“Un moment de lâcher-prise libérateur, qui fait écho et véhicule les dysfonctionnements de notre propre monde déchiqueté” ; Dystopie électro-industrielle à Paris (Shaârghot prend possession de l’Élysée Montmartre)

à 18 h 09 min
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"Un moment de lâcher-prise libérateur, qui fait écho et véhicule les dysfonctionnements de notre propre monde déchiqueté" ; Dystopie électro-industrielle à Paris (Shaârghot prend possession de l'Élysée Montmartre)
© Tetralens

Dans une scène Metal composée de tous les styles, d’une multitude d’expressions et d’origines, le milieu français n’a pas à rougir, bien au contraire, surtout ces dernières années, car on y trouve des pépites.

Et ce n’est pas seulement à travers les groupes de Metal Progressif et de Deathcore que le Metal Français se distingue avec brio… Il y a Shaârghot. Cet ovni cyberpunk, ce groupe authentique qui fait son petit bonhomme de chemin, écrit sa propre histoire depuis 2011, et sa musique entremêlée d’un univers singulier, fou et riche ; ce projet né de l’imagination d’Étienne Bianchi, l’esprit complexe et inventif derrière tout ça, et porté par ses comparses Bruno, Paul et Clémence, pour ne citer qu’eux.

Et loin des attitudes parfois discutables des artistes français, même maintenant que la fanbase s’est considérablement agrandie, les membres du groupe se caractérisent par une réelle connexion avec leurs fans, toujours accessibles, prêts à parler de leur carrière, un sens de l’humain qui fait d’eux l’un des groupes français les plus appréciés.

Il est évident que l’attrait général réside principalement dans l’expression musicale du projet et l’écriture de l’univers dans lequel il s’inscrit. Un metal industriel, enrichi d’électro, qui se déploie dans un schéma visuel visqueux, noir, englobant, comme l’illustre bien Black Wave, qui donne son titre à un court-métrage (réalisé avec le talentueux Teddy Masson). Oui, car Shaârghot, c’est aussi un univers cinématographique.

C’est donc sur les bases de cet univers post-apocalyptique hypnotique, exprimé sur deux albums précédents, qu’est né le Volume III, Let Me Out

Après la sortie de quelques singles accueillis positivement par la communauté des “shadows” (les fans de Shaârghot), l’attente anxieuse s’est répandue comme une tache d’huile visqueuse, et l’annonce de la tournée du collectif s’est accompagnée d’une participation massive du public français.

Évidemment, le rendez-vous à l’Élysée Montmartre se devait d’être mémorable !

Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)

We Are Magonia

À mon arrivée, il y a une nuée de fans portant l'”œil” comme signe de ralliement, ou de la peinture corporelle noire pour les aider à se mettre dans l’ambiance.

Certes, Punish Yourself n’est plus à l’affiche, d’autant que le groupe a mis la clé sous la porte peu avant la date, dans les circonstances désolantes que l’on sait, et quelques personnes manquent à l’appel dans le line-up. Mais dès le début de cette folle soirée organisée par Base Production, lors de la performance électro de We Are Magonia, duo lyonnais qui a rejoint l’affiche à la dernière minute, la salle est déjà bien remplie, et l’ambiance est aussi joyeuse que le décor visuel est sombre et grinçant.

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L’univers dark electro/dark synth joué ici sur fond sobre de triangle lumineux, devant un public à prédominance metal plus habitué à une expression scénique débridée, a néanmoins le mérite de capter l’attention, notamment avec des morceaux comme Triangle Unicode (ce qui rend la scénographie d’autant plus compréhensible). Certes, l’expression stylistique du groupe est loin des standards du Rock ou du metal, mais le brin sombre et mélancolique qui en forme la base constitue une introduction pertinente à la soirée.

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Carbon Killer

Carbon Killer, artiste solo à mi-chemin entre one-man band et DJ, monte sur scène pour le deuxième volet de la soirée.

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Ce DJ/guitariste, vêtu d’une combinaison blanche, deux tresses s’échappant de son casque anonyme, sur fond de projections visuelles sur écrans, apporte sur scène un son et une scénographie futuristes et électro, plus cyber que punk.

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Sa scénographie est suffisamment hypnotique pour faire oublier qu’il est seul sur scène. Relative bonne mobilité pour les passages de guitare, où il se rapproche un peu plus du public pour nous faire entrer dans son univers. L’effet visuel de la mise en avant de l’instrument comme seul point de lumière est assez intéressant, et je finis par me prêter au jeu du cyber rétro de Carbon Killer.

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Shaârghot

Un court entracte pour préparer la scène est l’occasion de recevoir l’adoubement crasseux de Skarskin, qui déambule dans la foule en haillons.

Dans la pénombre de la salle parisienne, le public est dense et impatient. Une ombre apparaît à la batterie, suivie des autres membres du groupe puis du shaârghot.

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Frénésie dans le public, le décor est planté et une introduction narrative angoissante se déploie pour nous plonger dans l’atmosphère glauque.

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L’ensemble du set progresse à travers des titres du dernier album, Vol III Let Me Out (sorti il y a quelques jours), Red Light District, Great Eye, Let Me Out, ainsi que quelques classiques comme Now Die, ou Black Wave, nous faisant sombrer dans la folie, en adhérant à la vision amère et sombre, décadente et cynique de Shaârghot.

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Les Mantis qui déambulent, dont la morphologie se découpe sur les lumières tamisées et le brouillard, et les incursions de Skarskin complètent le tableau de la facétie des différents personnages/musiciens/performers. Des figures qui sont incarnées avec une facilité déconcertante.

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L’évolution de la performance nous entraîne inexorablement dans une théâtralité immersive qui ne fait que potentialiser la perception musicale qui s’empare de nos tripes, tout autant que les personnages sont l’incarnation de chairs meurtries et d’âmes tourmentées.

"Un moment de lâcher-prise libérateur, qui fait écho et véhicule les dysfonctionnements de notre propre monde déchiqueté" ; Dystopie électro-industrielle à Paris (Shaârghot prend possession de l'Élysée Montmartre)

Un moment de lâcher-prise libérateur, où la rage et l’injustice de la dystopie présentée, portées par les titres de Let Me Out comme l’emblématique Are You Ready, font écho et véhiculent les dysfonctionnements de notre propre monde déchiqueté.

"Un moment de lâcher-prise libérateur, qui fait écho et véhicule les dysfonctionnements de notre propre monde déchiqueté" ; Dystopie électro-industrielle à Paris (Shaârghot prend possession de l'Élysée Montmartre)

Les ténèbres, les grincements électroniques des âmes torturées, les blessures infligées comme des lames crasseuses et ébréchées, s’expriment et se libèrent à travers l’expérience Shaârghot, comme une parenthèse chaotique et exutoire, où le rire dément prend le dessus…

À propos de Tetralens

Cet article a été rédigé par Tetralens, qui est également la propriétaire de toutes les photos que vous avez vues ci-dessus.

Tetralens est une photographe basée à Paris. Si vous souhaitez discuter avec elle de son travail et/ou collaborer avec elle, vous trouverez toutes ses informations ci-dessous !

TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.

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