Bad Omens nous parle de l'avenir du groupe : "Je considère que nous sommes clairement en train de sortir des sentiers battus, et je pense que ce serait cool si plus de gens faisaient ça"

à 18 h 18 min
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Bad Omens s'insurge contre les salles de concert qui prennent une part importante du merchandising des groupes
© Oswaldo Cepeda (MoodyDarkRoom)

À l’occasion du récent concert de Bad Omens à Paris (le 19 février à La Machine du Moulin Rouge), Joakim “Jolly” Karlsson, le guitariste du groupe de Metalcore américain, a accordé une interview à Tetralens pour MetalZone.

Le groupe a sorti son dernier album, The Death Of Peace Of Mind, en févrire 2022 via Sumerian Records.

Texte de Tetralens (tetralens.com) & photos de Bryan Kirks (bryankirks.com)

Tout d’abord, merci de nous avoir accordé cette interview, pour MetalZone. Vous êtes aujourd’hui l’un des groupes les plus acclamés et les plus attendus. Votre tournée actuelle est presque totalement complète, que ce soit aux États-Unis ou ici en Europe. Est-ce correct ?

Je crois que vous avez raison. Nous avons également déplacé certains concerts dans des salles plus grandes. Hier était l’exception, nous avons joué dans une salle où le plancher était plein, mais le balcon était fermé. Nous n’avons donc pas rempli cet espace, mais c’était bien. Je crois que cela représentait 400 ou 500 billets supplémentaires. Quand nous sommes arrivés ici et que nous avons commencé la tournée, tout était complet, puis nous avons fait de notre mieux pour remplir des salles plus grandes et ça a bien marché.

Bad Omens nous parle de l'avenir du groupe : "Je considère que nous sommes clairement en train de sortir des sentiers battus, et je pense que ce serait cool si plus de gens faisaient ça"
© Bryan Kirks (Presse)

Ce niveau de succès doit sûrement s’accompagner de beaucoup de pression, dans la mesure où les attentes des gens augmentent et où les fans spéculent sur l’avenir du son du groupe. Comment gérez-vous cela ?

La prochaine étape musicale [de Bad Omens] est tout aussi intéressante pour nous que pour les fans, car il n’y a rien de concret d’écrit et nous avons juste hâte d’entrer en studio et de travailler dessus. Nous avons fait le dernier album sans crainte. Sans essayer de plaire à qui que ce soit. Nous ne nous soucions pas de ce que les autres pensent [rires]. Quand on entend les gens dire “Vous devriez faire ceci ou cela”, ça nous passe au-dessus de la tête. Nous comptons faire ce qu’il nous plaît et enregistrer la musique que nous aimons.

Nous ne savons pas s’il s’agira d’un album très lourd ou d’un album très doux et léger ou si ce sera, vous savez, un peu de tout. Nous voulons juste nous assurer que ce sera un album cohérent. Il pourrait y avoir un peu de tout. Quoi qu’il en soit, nous ne souhaitons pas écrire une deuxième fois The Death Of Peace Of Mind. Nous voulons continuer à évoluer, écrire la musique qui nous vient naturellement. Nous préférons laisser la musique venir à nous et nous verrons ensuite ce que nous en ferons.

Je me demande ce qu’on va faire. Ça va être amusant, même si on ne sait pas encore ce que ça va être…

C’est vraiment cool de réussir à suivre sa voie sans se soucier des attentes des autres.

Oui, je pense que nous sommes plutôt bons pour faire confiance à nos instincts. Tout d’abord, nous faisons cela pour nous-mêmes. On écrit de la musique pour nous-mêmes. On ne l’écrit pas vraiment pour les fans. Ce sont juste des gens qui sont comme nous, qui pensent et aiment les mêmes choses que nous. Ce que je veux, c’est être fier de notre musique et je veux qu’elle soit émouvante d’une certaine manière, qu’elle soit lourde, belle ou émotionnelle. Nous voulons nous impressionner nous-mêmes et faire de la meilleure musique à chaque fois. Et puis quand nous la sortons, nous espérons simplement que les gens l’aiment. Et si ce n’est pas le cas, eh bien… [rires].

Bad Omens nous parle de l'avenir du groupe : "Je considère que nous sommes clairement en train de sortir des sentiers battus, et je pense que ce serait cool si plus de gens faisaient ça"
© Bryan Kirks (Presse)

Le son de Bad Omens mélange de multiples influences, allant du Metal au R&B en passant par la musique électronique. Et les paroles abordent des sujets psychologiques et émotionnels. Vous n’êtes pas seulement un groupe de metalcore classique, n’est-ce pas ?

Non, nous ne sommes plus un groupe de metalcore. Lorsqu’on me demande maintenant, je ne décris pas Bad Omens comme un groupe de metalcore. C’est plutôt un groupe de Rock moderne. Je n’ai jamais été préoccupé par les genres. Je ne m’en soucie pas du moment que la musique est bonne, mais nous venons clairement du milieu du metalcore. On ne peut pas le nier. Et on peut l’entendre un peu partout. Sur notre premier album, c’est évident. Sur le deuxième, un peu moins, mais ça reste présent. Le troisième a encore un peu de metalcore, mais on s’aventure et on explore en dehors de notre zone de confort et on essaie de créer de nouvelles choses cool qui n’existent pas vraiment. Nous voulons écrire des choses qui n’existent pas, que personne d’autre n’a fait auparavant. C’est plus amusant de faire des choses qui semblent originales.

Pensez-vous que c’est la raison pour laquelle le public du groupe est si diversifié ?

Probablement. Je pense que notre dernier album a clairement ouvert la porte à beaucoup de gens qui n’étaient pas forcément intéressés par le metalcore et le côté plus heavy de la musique. Ils ont découvert notre musique et l’ont trouvée cool. Ils ont peut-être découvert une chanson comme Just Pretend, qui est plutôt une chanson rock. Ce n’est pas une chanson de metalcore en soi, même si elle se trouve sur les playlists de metalcore sur Spotify et tout ça. Pour moi, c’est juste une chanson rock. Et j’ai l’impression que les fans de rock, qui sont bien plus nombreux que les gens qui n’écoutent que de la musique heavy, ont trouvé cette chanson, puis ils sont venus écouter d’autres morceaux et ont trouvé que c’était vraiment cool. Je pense donc que nous avons un peu comblé ce fossé [entre la scène metal et le grand public] avec notre dernier album, et c’était vraiment cool de le faire. C’est quelque chose que nous voulons continuer à faire. Être capable de combler ce fossé entre le monde du metal et les autres genres.

Bad Omens nous parle de l'avenir du groupe : "Je considère que nous sommes clairement en train de sortir des sentiers battus, et je pense que ce serait cool si plus de gens faisaient ça"
© Bryan Kirks (Presse)

Y a-t-il une chanson que vous aimez particulièrement jouer pendant cette tournée ?

Ça change d’un jour à l’autre. Pour moi, la partie la plus gratifiante du set est Who Are You?. C’est à peu près à la moitié du set, on peut se détendre un peu. Avant cela, nous avons une chanson lourde. Et [Who Are You?] est très calme, tout le monde se pose, même le public. Et puis on recommence après ça, ça lance la deuxième partie du set. Donc je dirais que c’est ma partie préférée. Mais toutes les chansons sont amusantes à jouer. J’aime aussi quand beaucoup de gens chantent, comme sur le premier morceau, Concrete Jungle. Tout le monde chante dans la salle et c’est très émouvant. Donc tout est généralement très agréable.

Quels ont été vos albums préférés ces derniers temps ?

Je suis le genre de personne qui écoute beaucoup de podcasts et de documentaires. Mais dernièrement, je me souviens avoir écouté le nouvel album de Meshuggah, que j’ai trouvé vraiment cool. Ils sont toujours géniaux, même si c’est l’un de ces groupes dont je ne peux pas écouter un album d’une traite, parce que cela équivaut à passer un examen de mathématiques. Ils sont super authentiques et ça rend accro.

Quelle est votre vision de l’avenir de Bad Omens et du monde de la musique en général ?

Question difficile. Qui peut le dire ? J’espère que les gens n’essaieront pas de reproduire exactement ce que nous faisons… Je considère que nous sommes clairement en train de sortir des sentiers battus, et je pense que ce serait cool si plus de gens faisaient ça. Je constate que d’autres groupes le font, comme Sleep Token qui propose des choses que personne n’a jamais entendues auparavant. Ce groupe a un chanteur avec une voix incroyablement belle et des guitares vraiment fraîches – c’est vraiment cool. Je pense qu’ils vont inspirer beaucoup de gens, tout comme nous, je suppose. J’espère simplement que les gens exploreront davantage et s’amuseront en le faisant. Si vous vous donnez à fond, je suis sûr que le résultat sera bon.

À propos de Tetralens

Cette interview a été réalisée par Tetralens, une photographe basée à Paris. Si vous souhaitez discuter avec elle de son travail et/ou collaborer avec elle, vous trouverez toutes ses informations ci-dessous !

TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.

PS : Les photos que vous avez vues ci-dessus ont été fournies par Bryan Kirks.