L'Olympia à l'heure pagan : Heilung, Eivor et Lili Refrain ensorcellent le public français

à 15 h 45 min
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L'Olympia à l'heure pagan : Heilung, Eivor et Lili Refrain ensorcellent le public français
© Tetralens

L’effervescence est palpable dans l’impressionnante file d’attente qui s’étire devant la mythique salle parisienne. Ce soir-là, le public attend la performance à guichets fermés du collectif de musique nordique/pagan (parfois présenté comme du “folk expérimental”) Heilung.

Comme leurs précurseurs de Wardruna dirigé par Einar Selvik, Heilung enchante depuis quelques années par sa musique et son univers intemporel un public de plus en plus large, mettant à l’honneur non seulement les sonorités des pays d’Europe du Nord largement plébiscitées grâce au succès de la série Vikings, mais aussi une forme d’art de vivre fortement marquée par la spiritualité qu’ils prônent à travers non pas des concerts, mais des cérémonies.

Pour les accompagner dans les performances de cette tournée, deux artistes de grande qualité, choisis avec goût et à propos, Eivor et Lili Refrain.

Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)

Lili Refrain

Après un petit tour de la salle basse et du balcon avec le scénographe de Heilung, je vois le lieu se remplir sans discontinuer, pour une jauge presque pleine quand déjà les lumières de la scène se lèvent sur l’apparition de Lili Refrain.

L'Olympia à l'heure pagan : Heilung, Eivor et Lili Refrain ensorcellent le public français

Une découverte totale pour moi. Ce petit bout de femme orchestre, seule à sa platine de loops, réussit en quelques minutes à captiver un public initialement plus ou moins dubitatif.

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L’artiste italienne se distingue par un style musical assez personnel et relativement nouveau, combinant une multitude d’influences hétéroclites, non pas agglomérées, mais tissées avec finesse, donnant lieu à un résultat à la croisée de la dark wave, de la musique folk, et du psychédélisme doux ; on sent comme une filiation Dead Can Dance ou Arcana, mais en version 2.0 légèrement infusée d’arrangements électro.

L'Olympia à l'heure pagan : Heilung, Eivor et Lili Refrain ensorcellent le public français

Quoi qu’il en soit, le résultat est immersif et captivant, et l’on quitte le set avec l’étrange impression que les morceaux, qu’ils soient issus de Mana, son album de 2022, ou des trois précédents opus, ont laissé leur empreinte en nous.

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Eivor

L’artiste virtuose originaire des îles Féroé est ici ce soir en quasi soliste ; en effet, seul un claviériste l’accompagne. Sur un court extrait de sa discographie, Eivor (Pálsdóttir) nous fait voyager et interprète des titres mettant en valeur son timbre si particulier dans un parcours vocal aussi cristallin que guttural.

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Elle commence le set avec le morceau relativement nouveau écrit comme thème pour la série The Last Kingdom, et le termine avec le joyau de tradition et de technicité vocale qu’est Trollabundin.

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Le minimalisme de la majorité des titres, des jeux de lumière, souligne son charisme au-delà de sa musique, et offre une parenthèse suspendue d’une rare élégance.

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Setlist :

  • The Last Kingdom
  • Salt
  • Lívstræðrir
  • I Tokuni
  • Gullspunnin
  • Trollabundin

Heilung

Après une pause relativement courte, la salle se remplit encore plus d’un public impatient, et s’emplit de volutes de fumée, donnant à l’atmosphère une vibration particulière. Dans une entrée sobre et calme, Kai Uwe Faust, Maria Franz, et l’ensemble du collectif se rassemblent sur scène. Ce rassemblement se transforme en quelque chose de spécial. Et nous comprenons que nous avons basculé dans le temps de la cérémonie. Cette première phase n’est pas considérée par le collectif comme une performance à proprement parler, mais plutôt comme une prémisse immersive pour eux et pour le public.

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Le premier morceau joué, In Maidjan (extrait d’Ofnir, 2018), vous met directement dans l’ambiance de Heilung, avec ces phrases scandées sur des percussions comme des battements de cœur, sur fond de souffles venteux à la fois beaux et inquiétants. Une lente progression de plus de douze minutes qui nous enveloppe.

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Le morceau suivant, Alfadhirhaiti, est la suite logique de cette plongée dans un temps suspendu, éveillant en nous une sorte de conscience collective, l’impression (ou le souvenir) d’une connexion aux autres et à une nature encore vivante quelque part.

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Après Asja, le morceau d’ouverture de Drif (opus de 2022), j’ai le plaisir de revoir Krigsgaldr sur scène. On m’avait dit que la mise en scène était devenue plus complexe. Et si j’ai déjà vu Heilung joué plusieurs fois, ici la richesse des mouvements, des performances et des effets de lumière rendent la cérémonie incroyablement immersive. Comme un chef-d’œuvre complexe et contrasté, une sorte d’œuvre de Gustave Moreau, mise en musique, dont le son réveille le moi profond, l’instinctif.

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Avec une majorité de titres d’Ofnir et Futha (respectivement de 2018 et 2019), le set met peu l’accent sur le dernier album, Drif, mais conserve ainsi une progression cohérente. Les interprétations de Norupo et Traust, ou Svanrand, génèrent une frénésie de tous les côtés dans le public qui a majoritairement rejoint la transe collective.

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Sur Hamrer Hippyer, l’énergie se répand absolument partout dans la salle, et le public accompagne cette dernière chanson d’une standing ovation assez impressionnante.

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Une soirée superbement organisée et interprétée, vibrante et intense, dans une bulle à la fois intemporelle et qui réveille pourtant nos instincts profondément liés à la nature et aux autres.

L'Olympia à l'heure pagan : Heilung, Eivor et Lili Refrain ensorcellent le public français

Setlist :

  • Opening Ceremony
  • In Maidjan
  • Alfadhirhaiti
  • Asja
  • Krigsgaldr
  • Hakkerskaldyr
  • Svanrand
  • Norupo
  • Othan
  • Traust
  • Anoana
  • Galgaldr
  • Elddansurin
  • Hamrer Hippyer
  • Closing Ceremony

À propos de Tetralens

Cet article a été rédigé par Tetralens, qui est également la propriétaire de toutes les photos que vous avez vues ci-dessus.

Tetralens est une photographe basée à Paris. Si vous souhaitez discuter avec elle de son travail et/ou collaborer avec elle, vous trouverez toutes ses informations ci-dessous !

TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.