Quand les membres de Metallica ont vu le documentaire Some Kind of Monster pour la première fois, l’ambiance était loin d’être à la fête : selon son co-réalisateur Joe Berlinger, ils ont été profondément choqués par ce qu’ils ont découvert à l’écran.
Un choc brutal pour Metallica
Sorti en 2004, le documentaire Some Kind of Monster suit Metallica dans une période de grande turbulence, alors que le groupe travaille sur l’album St. Anger tout en tentant de surmonter des tensions internes menaçant son existence même. Entre départs, thérapie de groupe et remise en question artistique, le film montre le groupe dans sa plus grande vulnérabilité.
Mais cette honnêteté a d’abord été difficile à accepter. Dans une interview diffusée en 2021 sur le podcast Greatest Music of All Time, Joe Berlinger, co-réalisateur du film avec Bruce Sinofsky, est revenu sur la toute première projection privée du film avec les musiciens de Metallica. Selon lui : “C’était une projection de plus de trois heures. Il n’y a pas eu un seul mot pendant toute la projection, pas un rire, pas un moment de reconnaissance, juste un silence total. Et ça ne sentait pas bon.”
À la fin de la projection, Lars Ulrich aurait simplement tapé sur l’épaule du réalisateur en secouant la tête, tandis que James Hetfield, visiblement perturbé, aurait quitté la pièce sans un mot. “Le manager avait l’air un peu nerveux”, ajoute Berlinger.
“On ne peut pas montrer ça” : la remise en question du film
Le réalisateur se souvient également d’une discussion houleuse qui s’est tenue juste après, dans les locaux du groupe. Plusieurs membres auraient exprimé leur malaise : “On a passé des heures à discuter autour de la table. ‘Vous ne pouvez pas dire à nos fans que nous avons payé Rob Trujillo un million de dollars’. ‘On ne peut pas montrer Lars en train de vendre son art aux enchères’. ‘On ne peut pas montrer ça’. ‘On ne peut pas faire ça’. Et tout le film s’écroulait sous nos yeux.”
Berlinger estime que Lars Ulrich était le plus détendu du groupe face à la situation. Mais c’est James Hetfield qui aurait finalement permis au film d’exister tel qu’on le connaît aujourd’hui. Le réalisateur raconte un “moment de clarté” : “James s’est levé et a dit : ‘Écoutez, c’est douloureux à regarder. Mais vous avez fait exactement ce que vous avez dit que vous feriez. C’est un portrait honnête, brut, véridique de ce que nous avons traversé'”.
Il aurait ensuite comparé le film à Cocksucker Blues, le documentaire controversé des Rolling Stones de 1972 jamais officiellement sorti, ajoutant : “Soit on fait comme les Stones et on le range dans un tiroir, soit on laisse ces gars faire le film qu’ils veulent. Ça me va.”
Grâce à ce feu vert décisif, Some Kind of Monster est devenu l’un des documentaires musicaux les plus acclamés de son époque, offrant une vision rare de l’intimité d’un groupe au bord de l’implosion.