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Strapping Young Lad
City

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Ah… L’année 1997. De la mort de la princesse Diana, à la sortie de Titanic, en passant par la dissolution de l’assemblée nationale ordonnée par feu Jacques Chirac, vous en garderez ce que vous voulez. Moi j’ai ma petite idée…

Cette année, Hard Rock Magazine (cela ne nous rajeunit pas), innovait la promotion en publiant avec chaque numéro un CD contenant des morceaux de groupes connus ou pas ou pour bientôt, dans le but de faire saliver et de donner envie d’acheter l’album.

De mémoire c’était le CD numéro 3, et il y en avait pour tous les goûts. Du Nevermore, l’excellent « Turn to rage » de Forbidden (vite, un shaker), et, juste avant les deux dernières pistes, (Stuck Mojo et Immortal, c’était comme du rouget avec du lait caillé… et un comprimé de Spasfon ®), je commençais soudain à saigner du nez. Je venais de recevoir un truc sur la figure. « Underneath The Waves » d’un groupe au nom à coucher dehors : Strapping Young Lad.

Pour les plus jeunes, peu d’histoire avant, voulez-vous ? SYL c’est l’un des premiers projets d’un génie : Devin Townsend. Un gamin qui, jeune, rêve de heavy metal quand celui-ci est ringardisé par le trash puis le néo métal. Qui envoie à des labels des démos qu’on jette à la poubelle tout en lui proposant, (à 18 ans s’il vous plait), de chanter dans le brillantissime Sex and Religion de Steve Vai, c’est dire l’organe qu’à le monsieur. Les Widhearts, Fear Factrory ou même Judas Priest (pour pallier au départ de Rob Halford) lui proposeront une collaboration. Mais Niet Popov.

Le génie multi instrumentiste, qui n’est pas un virtuose du solo, mais plutôt un stakhanoviste du gros riff, a une arrière idée dans la tête comme dirait le poète. Strapping Young Lad. Une sorte de mixture mélodique amalgamant industriel et Heavy Metal avec des structures parfois empreintes de Death, et qui n’avait pas honte, à cette période, d’avoir des claviers. C’était quand même le bon vieux temps où, du trash au grunge en passant par ce qu’on appelait à ce moment le rap-métal, on n’avait d’yeux que pour le trio guitare-basse-batterie. Le Line-up? Asseyez-vous je vous prie. Byron Stroud et Ged Simon (Frontline Assembly, Fear Factory) aux cordes. Et pour les futs ? Asseyez-vous j’ai dit. A la batterie il y avait dieu, le boiteux aux lunettes fumées, dit l’horloge atomique, sa sainteté Gene Hoglan, le gars pour lequel Chuck Schouldiner avait écrit les parties de batterie dans « Individual Thought Patterns » du groupe Death…

Des cinq albums et un live, accouchés tous par voie naturelle, on retiendra les deux premiers, le reste étant un reliquat de contrat à honorer auprès de Century Media, la super boite à musique. Après l’agression caractérisée du premier album, « Heavy As A Realy Heavy Thing », une perfection rythmique, sort donc au printemps 1997 leur opus le plus abouti, « City », à la pochette dépouillée de dessin industriel, et qu’on peut, après avoir essuyé le sang, subdiviser en trois types de morceaux.

Le premier, le plus viscéralement percutant : moins âpre et plus varié qu’un Nine Inch Nails, plus dansant qu’un Ministry, plus riche et plus agressif qu’un Rammstein. Un Machine Head intelligent, rigolo et presque féminin par endroits.

Tout commence par un son de cloche (quelle belle idée) qui retentit… des coups méthodiques, réguliers, mécaniques, et qui introduisent… « Velvet Kavorkian ». Un bataillon de notes et de guitares saturées qui annonce le rouleau compresseur « All Hail The new flesh ». On aura beau essayer de contrôler le pied et les cervicales. Impossible. Le chant de Townsend qu’on aurait dit fait rien que pour cette chanson, accompagne à merveille un tempo guerrier d’une précision rare.

Même chose pour « Detox », fantastique d’agressivité, et ce break… Mon dieu, ce qu’on peut peut faire dans un break avec juste quatre riff répétitifs… Un bloc mélodique dans la tronche, et toujours les cervicales en mouvement. Kifkif pour « Underneath The Waves », dont on gardera la puissance du mot « vague ».

Le second type de morceaux, le plus belliqueux (« Oh My Fucking God », « Home Nucleonics »), fait la part belle à l’agression pure (passages Speed ou parfois Grind, guitares lourdes, hurlements… Townsendiens) et rappelle le pédigrée des musiciens qui n’ont pas tourné avec Alanis Morissette.

Le troisième, le plus lent mais tout aussi intéressant d’introspection (le presque moyen « AAA », et pour finir le mystérieux « Room 429 » et le lancinant et crépusculaire « Spirituality » qui montre à lui tout seul ce qu’un mur de guitare peut faire rien qu’en avançant lentement), auraient mérité d’être inclus dans le projet Infinity de Townsend (mention spéciale pour les « petits » pats chassés circassiens d’éléphant dans le break de « AAA ») et ouvrent, sans renier la part de lourdeur de ces monolithes, une porte sur ce qu’il fera par la suite dans ses dizaines d’autres projets, inégaux depuis quelques années mais tellement riches dans l’ensemble. Mais je suis certain qu’on en reparlera.

Bref. Si vous avez déjà adopté le bonhomme, je ne prêcherai pas de convaincus. Si vous êtes amateur d’ancien tartiné de nouveau ou vice-et-versa, si vous aimez les coups de boule traités avec délicatesse aux emplâtres à la moutarde bio, et si le mot Heavy a autant de signification pour vous que Metal, cet album est pour vous. Et si cet album vous plait, réjouissez-vous, il y en a plein comme ça que tonton Devin vous a mis de côté.

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1 Commentaire

  1. Cet album je l’avais acheté car on m’avait dit que Devin Townsend était génial et que le groupe aussi. Alors c’est vrai qu’il y a des titres incroyables mais Ils sont peu nombreux en fait, et j’ai revendu le CD peu après. Par contre je suis devenu fan de Devin depuis, j’ai encore acheté son dernier opus Lightwork qui n’a rien mais alors rien à voir avec SYL 😁

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