Fanalo s’apprête à sortir son premier album éponyme le 28 février via Base Prod. Nous avons discuté avec lui de la genèse de ce projet, de ses influences, de ses collaborations et de son regard sur la scène musicale actuelle.
Ton premier album Fanalo sortira le 28 février chez Base Prod. Peux-tu nous parler de la genèse de ce projet et de la direction musicale que tu as voulu lui donner ?
À vrai dire, ce n’était pas censé devenir un album. En 2019, après de nombreuses aventures, j’ai ressenti le besoin de tout arrêter et de m’enfermer chez moi, dans ma nouvelle maison, où j’avais enfin une pièce dédiée à la composition. Après des années à chercher “mon truc”, hésitant entre instrumental et chanté, prog et grunge, technique et brut, et en me demandant comment être “reconnu”, j’ai fini par lâcher prise. J’ai décidé de composer librement, sans attentes, et de publier mes morceaux sur Internet pour les quelques âmes égarées qui tomberaient dessus.
J’ai ainsi enchaîné les compositions, d’abord instrumentales, puis chantées. Bloqué sur la recherche d’un chanteur, j’ai pensé au premier album solo de Slash et me suis dit : “Pourquoi ne pas collaborer avec plusieurs vocalistes ?” Peu à peu, une dizaine de titres ont émergé, formant une unité qui me définissait bien. Après avoir fait écouter mon travail, j’ai reçu beaucoup d’enthousiasme, jusqu’à ce que Laurent Lefèvre de Base Prod me propose de m’aider. Et nous voilà en train d’en parler ensemble…
Ton single Hate For Sale a une approche plus metal et bénéficie de la présence de Jeff Scott Soto. Comment cette collaboration s’est-elle faite et quel a été son impact sur le morceau ?
Alors que je cherchais un chanteur, j’en ai parlé à mon frère Ron “Bumblefoot” Thal et lui ai demandé s’il connaissait quelqu’un dans la veine de Jeff. Dix minutes plus tard, je discutais avec Jeff lui-même !
C’était inattendu et magique, car il fait partie de mes chanteurs préférés. Il a rapidement manifesté un vrai enthousiasme pour le projet. Nous avons commencé avec Die To Live. Je lui ai envoyé l’instru, une idée de titre et de thème, et 24 heures plus tard, il m’a renvoyé le texte, le chant lead et les chœurs… J’en ai pleuré d’émotion. On a enchaîné avec New Found World, avec le même effet coup de poing. Quand j’ai travaillé sur Hate For Sale, le morceau le plus metal de l’album, c’est devenu une évidence : je devais lui proposer. Il m’a simplement répondu : “Fais péter !”. Grâce à lui, trois morceaux ont placé la barre très haut pour le reste de l’album, et je trouve que ses compagnons n’ont pas à rougir d’être à ses côtés.
Tu as mentionné que ce titre a été inspiré par l’actualité politique. En général, l’actualité influence-t-elle souvent ta musique ?
Plutôt que “l’actualité”, je parlerais de “contexte”, car il s’agit plus d’un ressenti global que d’événements précis. Mais oui, inconsciemment, il y a un fil conducteur dans l’album : il déplore comment notre diversité est devenue un motif de division et de confrontation, attisée par des profiteurs populistes exploitant nos peurs pour vendre de la haine (Hate For Sale, Why, Stone Cold Cynical). L’album aborde aussi les crises existentielles liées à cet environnement (Die To Live, Isolation), tout en portant un élan de révolte optimiste pour rappeler que nous pouvons nous unir pour un monde meilleur (Rebirth, New Found World, Rise).
Tu fais un pont entre plusieurs influences comme Steve Vai, Pantera et Dream Theater. Comment as-tu trouvé cet équilibre entre ces styles ?
Je pense que c’est le fruit de l’acceptation de ma diversité musicale. Plutôt que d’opposer mes influences, j’ai choisi de les fusionner. Peut-être qu’avec l’âge, j’ai gagné en maturité et en sérénité. Je n’ai plus besoin de prouver quoi que ce soit. J’ai simplement appris à m’accepter et à composer en toute liberté. Finalement, ce mélange d’influences m’a permis d’être moi-même, tout simplement.
Tu vas ouvrir pour Freak Kitchen lors de leur tournée française en mars. Que ressens-tu à l’idée de partager la scène avec eux ?
J’ai l’impression de repartir en colo avec mes copains ! J’ai déjà ouvert plusieurs fois pour eux à Bordeaux, et nous avons tourné ensemble quand je jouais dans Bumblefoot. J’ai hâte de retrouver mes potes sur la route et de les revoir sur scène. Ce groupe est incroyable en live. Je vous conseille vraiment de venir, ça promet d’être un super moment. Mes musiciens et moi sommes prêts à bien vous chauffer avant que nos amis vikings ne prennent le relais !
Comment vois-tu la scène française actuelle en termes de rock et de metal instrumental ?
La France regorge de talents qui mériteraient un contexte plus favorable. Vendre des albums, tourner, et se faire une place est devenu difficile. Heureusement, certains tiennent bon. Gojira a ouvert la voie, et croyez-moi, devenir un groupe majeur en partant des Landes et en faisant du death progressif écolo, c’était loin d’être gagné !
Je pense qu’il ne faut rien attendre et se donner à fond. Être soi-même à 100%, croire en son projet comme si l’on voulait devenir Metallica. Ensuite, c’est une question de réseau, d’opportunités, d’ambition et de karma. Il y a des groupes et musiciens incroyables en France, et le public a un rôle clé dans leur succès. Personnellement, j’admire des groupes comme Klone, Gno, The Prize, Wizard, Burning Jake, Hardwired, et des guitaristes comme Julien Lacharme, Martial Allart, Richard Daudé et Jean Fontanille. Il y a tant de talents à découvrir !
Un dernier mot pour les lecteurs de MetalZone qui suivent ton travail ?
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