Bumblefoot revient avec un nouvel album instrumental, Bumblefoot …Returns!, sorti le 24 janvier 2025. Dans cette interview exclusive pour MetalZone, Ron “Bumblefoot” Thal nous parle du processus créatif derrière cet album, de ses collaborations prestigieuses et de son évolution musicale…
Votre dernier album Bumblefoot …Returns! est sorti le 24 janvier 2025. Pouvez-vous nous parler du processus créatif derrière ce disque ?
Tout a commencé début mars 2020, après que Sons Of Apollo ait brusquement interrompu sa tournée européenne en raison de la pandémie. J’étais seul en studio chaque jour, avec beaucoup de temps pour faire tout ce que je n’avais jamais eu l’occasion de faire. La première chose que j’ai faite a été de sortir un single instrumental intitulé Planetary Lockdown, accompagné d’une vidéo de backing track permettant aux musiciens d’y ajouter leur propre performance. Près de 500 personnes ont participé – guitaristes, bassistes, batteurs, claviéristes, chanteurs, instrumentistes classiques…
Ensuite, j’ai commencé à écrire de la nouvelle musique avec Derek Sherinian (claviériste de Sons Of Apollo), ce qui a donné naissance au premier album de notre nouveau groupe, Whom Gods Destroy, avec Dino Jelusick au chant. Par la suite, j’ai sorti deux EP acoustiques, Barefoot 2 et Barefoot 3, disponibles sur ma page Bandcamp. Enfin, j’ai commencé à écrire mon album solo instrumental, sans limites ni règles, en me laissant simplement porter par mes inspirations.
Vous avez collaboré avec des musiciens légendaires comme Steve Vai, Brian May et Guthrie Govan sur cet album. Comment ces collaborations ont-elles vu le jour ?
À l’origine, je n’avais pas prévu d’inviter des artistes, mais au fur et à mesure que certaines chansons prenaient forme, elles nécessitaient une touche unique que seuls certains musiciens pouvaient apporter. J’ai rencontré Guthrie en 1989 lorsque nous étions adolescents, et le morceau Anveshana est basé sur un riff que j’avais depuis cette époque. Il m’a semblé parfait pour un solo en duo avec lui.
Monstruoso nécessitait un son “extraterrestre”, et personne ne sait mieux faire sonner une guitare comme si elle venait d’un autre monde que Steve Vai. Once in Forever regorge de mélodies et d’harmonies, et seul Brian May pouvait lui donner l’esprit dont elle avait besoin. Sur ce morceau, Jerry Gaskill de King’s X joue de la batterie, et Derek Sherinian est aux claviers. Toutes les autres parties de batterie sur l’album sont assurées par Kyle Hughes, mon batteur depuis près de dix ans.
Enfin, Funeral March était initialement écrit pour piano, mais il nécessitait un violon expressif en tant qu’instrument principal. Ben Karas, violoniste du groupe Thank You Scientist, était le choix évident. Chaque invité a apporté quelque chose que je n’aurais pas pu faire seul, et je leur en suis très reconnaissant.
La tracklist mélange des influences variées, du classique (Chopin, Funeral March) au rock progressif lourd. Comment abordez-vous ce mélange de styles ?
Je ne planifie rien à l’avance, je me laisse guider par l’instant et l’inspiration du moment. Un album instrumental solo me permet d’explorer librement toutes les facettes de mon identité musicale, sans contraintes. J’aime le contraste et le mélange des styles, c’est quelque chose que j’ai toujours fait.
Un bon exemple est T-Jonez, tiré de mon album Uncool. Il commence comme une chanson lounge avant de basculer dans du “metal reggae”, avec des chants africains et des lignes de violoncelle orientales. J’adore les surprises et l’inattendu.
En regardant votre carrière, de Guns N’ Roses à Whom Gods Destroy, comment pensez-vous que votre identité musicale a évolué ?
J’espère être devenu une meilleure version de moi-même avec les années. C’est l’objectif en tant que personne : être plus à l’aise avec soi-même, apprendre de ses erreurs et toujours donner le meilleur de soi. Cette philosophie de vie devrait transparaître dans la musique.
Il y a 30 ans, j’étais un “chiot indompté”, plus frénétique et plongé dans un monde encore inconnu. Aujourd’hui, j’ai vécu, j’ai plus d’expériences derrière moi que devant, et c’est une chose dont je suis reconnaissant. Tout peut s’arrêter demain, alors autant profiter et faire en sorte que notre passage sur Terre ait un impact positif.
Qu’est-ce qui vous motive encore à créer et expérimenter après toutes ces années dans l’industrie musicale ?
J’ai toujours aimé explorer, expérimenter et découvrir. Aujourd’hui, la technologie nous permet d’explorer tant de sons et de styles, et de nous connecter facilement au monde entier. Mon pédalier Line 6 Helix, par exemple, a été essentiel pour …Returns! (tous mes presets sont disponibles ici), et Cubase a rendu possible la production de l’album. Nous avons plus de possibilités que jamais, et c’est une source inépuisable de motivation.
Vous êtes reconnu pour votre maîtrise technique de la guitare. Continuez-vous à vous lancer des défis avec de nouvelles techniques ou de nouveaux styles ?
Il y a toujours quelque chose à apprendre et à améliorer, que ce soit sur le plan technique, du chant, de l’écriture ou de la production. Plus on pratique, plus on progresse. Se challenger et évoluer est essentiel.
Quels artistes ou groupes écoutez-vous en ce moment ? De nouvelles inspirations ?
J’adore enseigner et produire, aider d’autres artistes à façonner leur musique. Je travaille avec de nombreux groupes talentueux qui méritent d’être entendus. Je suis fier de voir ces groupes évoluer et sortir leur musique.
J’ai un partenariat avec Deko Records pour la distribution des albums des groupes que je produis. Par exemple, The Dodies viennent de sortir leur troisième album Dreamism, avec un clip pour Falsetto. Je termine également la production du nouvel album du groupe de doom metal Evoken…
Un dernier message pour les lecteurs de MetalZone et vos fans ?
Merci pour toutes ces années de soutien ! J’espère que vous apprécierez l’album (et le jeu vidéo ! voir ici), et j’espère vous voir bientôt !