Les légendes du heavy metal britannique en feu : Saxon et Judas Priest en concert épique au Zénith

à 20h02
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Les légendes du heavy metal britannique en feu : Saxon et Judas Priest en concert épique au Zénith
© Grégory Hernandez (Gérard Drouot Productions)

C’est pour la grande célébration des légendes du heavy metal britannique, Judas Priest et Saxon, que je rejoins le Zénith.

Texte de Tetralens (tetralens.com) / Photos de Grégory Hernandez (Gérard Drouot Productions)

Saxon

Avec un démarrage à l’heure fixe, Saxon offre dès le début du set un spectacle de qualité, en proposant un extrait de son dernier album, Hell, Fire and Damnation, ainsi qu’une sélection de titres de sa discographie, interprétés avec énergie et précision. Le volume sonore semble un peu élevé au début, mais l’ambiance festive qui règne dans la foule fait rapidement oublier ce détail.

Dès le deuxième morceau, Motorcycle Man, dont la mélodie épouse parfaitement la thématique, je constate que la voix de Biff Byford est toujours aussi assurée et son vibrato reste une signature forte qui ravit le public. Le bassiste Nibbs Carter est visiblement enthousiaste et donne des coups puissants sur son instrument, qui semble être une Thunderbird, comme celle de Nikki Sixx. Saxon nous régale également d’un superbe solo de guitare, dans un tourbillon de cheveux blonds. L’audience est très enthousiaste, avec une moyenne d’âge plus basse que prévu.

La performance est bien orchestrée, avec une mise en scène plutôt sobre, à l’exception d’un backdrop, de murs d’enceintes Marshall, ainsi que quelques jeux de lumières et de fugaces fumigènes. Tous les codes du bon heavy metal classique sont respectés, avec des éléments rythmiques typiques du genre.

And the Bands Played On résonne comme une excellente bande originale de road trip, et confirme l’image de Saxon en tant que légendes du genre, plutôt que comme un groupe en déclin. Madame Guillotine débute avec les facéties du bassiste, qui s’amuse avec les amplis sur le devant de la scène. Ce titre est parfaitement adapté aux grandes salles comme le Zénith, et est magnifié par le jeu rythmique du guitariste Doug Scarratt et de Nigel Glockler à la batterie. Brian Tatler, qui a rejoint Saxon en 2023 pour les tournées, succédant à Paul Quinn, fait également des merveilles. Un magnifique solo aérien captive l’attention de tous.

Biff prend alors la parole : “Vous vous sentez bien ?!”

Heavy Metal Thunder est l’occasion d’un grand moment de complicité entre les musiciens, avec des mouvements de cheveux dans tous les sens, notamment ceux de l’élégant chanteur dans sa redingote noire aux boutons argentés. Un Strong Arm of the Law revisité est repris avec entrain par le public, et Crusader touche les cœurs avec son introduction particulièrement reconnaissable, marquée par la guitare rythmique, et offre à Biff une belle ovation à la fin du morceau lorsqu’il se place aux côtés de la batterie pour un moment de partage fort entre les musiciens.

Le titre Dallas 1PM, aux consonances très années 80, incarne l’essence même du heavy metal classique, avec ses trois accords qui structurent l’harmonie du morceau. La construction du titre évoque l’image des grosses cylindrées dont les chromes brillent sous le soleil, pour ensuite disparaître dans la nuit sur des envolées de riffs effrénés.

Sur Wheels of Steel, avec le Zénith plein à craquer, le public est debout absolument partout, encouragé par les musiciens. Le set se clôt en beauté sur Princess of the Night, bien que j’aie l’impression d’entendre un extrait de The Broken Heroes. La performance m’a véritablement secouée, bien plus que je ne l’aurais cru…

Setlist :

  • Hell, Fire and Damnation
  • Motorcycle Man
  • Sacrifice
  • There’s Something in Roswell
  • And the Bands Played On
  • Madame Guillotine
  • Heavy Metal Thunder
  • Strong Arm of the Law
  • Crusader
  • Dallas 1 PM
  • Denim and Leather
  • Wheels of Steel
  • Princess of the Night

Judas Priest

Avant même le lancement de la performance, on devine le magistral décor de scène sur la piste d’intro empruntée à Black Sabbath, War Pigs, puis une partie instrumentale de Invincible Shield, fer de lance de l’album éponyme de 2024, thème de la tournée bien nommée Metal Master. Pour nous mettre en appétit, Judas Priest apparaît derrière le lâché de rideau et débute avec le titre Panic Attack, également issu de l’opus de 2024 largement acclamé par les fans, et qui contient toute l’essence de l’écriture Judas Priest avec, cela dit, des arrangements qui donnent un coup de frais. Après You’ve Got Another Thing Comin’ et Rapid Fire, c’est avec encore un autre classique, que dis-je le talisman Breaking The Law, que Rob Halford et sa troupe réveillent totalement la salle et font passer la performance à l’étape supérieure.

Quel formidable showman qu’est M. Halford, certes pas dans une expression scénique follement dynamique, mais néanmoins utilisant tout l’espace, et l’emplissant de son charisme et de sa voix toujours aussi marquante, puissante, qui ne trahit pas ses plus de 70 ans. Les autres musiciens sont certes plus dynamiques mais s’éclipsent un peu les uns les autres par moments.

La très belle mise en scène caractérisée par le symbole de trident/croix du groupe, en structure géante et lumineuse surplombant la scène, et un écran en guise de backdrop dont les images participent à chaque titre, mettent en valeur le jeu des musiciens. Scott Travis est particulièrement bien mis en valeur, ce qui est assez rare pour être noté (surtout pour un batteur). Une mise en lumière régulière qui met l’accent sur sa contribution de talent dans un heavy metal où la rythmique joue un très grand rôle (sûrement insufflée par les talents de Rob lui-même et ses compétences d’éclairagiste).

Au fil des titres, le trident semble prendre de l’ampleur, comme une ombre, un poids qui plane sur les musiciens – allégorie du poids des conventions sociétales ? Ces conventions dont Judas Priest a toujours su s’affranchir, et avec panache. Avec Lightning Strike, tous les codes du heavy rock/heavy metal classique sont respectés et magnifiés. Rob Halford, changeant de veste à presque chaque titre, reste toujours aussi élégant, mettant en valeur le cuir et les clous sans tomber dans la caricature. Les autres musiciens, les guitaristes survitaminés et talentueux Richie Faulkner et Andy Sneap, sont tout aussi iconographiques du genre, y compris dans leur jeu de scène particulièrement dynamique et en interaction avec le public. Ian Hill est lui un peu moins cabotin, mais tout aussi efficace musicalement.

Love Bites, et son arrière-plan filmographique extrait de Nosferatu, prouve, là encore, que même sans cabrioles, notre frontman est très performant vocalement. C’est très attrayant, élégant, technique, et se termine en puissance avec le public qui participe sans concession. Sur Devil’s Child, de fugaces bugs de sonos sont vite effacés par ces performers hors pair. À la fois dans les lignes rythmiques, les riffs acérés, que dans le large éventail vocal, Judas Priest démontre tout son savoir-faire, dix-neuf albums tout de même, mais la longévité n’est avec eux pas synonyme de “réchauffé”. Le frontman a toujours une capacité vocale très étendue, avec une aisance déconcertante dans les aigus.

Richie Faulkner s’amuse à un petit échange avec le public qui reprend en chœur et l’ambiance est très agréable. Le set se poursuit sans aucun temps mort, avec Crown of Horns notamment, et Saints in Hell, où on entend une pointe de similitude avec Black Sabbath – que Rob Halford cite d’ailleurs lorsqu’il nous explique qu’il est fier d’avoir (avec Black Sabbath) activement participé à créer le heavy metal depuis 1974… “It’s been a lot of shows since then, and a lot of Painkillers…” Le titre Painkiller est présenté, dont l’intro à la batterie embarque la foule et marque la vraie/fausse fin du set, avant un rappel.

Une prolongation qui contiendra notamment Electric Eye, Metal Gods, et le final (le vrai) sur le tube Living After Midnight, construit à l’issue d’un échange en pleine nuit entre Rob et Glenn Tipton à propos des différences de rythmes (de vie) des deux musiciens. On donne volontiers du crédit à Rob Halford lorsqu’il nous dit que ça signifie beaucoup pour lui, pour eux d’être là, à Paris. Et après un tel concert d’anthologie des iconiques Judas Priest(s), précédé par le non moins légendaire groupe Saxon, cette soirée a semble-t-il également marqué Paris !

Setlist :

  • War Pigs (Intro)
  • Invincible Shield Tour Anthem
  • Panic Attack
  • You’ve Got Another Thing Comin’
  • Rapid Fire
  • Breaking the Law
  • Lightning Strike
  • Love Bites
  • Devil’s Child
  • Saints in Hell
  • Crown of Horns
  • Turbo Lover
  • Invincible Shield
  • Victim of Changes
  • The Green Manalishi (With the Two Prong Crown)
  • Painkiller

Encore :

  • The Hellion
  • Electric Eye
  • Hell Bent for Leather
  • Metal Gods
  • Living After Midnight

À propos de Tetralens

Cet article a été réalisé par Tetralens, une photographe basée à Paris. Si vous souhaitez discuter avec elle de son travail et/ou collaborer avec elle, vous trouverez toutes ses informations ci-dessous !

TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.

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