Depuis la sortie de Cure en avril 2024, Erra vit l’une des périodes les plus riches de sa carrière : évolution musicale assumée, deux nouveaux morceaux révélateurs et une énergie créative qui laisse entrevoir un prochain album déjà en marche.
Une période dense et décisive pour Erra
Paru le 5 avril 2024 et produit par Dan Braunstein, Cure marque un tournant dans la discographie d’Erra. L’album allie précision technique et mélodie accessible, et confirme la progression d’un groupe parfois, à tort, catalogué comme clone dans le paysage metalcore. Dès les premières écoutes, la presse salue un projet dense et nuancé : des titres comme Rumor Of Light ou Blue Reverie jouent sur le contraste et la profondeur.
Au-delà de la musique, c’est l’état d’esprit qui frappe : avancer sans trahir ses fondations. L’arrivée de Clint Tustin renforce cette dynamique et élargit d’emblée le champ d’exploration du groupe, sur scène comme en studio.
Inspirations & paroles sombres : de Rust Cohle à Thomas Ligotti
Si Cure paraît plus “groove-centric”, sa noirceur thématique reste centrale. Jesse Cash explique avoir puisé, durant l’écriture, dans des œuvres au pessimisme radical, notamment True Detective (saison 1) et les textes qui la sous-tendent. Il cite en particulier le personnage de Rust Cohle et le livre The Conspiracy Against the Human Race de Thomas Ligotti, essai clé du pessimisme philosophique popularisé par la série. Cash précise toutefois qu’il ne se définit pas comme nihiliste : il a simplement “beaucoup ingéré de contenus négatifs et sombres” à ce moment-là, au point de devoir interrompre sa lecture tant le livre le “détruisait de l’intérieur” — une vision du monde perçue “comme un virus”. Ces confidences replacent la noirceur existentielle de morceaux comme Crawl Backwards Out of Heaven ou Slow Sour Bleed dans un contexte précis.
Plusieurs critiques l’ont d’ailleurs souligné : des paroles “parfois nihilistes” qui interrogent la condition humaine et la finitude, sans renoncer à une dimension cathartique.
Deux singles pour esquisser l’avenir
Un été productif et révélateur
En juillet 2025, Erra publie deux nouveaux morceaux : Gore Of Being (9 juillet) et Echo Sonata (18 juillet). Le premier, cathartique et intense, signe les débuts de Clint Tustin à la composition. “C’est sa première contribution directe à l’écriture”, précise le groupe, en évoquant des thèmes liés au deuil et à la mortalité. Echo Sonata, écrit par Jesse Cash, se veut plus mélodique et marque un “retour aux sources”. Il l’assume : “Echo Sonata ressemble à un retour aux sources… C’est une représentation fidèle du type de mélodie et d’émotion que nous visons pour le prochain album”.
Dans une interview accordée à Wired In The Empire, JT Cavey ajoute : “Je suis très enthousiaste pour la suite”, en soulignant la complémentarité entre Cash et Tustin comme moteur du renouveau créatif. Clin d’œil aux fans : “J’invite les fans à essayer de repérer ma voix”, lui qui chante ponctuellement certains passages.
Un album en préparation pour 2026
Depuis le printemps, plusieurs indices laissent penser qu’Erra travaille activement sur son prochain disque. Les membres évoquent une écriture déjà bien avancée et une direction mélodique assumée — Echo Sonata servant de boussole esthétique. Rien d’officiel côté date, mais l’enchaînement des singles et les récentes prises de parole dessinent un cycle de production soutenu.
Une trajectoire marquée par la sincérité
Des épreuves personnelles surmontées
Cette période s’accompagne d’une transparence nouvelle. En avril 2025, Jesse Cash confiait sur Instagram avoir traversé une dépression sévère : “Je me réveillais en sueur, en hurlant… Je criais de douleur quand une pensée intrusive me prenait par surprise.” Un témoignage dur mais essentiel pour comprendre le ton de Cure — et l’élan d’espérance qui s’en dégage aujourd’hui : “Je vais tellement mieux”.
Une reconnaissance encore trop discrète
Malgré une discographie solide et une identité sonore affirmée, Erra reste parfois cantonné à l’étiquette de “groupe de metalcore progressif”, souvent comparé — à tort — à d’autres formations. Avec des albums comme Drift, Erra puis Cure, le groupe prouve pourtant qu’il n’est pas un suiveur. Porté par l’humour de JT Cavey, la sensibilité de Jesse Cash et l’élan apporté par Clint Tustin, Erra continue d’ouvrir de nouveaux territoires. Ses passages remarqués aux côtés de Beartooth, Architects ou Silent Planet confirment que la scène ne s’y trompe pas.
À l’automne 2025, tous les signaux convergent : Erra aborde une nouvelle phase — créatif, sincère et fidèle à lui-même.
