Un bluesman Johnny Winter ? Oui, mais pas que comme en témoigne ce redoutable album. Johnny Winter, albinos au corps recouvert de tatouages, était considéré comme l’un des meilleurs joueurs de blues au monde lorsqu’il était au sommet de sa carrière. Sa silhouette fragile, presque brisée, contrastait sur scène avec une voix rauque, toute en force. Il perça en 1968 grâce au magazine “Rolling Stones” qui publia : “Imaginez un albinos qui louche et pèse 65 kilos, jouant de la guitare extraordinairement coupante, et en balançant des longs cheveux”. Voilà pour la petite présentation du personnage.

En 1971, Winter sort un live, son premier, enregistré durant la tournée de Johnny Winter And, au cours de deux shows : un au Fillmore East à New-York, et un au Pirate’s World en Floride. Ici, le guitariste décharné s’adonne à un Rock And Roll foutrement couillu et sanguin. Cet opus est souvent cité comme l’album live de référence de la carrière de Winter. De cette performance, on ne peut qu’être frappé par l’osmose entre Winter et Derringer (son guitariste rythmique), et surtout de l’incroyable virtuosité dont les deux faisaient preuve à l’époque.

L’album démarre avec le classique “Good Morning Little School Girl”, puis est repris un titre de BB King, “It’s My Own Fault”. Une version de plus de dix minutes où Winter étale toute sa classe et sa virtuosité. Il se raconte que BB King himself fut impressionné par cette interprétation explosive. Le groupe enchaîne imparablement sur “Jumpin’ Jack Flash” comme s’il avait le diable à ses trousses. Puis vient le medley de classiques du Rock And Roll où, curieusement, ce sont des pianistes qui sont mis à l’honneur avec deux titres de Jerry Lee Lewis (Great Balls Of Fire et Whole Lotta Shakin’ Goin’ On) et un de Little Richard (Long Tall Sally). Dans “Mean Town Blues”, Rick Derringer dépasse de loin son rôle de simple guitariste rythmique. L’album se clôt avec une reprise féroce du “Johnny B. Goode” de Chuck Berry.

Pourtant, cet album, aussi réussi soit-il, a un défaut de taille : il est très court, trop court. Malgré sa brièveté, ce live reste une pièce essentielle et mérite d’être découvert ou redécouvert par toutes les générations. Malheureusement, Johnny Winter ne retrouvera jamais pareil état de grâce, sombrant dans les drogues avant de refaire surface les griffes un peu limées. Il nous a quittés le 16 juillet 2014.

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