Korn
Requiem

Avouons-le, le premier album post-confinement de chaque artiste est désormais accompagné d’une curiosité toute légitime qui résonne en chacun de nous avec ce “comment on-t’il mis à profit tout ce temps libre?”.

C’est une petite machine à fantasmes qui se met doucement en place dans l’esprit de chaque fan “et si justement ils avaient pû profiter de ce temps pour prendre du recul, retrouver l’excitation de la composition, retrouver un souffle nouveau, une nouvelle inspiration, le plaisir de jouer”, que ce soit pour KoRn ou pour tout autre groupe ayant plus de 25 ans de carrière, chacun caresse ce rêve en secret sans trop l’entretenir, de peur de devoir affronter une déception encore plus brutale.

Mais pour KoRn avec la fragilité psychologique de ses membres, qui luttent tous chacun à leur niveau contre leurs démons, et après un The Nothing marqué par le deuil on pouvait sérieusement s’attendre à tout. D’ailleurs en juin 2021 leur bassiste Fieldy, bien que compositeur sur ce nouvel album, à fait part de sa décision de s’éloigner du groupe pour justement se recentrer sur ses problèmes afin de ne pas les voir causer des dégâts chez ses potes de KoRn. Pour ce nouvel album les californiens se sont attachés les services du producteur Chris Collier afin d’offrir un son moins lisse permis par un enregistrement analogique. A l’ancienne donc, sans tomber dans une logique de rétroviseur du “c’était mieux avant” l’écoute de Requiem est vraiment très agréable pour les oreilles et semble lancé dès le départ le groupe sur de bon rails côté sonore. Après le bienvenu Serenity of Suffering et le solide The Nothing, les KoRn allaient-ils continuer sur leur nouvel élan? Requiem est désormais là, alors, avons-nous eu raison de rêver?

“Less is more” voilà ce qui a dû animer Davis et sa bande en composant Requiem. Seulement 9 titres au compteur ce qui le place directement comme l’album le plus court de leur discographie. C’est compact, efficace et inspiré, voilà ce qui pourrait résumer la première écoute du disque. Pas de remplissage mais pas de grosses claques non plus. On fait face à un bloc fluide de qualité qui ne perds jamais en intensité. On y retourne donc avec plaisir, apprenant à découvrir un album dans sa globalité et non uniquement certains de ses titres. Comme un livre, chaque titre de Requiem est un chapitre qui nous happe dans une lecteur au plaisir constant.

“Let the dark do the rest” vous fera headbanger avec son riffs ravageur tandis que la mélodie émotionnelle de “The Disconnect” sublime le plaisir retrouvé de Davis au chant. “Hopeless and Beaten” vous remettra directement dans le sens heavy du disque avec un chant parfois proche du death sans laisser de côté l’aspect mélodique finalement très présent sur l’album. Chaque piste est un nouveau bonbon à découvrir mais “Worst is on his way” qui clôture l’album viendra raviver la flamme d’un certain Freak on a Leash par sa sonorité, et quoi de mieux que de garder le meilleur pour la fin, entre force et douceur, la crème kornéenne de ce fin d’album est un pur plaisir qui vous fera repartir pour une nouvelle écoute.

En conclusion, Requiem est un très bon album, court mais sans déchet, qui manque sûrement d’un ou deux très gros titres pour le propulser dans une autre dimension mais soyons honnête, après 28 ans de carrière combien de groupe de métal peuvent encore sortir des albums de cet qualité? Très peu. Difficile de conseiller un titre plus qu’un autre, ce sera selon vos affinités mais en revanche, et c’est bien là force de Requiem, l’écoute de l’album dans son intégralité est à faire sans hésitation.

Et si Jonathan Davis confiera que “c’était l’une des meilleures expériences d’enregistrement que j’ai jamais eues” nous pouvons dire que c’est une des meilleurs écoutes d’album de KoRn depuis bien 15 ans. Au milieu d’une production très intense dans le milieu du métal Requiem est une valeur sûre et un des albums de ce début d’année 2022.