet, ses influences, le choix des labels, la composition en trio et les ambitions du groupe.

Comment le processus de création de l’album a démarré ? Qu’est-ce qui a donné l’impulsion au projet ?

Pour remettre les choses dans leur contexte, le groupe est né fin 2019, juste avant la pandémie pendant laquelle on a sorti un premier EP en 2020 ; puis on a sorti un second EP, Total Teutonic Torso en 2022. Chacun a un line-up différent : le premier avec Thomas à la guitare et Pat à la basse, et le second pour marquer l’arrivée d’Antoine à la basse et de notre formation en power trio !

Il s’agissait d’étapes importantes pour le groupe : on a pu affiner notre style, nos envies… On a préparé Death Whore à sa vraie naissance en quelque sorte ! Et cette naissance, on a voulu la matérialiser avec un album. On a chacun des visions personnelles de la musique, mais pour nous trois, le fait de sortir un album est symbolique, ça marque une étape dans la vie d’un groupe.

À un moment, en trouvant notre équilibre à trois, on a commencé à créer des morceaux, à les répéter, à en jouer certains en live… Et à un moment on s’est senti prêt à mettre ça sur disque, tout simplement : ça coulait de source !

Tu composes la majorité des morceaux. Quels sont les artistes ou albums qui restent des références absolues pour toi ?

On va dire que je donne la ligne directrice des compositions, je compose les riffs, un squelette de morceau que j’envoie à Antoine et Gorgor, notre batteur. Et eux ont carte blanche pour mettre la chair sur ce squelette et on façonne et arrange tout ça ensemble !

C’est justement ce que j’apprécie le plus dans ce genre de formations à 3 : chacun a vraiment la place de s’exprimer car tous les éléments sont vitaux. C’est simple et il n’y a pas de triche, c’est sans filets. À mon sens, je trouve que ça renforce la communication musicale entre nous, ça nous laisse beaucoup de liberté !

Même si leur influence sur notre musique n’est pas évidente, j’ai toujours regardé avec beaucoup d’admiration des groupes comme ZZ Top, Motörhead, Celtic Frost, Sleep ou The Melvins, qui sont tous des trios en plus d’être des groupes qui donnent ce sentiment de liberté.

En ce qui concerne Death Whore, mes albums-références absolus sont Formulas Fatal to The Flesh de Morbid Angel, Broken Glass de Crowbar, ou encore Undisputed Attitude de Slayer, qui a été ma porte d’entrée pour le hardcore-punk. Je pense qu’il y a des dizaines d’autres groupes comme Buzzoven, Dystopia, Bolt Thrower, Terror, Minor Threat, T.S.O.L, D.R.I… qui ont forgé mes goûts et influencent directement Death Whore.

Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ?

En ce moment même, j’écoute le premier album de Carnivore (encore un trio), groupe avec Peter Steele précédant Type O Negative ! J’adore chez eux cette façon de faire le pont entre le punk et le metal, tout en ayant des morceaux super bien écrits et mémorables. Et il y a cet humour provoc’ à faire grincer les dents, j’adore !

Dans Death Whore, même si les thèmes sont centrés sur la claustrophobie des systèmes capitalistes et la lutte des classes, il y a très souvent une forte dose d’ironie et d’humour. Un peu le ton que pouvait utiliser [l’écrivain irlandais] Samuel Beckett (avec beaucoup plus de talent évidemment), qui est une référence absolue pour moi.

Récemment, j’ai beaucoup aimé le dernier album d’Imperial Triumphant. Ma préférence va à Alphaville, mais j’apprécie qu’ils aient tenté un disque un peu plus léger. J’ai aussi adoré le nouvel album de Ingrown : du metal hardcore ultra efficace et brutal, sans fioriture.

Mais le plus marquant reste la collaboration entre The Body et Intensive Care, Was I Good Enough? ; ce disque est incroyable. Si je cherche à être mis mal à l’aise ou transcendé, c’est dans ces sons extrêmes que je vais. Et sinon, je me suis refait toute la discographie de Thin Lizzy récemment. Pas un seul faux pas. Pareil avec Godflesh, qui tourne constamment chez moi.

Pourquoi avoir choisi de sortir l’album via plusieurs labels différents ?

C’était important de collaborer avec Duality Records et Specific Recordings, qui nous soutiennent depuis le début. Puis, avoir plus de labels permettait de toucher plusieurs scènes et rencontrer des gens aussi passionnés que nous. Crypt of Dr. Gore et Hecatombe Records sont de vrais activistes de la scène.

J’ai ajouté aussi mon propre label, No Good To Anyone Productions. J’ai toujours tenu à participer directement à la sortie de mes projets, et défendre ce qu’on fait par tous les moyens possibles. Le DIY est une valeur fondamentale pour moi, que j’admire profondément dans la scène punk.

Quels sont vos plans pour la sortie de l’album ?

On va défendre Blood Washes Everything Away par tous les moyens possibles. J’ai hâte de jouer l’album en concert, c’est là qu’on s’amuse le plus ! Le côté hybride du groupe nous permet de jouer aussi bien dans des scènes death metal que hardcore, grind ou sludge. Et à chaque fois, on est super bien accueillis. Et bien sûr, on continue de composer !

Est-ce qu’il y a un travail particulier autour de la technique vocale sur cet album ?

Sur les premiers EPs, j’essayais d’adapter ma voix à la musique, avec un style plus scandé et crié. Sur l’album, on a trouvé notre identité sonore, un mélange de death, de crust-punk et de sludge. J’ai donc travaillé une voix plus instinctive, plus naturelle pour moi.

Je n’ai pas une voix très grave, donc c’est parti vers des sonorités à la John Tardy ou Martin Van Drunen, sans leur ressembler. Et puis on entend aussi la voix d’Antoine, très à l’aise dans les gros growls et les aigus, ainsi que celle de Gorgor qui est une sorte de cri primal.

Même chose pour les instruments : le son de guitare est graveleux, “fuzzy”, adapté à ma façon de jouer. Et eux ont suivi la même logique pour la basse et la batterie.

© Death Whore (Presse)

L’arrivée d’Antoine à la basse a-t-elle eu un impact sur le groupe ?

Bien sûr ! Être en trio nous pousse à nous affirmer, chacun apporte énormément. Antoine et Gorgor sont deux des meilleurs musiciens avec qui j’ai joué. Antoine a vraiment scellé l’identité de Death Whore. Ses lignes de basse sont intéressantes même seules !

Ils participent tous les deux aux compos, au son… et ils forment une section rythmique ultra créative et perfectionniste. Donc oui, son arrivée a eu un impact déterminant.

Une anecdote marquante pendant la création de l’album ?

On a longuement testé les morceaux en répète et en live. 12 Worm Wounds et Noyé Dans Le Sang ont été joués pendant presque un an avant l’enregistrement. On testait des breaks, observait les réactions du public… Et parfois je chantais même en yahourt !

L’album a été enregistré et mixé en interne par Gorgor, puis masterisé par James Plotkin (Khanate, O.L.D., Scorn…). Et la pochette a été réalisée par Ethan Lee McCarthy de Primitive Man. Tout ça, encore dans une logique DIY totale.

Un dernier mot pour les fans et les lecteurs ?

Un grand merci si vous êtes arrivés jusque là ! J’espère ne pas avoir été trop bavard. Si vous voulez nous soutenir, venez nous voir en live : on joue fort et on essaie de faire vibrer les murs. Et écoutez, partagez nos morceaux si vous les aimez !

Plus d'actus sur Death Whore
L'actu Death Metal