Cette sixième édition du petit festival organisé par Rage Tour, en Vendée, était en substance, le report de la programmation de 2020 à laquelle a été ajoutée une troisième journée.
Les maîtres de cérémonie n’étaient autres que Tagada Jones, le groupe français que l’on ne présente plus.
Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)
Vendredi
Le coup d’envoi a été donné le vendredi soir avec un programme plutôt éclectique, dans une ambiance de grande fête entre amis.
L’entrée en matière se fait devant un public qui s’est déjà visiblement mis dans le bain (de bière), avec le groupe Moscow Death Brigade, un collectif russe qui envoie un son hip-hop mélangé à du Punk Rock sur des thèmes qui lui sont propres, avec des messages antifascistes et anti-guerre et un discours d’égalité pour tous. Ils ont montré une belle présence scénique même si le décor est assez minimaliste.
Après cette mise en jambe aux accents internationaux, c’est le groupe de punk rock français Black Bomb A, guidé par Poun, qui a entraîné la foule dans une ambiance folle teintée de bonne humeur, sur ses titres emblématiques comme Bulletproof et a généré une première vague de crowd surfing sur des textes engagés que l’on connaît bien. Une très belle énergie qui rassemble les métalleux de tous bords. La belle connexion avec le public a été illustrée notamment par une partie du spectacle réalisée à bout de bras des spectateurs.
Le voyage musical de la soirée s’est poursuivi avec le groupe australien The Rumjacks, dans une ambiance résolument Saint-Patrick, nous enivrant de son punk rock enrichi de feadóg, ou flûte irlandaise métallique, et de sons folkloriques celtiques comme sur le titre mondialement connu An Irish Pub Song. Il ne manquait plus que les drapeaux verts et quelques pintes débordantes (mais on en a vu quelques-unes !) pour une immersion irlandaise totale sur fond de sonorités très originales.
Après une pause à l’extérieur, où les esprits s’échauffent aussi vite que les verres se vident, mais sous l’œil bienveillant d’une équipe de sécurité et d’une organisation sans faille, nous passons à la performance des Tambours du Bronx. Les clameurs ont accompagné le collectif dès son entrée sur scène et c’est une performance d’une grande puissance qui a mis le feu a l’espace René Cassin de Fontenay-le-Comte. Au passage, très bel espace pour cette petite ville accueillante !
Le groupe français de renommée mondiale, créé en 1987 dans la Nièvre, qui a pris, depuis l’album W.O.M.P., un tournant Metal, est loin d’avoir quelque chose à prouver. Et ce fut un plaisir non dissimulé dans la salle de vibrer sur le son lourd de cette performance puissante. Le groupe a fait preuve d’une réelle précision musicale mais ne s’est pas interdit un peu de second degré. Un des anciens nous a “montré la lune” entre deux titres, visiblement une tradition scénique du groupe qui amuse beaucoup le public.
La soirée s’est terminée par une performance des Ramoneurs de Menhirs, un groupe de punk à consonance bretonne avec une installation scénique très minimaliste. Les musiciens et leur valise d’instruments divers, dont bombarde et biniou, ont dédié la soirée à tous les punks à chats ! Beaucoup ayant laissé libre cours à l’envie de se saouler un peu, un peu trop tôt, la soirée s’est terminée par quelques slams illustrés par des corps dégingandés sur une ambiance un peu molle.
Samedi
C’est avec un peu moins d’enthousiasme que les festivaliers ont émergé et se sont présentés dans la salle, devant les barrières de sécurité, pour le lancement de la soirée du samedi. Après quelques échanges avec les campeurs du festival, il semble que les excès d’alcool aient laissé place au partage sympathique de jeux collectifs locaux dans l’après-midi, avant le retour du gros son. Le personnel d’accueil était toujours souriant et au-delà du programme et d’un beau panel de stands de restauration variés, c’est un festival où il fait bon passer du temps.
Les festivités ont repris avec le groupe français de Rock garage frais et vivant Toybloid, formé en 2007, composé d’un batteur et de deux filles instrumentistes qui se partagent le chant, mais aussi les shorts à paillettes, les tops vintage et le talent ! Elles ont joué un panel dynamique de leur album éponyme sorti en 2016 pour nous mettre sur les rails de cette deuxième soirée.
La performance suivante a été assurée par Cachemire, un groupe de rock vendéen, résolument français, francophone et fier de l’être ! Je ne les connaissais pas, mais ces gars ont une énergie incroyable ! Ayant depuis leur premier album en 2015 recueilli les suffrages de pas mal de monde, ils ont sans doute réveillé un public jusque-là encore un peu en demi-teinte, notamment avec les titres de leur dernier opus sorti en 2022, Dernier Essai.
Seb, Freddy, Sven et Farid sont comme les mousquetaires du riff, et le chanteur, tel d’Artagnan, n’hésite pas à provoquer le public avec une pointe d’insolence, encourageant à laisser tomber les portables et à plonger au cœur de la musique, à profiter du moment !
Prochaine destination, toujours française, Sidilarsen, qui rime avec bêtes de scène ! Le groupe toulousain qui officie depuis 1997 avec une belle collection d’albums à son actif, dont le très bon On Va Tous Crever de 2019, a fait vibrer la scène et les oreilles, et le public n’a pas manqué cette combinaison unique de metal industriel / Nu Metal où puissance instrumentale et textes humanistes rageurs ont donné naissance à l’un des plus beaux moments du week-end. Sylvain et sa basse ont également honoré le public d’un beau slam musical !
Dans une ambiance toujours aussi folle, c’est avec Les Wampas que le reste de la soirée a pris des accents plus festifs et légers. Comme à son habitude, Didier prend possession des lieux de manière incomparable, et conquis ou non par les thèmes des chansons. On ne peut faire autrement que d’entrer dans le jeu de cette très belle performance, tant musicale, notamment avec le très beau jeu d’Effelo à la guitare, que scénique, avec un frontman toujours aussi déjanté qui plonge dans la foule avec une fougue non dissimulée.
Pour clôturer cette deuxième journée de festivités, nul autre que Tagada Jones ! Les rennais, avec leur punk metal engagé, toujours aussi affuté, ne font clairement pas leurs 20 ans de scène ! Un Niko très investi dans la performance, au chant furieux, a embarqué le public, avec ses compagnons de scène tout aussi énergiques, dans une succession de textes virulents, comme un road trip à travers des extraits de leurs dix albums. Un petit mot au milieu du set pour saluer le travail de toute l’équipe de Rage Tour sur l’organisation de ce festival.
Dimanche
En ce jour de clôture de l’événement (initialement prévu sur deux jours), on se prépare pour le round supplémentaire ajouté pour 2022, et avec impatience pour ma part donné le programme.
En début de soirée dimanche, alors que l’organisation avait remballé la plupart des stands extérieurs, réduit le périmètre de la salle, rapatrié à l’intérieur les stands de merchandising, et plié toutes les tables et chaises, c’est une population plus réduite que nous avons vu affluer à un rythme moins soutenu avant le coup d’envoi du premier set. Une population un peu différente des soirées précédentes, présente plus pour la qualité des groupes à l’affiche que pour l’ambiance festive.
La soirée a commencé avec le bien nommé The Baboon Show. Le groupe suédois est une étrange combinaison d’une chanteuse post-punk piquante et pleine de ressort, d’un bassiste aux cheveux bleus ayant un air d’Alissa White Gluz, d’un batteur portant un chapeau militaire et d’un guitariste au look vintage nonchalant. Bien que la salle ne soit pas encore pleine à ce moment-là, rien n’arrête Cecilia Bostrom dans ses pitreries continues qui font que la scène semble trop petite pour son charisme.
Avant d’apprécier la performance suivante, un petit séjour au bar s’impose, l’interlude étant un peu plus long que prévu.
Les esprits s’échauffent un peu lorsque le collectif moldave de nu metal / Metal Alternatif, Infected Rain, mené par la très iconique chanteuse Lena, s’approche de la scène.
C’est avec beaucoup de vitalité que le groupe formé en 2008 a interprété des morceaux de l’ensemble de son catalogue composé de cinq opus, bien que représentant particulièrement le dernier, Ecdysis. Le groupe a prouvé une fois de plus la qualité de ses compositions et sa capacité à nous emmener dans son univers musical, à travers une très belle performance où l’équilibre entre chaque musicien est parfaitement maîtrisé (bien que Lena nous envoûte par la richesse de son registre vocal, en puissance et en nuances).
La soirée s’est poursuivie avec le très attendu Dagoba, qui a fait un détour sur le chemin de sa tournée. Les Marseillais ont interprété les premiers morceaux dans une obscurité où il était difficile de distinguer Shawter, Kawa et les autres. Néanmoins, la luminosité a augmenté tout au long de la performance, et le public présent a montré par une forte implication, notamment lors de l’interprétation de quelques titres de By Night (sorti en février 2022), l’accueil positif réservé au dernier album du groupe.
Sans aucun doute, c’est la performance suivante qui a créé la plus grande surprise dans le public, du moins pour ceux qui ne les connaissaient pas ! Il s’agit des incroyables showmen allemands d’Electric Callboy (anciennement Eskimo Callboy), qui ont livré leur Post-Hardcore / Metalcore décomplexé, enrichi d’électro, devant un public de métalleux comblés ou médusés. Au-delà du lancement du set sur l’emblématique Pump it, interprété bien sûr avec des panoplies de fausses moustaches, perruques, et looks 80’s à base d’accessoires fluo, qui illustre très bien la marque de fabrique du groupe (le second degré et l’humour décalé), ne soyez pas dupes : le côté parodique n’efface pas la qualité du jeu et la grande précision des musiciens !
Pour conclure cette soirée et ce festival dont nous saluons l’organisation, Fontenay-le-Compte a accueilli Shaârghot, groupe de metal industriel/électro aux influences cyber punk. Shaârghot n’est pas seulement un ovni de la scène metal française avec une signature musicale unique, c’est la mise en place d’un univers, d’une esthétique, d’une histoire. Cette nuit-là, Shaârghot, mené par Étienne Bianci au chant, s’était échappé de sa cité-ruche et était accompagné de ses “shadows” (album sorti en 2019), pour nous raconter l’histoire musicale de leur monde post-apocalyptique.
Le festival s’est clôturé sur cette performance de l’ordre de l’immersion totale, dans ce monde sombre auquel la majorité du public s’est consacré avec plaisir, y compris lors du traditionnel badigeonnage à la peinture noire des spectateurs…
À propos de Tetralens
Cet article a été rédigé par Tetralens, qui est également la propriétaire de toutes les photos que vous avez vues ci-dessus.
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TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.