Concert d'anthologie, Gojira confirme son statut de référence du Metal français

à 12 h 27 min
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Concert d'anthologie, Gojira confirme son statut de référence du Metal français
© Tetralens

Ce soir, Bercy frémit d’impatience à l’idée d’accueillir enfin (après moult reports) le groupe de Metal Français le plus reconnu, à la réputation internationale établie, accompagné des petits génies néo-zélandais du Thrash Metal, Alien Weaponry, et du groupe britannique en devenir, Employed To Serve. Un menu alléchant.

Après une légère erreur de communication, mes collègues photographes et moi-même sommes escortés vers la fosse photo, où nous nous plaçons rapidement alors qu’Employed To Serve a déjà donné le coup d’envoi de la soirée devant un public venu nombreux.

Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)

Employed To Serve

Emmené par la chanteuse Justine Jones, le collectif britannique se caractérise par un son généralement hardcore, ascendant heavy, mâtiné d’électro ici et là, avec en toile de fond l’ADN du punk d’outre-Manche. Ce soir, les morceaux joués font partie d’un panel relativement représentatif de leur discographie. Avec une belle aisance sur scène, malgré un décor dépouillé et une lumière tenue, la performance permet de mettre dans l’ambiance le public parisien.

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La restitution sonore est néanmoins un peu trop homogène, et la batterie trop forte, ce qui ne laisse pas beaucoup ressortir les parties vocales. C’est dommage, car la puissance de titres comme Beneath It All (Eternal Forward Motion – 2019) ou Mark Of The Grave (Conquering – 2021) où l’ajout d’une voix masculine (celle du guitariste Sammy Urwin) est très intéressant, ne ressort que difficilement. D’autres titres valent le détour comme Sun Up To Sun Down (dont il existe une “version 2023” en duo avec Alien Weaponry) ou We Don’t Need You.

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Un groupe qui dépoussière les standards.

Alien Weaponry

J’ai vraiment hâte de voir le trio néo-zélandais Alien Weaponry, formé par les frères De Jong, Lewis et Henri, respectivement à la guitare et à la batterie, et le bassiste Tūranga Morgan-Edmonds, qui a remplacé Ethan Trembath en 2020.

Ce groupe formé en 2010 (oui, déjà…) a fait du chemin depuis l’époque où ils n’étaient même pas préadolescents… Treize ans plus tard, et à peine la vingtaine passée, les voilà en tournée mondiale avec Gojira ! Et c’est tout à fait mérité. Même si la mise en scène est un peu plus élaborée depuis la dernière fois que je les ai vus en 2019, on a quand même quelque chose de très minimaliste, une bâche avec le nom du groupe, leurs instruments, leur talent. Basta. Et ils ont l’énergie pour remplir une si grande scène avec trois personnes sans trembler. Même si la performance scénique reste peu généreuse, peu mobile, musicalement il n’y a rien à dire, ça riffe, ça bastonne, et ça envoie du thrash metal chanté en grande proportion en maori.

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Même un petit problème technique sur le premier morceau, Raupatu (titre de 2017), où les retours de basse et de guitare semblent ne pas s’entendre parfaitement, ne les déstabilisent pas plus que cela.

Le public de ce soir, qui ne sait manifestement pas grand-chose d’eux, semble accueillir la performance de manière plutôt positive. Les gars d’Auckland enchaînent avec Holding My Breath, l’un des classiques du groupe, très bien joué ce soir. En 2021, le magazine Metal Hammer les a désignés comme le “futur du Metal“. Même si je considère que l’avenir du metal sera fait de multiples facettes, il est clair qu’Alien Weaponry en sera une.

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Sur une performance qui se poursuit avec notamment Tangaroa, ou Ahi Ka, j’entends qu’il manque encore un peu d’assurance vocale par moments, mais on apprécie l’énergie générale, et Tūranga Morgan-Edmonds nous offre tout de même quelques tirages de langue façon Haka, ou lèche sa basse avec des yeux furibonds. La fosse commence à se réveiller avec l’apparition de quelques timides slams en fin de set, qui nous propose un Kai Tangata en guise de bouquet final. Si vous ne tombez pas sous le charme de ce titre en headbangant de manière instinctive, je ne peux rien pour vous…

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Setlist :

  • Raupatu
  • Holding My Breath
  • Tangaroa
  • Hatupatu
  • Ahi Ka
  • Rū ana te whenua
  • Kai Tangata

Gojira

Ça y est, le moment tant attendu arrive. Dans un Bercy bondé (presque complet), la tension est palpable. Les cris de joie lorsque les lumières s’éteignent laissent place à un compte à rebours sur écran géant. 5, 4, 3, 2… 1… Et Gojira est là !

Accueillis par des slams dès le premier titre, Born For One Thing – et même un juste avant ! Un peu WTF n’est-ce pas ? – les Français du Death Metal progressif semblent en grande forme sur cette chanson qui ouvre la performance avec un extrait de l’album Fortitude, avant d’enchaîner avec The Heaviest Matter Of The Universe, extrait de From Mars To Sirius (2005), qui met à l’honneur la basse de Jean-Michel Labadie.

Les prouesses de décors, comme un écrin qui sublime le jeu du collectif, se poursuivent sur Backbone puis Stranded, durant lesquels l’ambiance dans la foule monte d’un cran devant ce show monumental, où chaque titre est l’occasion d’un nouveau support, d’une approche graphique précise. Contrastes, effets pyrotechniques, fumigènes, messages textuels, les outils sont multiples pour faire de la soirée un grand show qui se développe autour de l’identité musicale de Gojira, dont les sonorités se répandent dans la grandeur de l’Accor Arena, comme lors de Flying Whales ou The cell.

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À la fin de la performance de The Art Of Dying, Mario Duplantier nous offre un solo de batterie mémorable, largement applaudi, mais que le batteur agrémente d’un affichage “Je n’entends rien !” sur une pancarte, pour réveiller encore plus le public.

Joe Duplantier profite de la transition avant d’entamer Grind (Fortitude) pour exprimer sa gratitude au public parisien “Merci du fond du cœur”. Ce titre sera un bel exemple d’implication, de concentration de la part du collectif, en particulier de Christian Andreu à la guitare, surtout lors du passage mélodieux lancinant qui fait son apparition au milieu du titre.

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Toujours sur Fortitude, Joe Duplantier annonce Another World avec un petit message complémentaire : “Ce serait bien de ne pas niquer la planète…”. C’est à ce stade de la soirée que deux circle-pits massifs se forment dans la foule, caressée par la lumière rasante de la scène, tel un organisme vivant, évoluant au rythme d’un inconscient collectif incarné par la musique au message inspiré du quatuor. Un moment emblématique de la soirée où le sentiment de communion prend tout son sens sur l’Enfant Sauvage.

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Bercy est en folie dès les premières notes du très puissant titre Our Time Is Now, où Mario Duplantier nous ravit à nouveau par son brio rythmique. On danse même dans les gradins. Quelques mots des musiciens pour obtenir encore plus de participation, “Ça t’a plu jusqu’ici ou pas ?”, et introduire The Chant sur lequel Joe nous propose de reprendre en cœur le texte avec un message simple mais fort : se dépasser, ne pas avoir peur de libérer son propre potentiel. Et le résultat est plutôt réussi avec un chœur généralisé montrant à nouveau un bel esprit de communauté, grâce à ce son qui se prolonge au-delà du dernier souffle de la dernière note…

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Aux flammes du début de set et à l’émotion se substituent les cotillons. Amazonia est la parfaite transition vers cet esprit. Puis c’est lors d’un rappel – un peu prévisible – que Silvera résonne faisant revenir une ferveur au sein du public tandis que les deux circle pits réapparaissent dans la fosse. New Found prend le relais dans une signature très structurée qui est l’une de mes préférées sur Fortitude. Le décor est caractérisé par une scène éclairée sur toute sa largeur, où les musiciens se découpent en ombres chinoises sur ce fond très lumineux. L’ensemble est assez statique même si l’énergie est donnée sans retenue, et le sur-éclairage laisse place à des images galactiques très bleues et violettes du plus bel effet lorsque Joe se place en retrait sur la scène pour un solo de guitare endiablé.

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Dès les premières notes de The Gift Of Guilt, un bijou de 2012 (L’Enfant Sauvage), la foule se déchaîne et se laisse porter par cet accord qui diffuse un sentiment de quasi-trance. On est également happé par l’animation visuelle qui raconte une histoire universelle, comme une œuvre de Michel Ocelot où les protagonistes dépersonnalisés se découpent sur un fond coloré. C’est sur ce moment d’émotion que s’achève une soirée monumentale avec une setlist très bien composée, et saluée par une standing ovation de plusieurs minutes.

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Un grand moment de metal français.

Setlist :

  • Born For One Thing
  • The Heaviest Matter Of The Universe
  • Backbone
  • Stranded
  • Flying Whales
  • The Cell
  • The Art Of Dying
  • Drum solo
  • Grind
  • Another World
  • L’Enfant Sauvage
  • Toxic Garbage Island
  • Our Time Is Now
  • The Chant
  • Amazonia

Encore:

  • Silvera
  • New Found
  • The Gift Of Guilt

À propos de Tetralens

Cet article a été rédigé par Tetralens, qui est également la propriétaire de toutes les photos que vous avez vues ci-dessus.

Tetralens est une photographe basée à Paris. Si vous souhaitez discuter avec elle de son travail et/ou collaborer avec elle, vous trouverez toutes ses informations ci-dessous !

TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.

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