Periphery : “Nous voulons faire quelque chose de différent” — Le groupe en pleine mutation après PV ?

à 14h52
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Periphery : “Nous voulons faire quelque chose de différent” — Le groupe en pleine mutation après PV ?
© Tetralens

Depuis la sortie de Periphery V: Djent Is Not A Genre en mars 2023, le groupe américain de metal progressif a enchaîné concerts, remises en question créatives et explorations stylistiques, confirmant sa singularité sur la scène moderne.

Une étape importante pour Periphery

Sorti le 10 mars 2023 via leur propre label 3DOT Recordings, Periphery V: Djent Is Not A Genre s’impose comme un album charnière dans la discographie du groupe. Élaboré avec patience, le disque mêle compositions foisonnantes et atmosphères contrastées, tout en glissant des clins d’œil aux jeux vidéo et à leurs opus précédents.

Initialement pensé comme une préquelle à Juggernaut, le projet a évolué au fil du temps. Certaines réminiscences ont néanmoins été conservées, comme l’expliquait Spencer Sotelo sur le podcast de MetalSucks : “Le refrain de Wildfire est tiré d’un interlude de Juggernaut: Alpha… c’est exactement la même progression.”

Produit en interne et mixé une nouvelle fois par Adam “Nolly” Getgood, ancien bassiste du groupe, l’album marque aussi un retour à des méthodes plus organiques. Aucune correction de hauteur n’a été appliquée aux pistes vocales principales, et seuls les sons de grosse caisse ont été samplés à la batterie.

Un disque qui divise, mais qui assume

Avec des titres comme Wildfire, Atropos ou Silhouette, Periphery explore aussi bien des terrains abrasifs que des climats plus atmosphériques. L’album ne convertira sans doute pas ceux qui restent hermétiques à leur univers, mais il a conforté les fans de longue date. Spencer Sotelo confiait d’ailleurs : “Nous avons supprimé les trois quarts de ce que nous avions écrit à l’origine, pour ne garder que l’essentiel.”

Équilibre et indépendance

Depuis la sortie de Periphery V, les membres ont alterné projets personnels, tournées sélectives et prises de recul. Comme le rappelait Misha Mansoor dans une interview pour American Musical Supply, leur stratégie n’a pas changé : “On joue du metal progressif, ça ne rapporte pas d’argent, donc il faut trouver autre chose.” Cette lucidité, portée par une passion intacte, leur permet de créer librement sans dépendre du succès commercial.

Le guitariste Mark Holcomb, interrogé par Tetralens pour MetalZone, abonde : “Nous voulons faire quelque chose de différent… Nos fans sont prêts à nous suivre, même en dehors du metal.” Un discours qui reflète l’évolution d’un groupe arrivé à maturité, où chacun se dit prêt à expérimenter davantage, y compris au-delà du rock.

Une anecdote révélatrice illustre leur rigueur artistique : avant de collaborer à nouveau avec Nolly, Periphery a tenté une session avec un producteur externe, expérience que Holcomb qualifie d’”épouvantable”. Le groupe a préféré ne jamais sortir ces morceaux, renforçant sa volonté de rester maître de son processus créatif.

Une vision lucide de la scène

En parallèle, Periphery garde un œil sur son impact. Holcomb constate avec modestie : “On commence à entendre notre influence dans les productions d’autres groupes.” Sans rechercher l’originalité à tout prix, les musiciens privilégient le plaisir de composer ensemble. Misha Mansoor résume au Guitar Center : “Nous faisons de la musique pour nous amuser avec nos amis. C’est ça qui nous motive.”

Des tournées ciblées, un lien fort avec les fans

Après une tournée européenne en début d’année 2025, marquée notamment par un concert instrumental improvisé à Berlin en l’absence de Spencer Sotelo, Periphery se prépare à repartir en Amérique du Nord pour une série de dates aux côtés de Spiritbox. Un partenariat naturel, tant les deux groupes partagent une esthétique soignée et une fanbase engagée.

Cette approche mesurée des tournées vise à préserver l’énergie du groupe. “Nous avons payé notre dû, on tournait huit mois par an”, expliquait Holcomb à MetalZone. Désormais, les membres privilégient des formats plus courts, plus intenses et plus stratégiques, afin d’éviter la lassitude.

En Europe, la méthode porte ses fruits. Le lien avec le public français, notamment, semble plus fort que jamais : “On reconnaît des visages sur scène, dix ans après. C’est une relation qui a été construite et qui dure.”

Des projets en gestation

Periphery ne prévoit pas de nouvel album dans l’immédiat, mais l’envie d’évoluer est réelle. Début 2024, Jake Bowen évoquait la volonté de “changer certaines choses” en studio. Tous restent très actifs, entre projets parallèles, nouvelles compositions et collaborations.

Le prochain chapitre pourrait s’éloigner des codes du genre, voire s’ouvrir à d’autres formats. Holcomb reste évasif mais enthousiaste : “Nous pourrions sortir des morceaux qui ne sont même pas du rock… tant que c’est nous cinq, ce sera du Periphery.”

En attendant, le groupe prépare une tournée américaine avec Spiritbox d’ici la fin 2025, confirmant sa volonté de rester présent sans céder à la routine.

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