The Hu : Quand le Folk Metal de Mongolie conquiert Paris

à 18 h 40 min
Lecture 7 min.
The Hu : Quand le Folk Metal de Mongolie conquiert Paris
© Tetralens

Il y a quelques semaines, j’ai rencontré The Hu pour une interview accordée à MetalZone, à l’occasion de leur concert à guichet fermé au Casino de Paris.

Quelques heures avant le concert, le groupe a été reçu à l’Unesco pour obtenir le titre d’artiste pour la paix. Une première pour un groupe de musique extrême, qui met en avant à la fois leur singularité musicale, mais aussi leur culture mongole, notamment par l’utilisation d’instruments traditionnels dans des compositions ou des duos insolites.

Ce soir-là, l’élégante salle parisienne a accueilli un public composé d’amateurs de gros son, de rêveurs amoureux de musique folklorique et de personnes très attachées à la culture mongole. Un joli mélange constituant un public dynamique de mélomanes avertis.

Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)

King Nun

Le nom du groupe et l’empreinte musicale spécifique de The Hu me laissaient penser que nous allions découvrir quelque chose dans la même veine que les stars de la soirée. Pas du tout.

The Hu : Quand le Folk Metal de Mongolie conquiert Paris

En l’état, King Nun, groupe de jeunes londoniens, proposant un Rock garage dynamique, surprend. Du moins, au début, il faut être honnête, en raison de l’opposition totale avec ce à quoi on pouvait s’attendre. Mais aussi, parce qu’au final, c’est pêchu, un peu décousu mais toujours agréable et frais. Une sorte de brit pop aux couleurs grunge. Des titres comme Chinese Medicine ou Hung Around représentent bien leur style.

The Hu : Quand le Folk Metal de Mongolie conquiert Paris

Je m’éclipse avant la fin de la performance pour rejoindre les leaders de The Hu, Nyamjantsan “Jaya” Galsanjamts et Galbadrakh “Gala” Tsendbaatar (oui, ça m’a fait pareil, je me suis sentie un peu désemparée au niveau de la prononciation), ainsi que leur traducteur mongol/anglais, afin de leur poser quelques questions avant qu’ils ne se préparent pour leur set.

Avec beaucoup de calme et de bienveillance, les deux musiciens parlent de leur fierté de représenter la Mongolie, et de partager leur vision du lien à la nature à travers leur musique.

De retour dans la salle, j’abandonne rapidement l’idée de prendre un verre à cause de la file d’attente interminable. Retrouver le chemin de la scène est un exercice compliqué. Quelques drapeaux aux couleurs du pays des steppes flottent déjà au-dessus de la foule impatiente à l’approche de la performance.

The Hu

Lorsque le (grand) collectif mongol apparaît sur scène, une vague de clameur se propage du fond de la salle, du balcon, et des irréductibles près des crash barrières.

The Hu : Quand le Folk Metal de Mongolie conquiert Paris

L’entrée se fait sur une sorte de mashup de titres qui ont joué un rôle important dans l’émergence du groupe auprès du grand public, Shihi Hutu, Shoog Shoog et le très entêtant The Gereg.

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Quand on y pense, il n’aura fallu que quelques années à The Hu pour atteindre un rang international. Créé en 2016, le groupe participait déjà trois ans plus tard à une multitude de grands festivals, dont le Download Festival en 2019 où ils avaient retourné la Dogtooth Stage, (scène couverte) complètement pleine à craquer, où je me suis d’ailleurs retrouvée au milieu d’un joyeux circle pit.

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Les années suivantes, The Hu a multiplié les projets annexes ou en duo avec d’autres artistes, comme Song Of Women avec Lzzy Hale (Halestorm), la reprise de Yuve Yuve Yu avec From Ashes To New, un titre figurant dans le film Fallen Order de la saga Star Wars Jedi, ou le duo avec Jacoby Shaddix (Papa Roach) sur Wolf Totem, un titre figurant dans le film The Retaliators, une production Better Noise.

The Hu : Quand le Folk Metal de Mongolie conquiert Paris

Vient ensuite The Great Chinggis Khaan, un morceau à la progression plus calme, marqué par la présence d’un chant guttural avec une technique vocale très particulière. Les musiciens ont chacun leurs propres compétences, et chacun donne vie aux sons à travers un instrument spécifique. Jaya, chanteur et flûtiste du collectif, est accompagné par Gala, chanteur de khöömei (“throat singing”) et joueur de morin khuur – une sorte de violon – mais aussi par Enkhasaikhan “Enkush” Batjargal également sur morin khuur, et Temuulen “Temka” Naranbaatar qui officie avec discrétion au tovshuur, une sorte de guitare (élément par ailleurs central dans le processus de composition et d’arrangement des morceaux).

The Hu : Quand le Folk Metal de Mongolie conquiert Paris

En arrière-plan, les autres membres forment la section rythmique avec batterie et percussions, entre autres.

The Hu : Quand le Folk Metal de Mongolie conquiert Paris

Le set se poursuit avec ferveur, y compris dans le public qui répond avec enthousiasme à ce “hunnu rock”, terme spécifique qui désigne le Folk Metal de The Hu, avec notamment le titre Bii Biyelgee aux accents plus joyeux, issu du dernier album Rumble Of Thunder, mettant la foule en émoi. C’est l’occasion d’entendre le son du tumur hhuur, sorte de guimbarde traditionnelle mongole.

The Hu : Quand le Folk Metal de Mongolie conquiert Paris

Yuve Yuve Yu, un titre de l’album The Gereg, qui a contribué au succès du groupe à ses débuts, a un son étonnamment bluesy, comme si la Mongolie et le Bayou avaient fusionné en une seule chanson.

The Hu : Quand le Folk Metal de Mongolie conquiert Paris

Wolf Totem, l’une de mes chansons préférées du groupe, porte l’ambiance au sein du public à un niveau supérieur.

The Hu : Quand le Folk Metal de Mongolie conquiert Paris

Les musiciens prouvent à travers l’ensemble de cette performance qui se poursuit notamment avec This Is Mongol ou la reprise de Sad But True en rappel, la grande maîtrise de la scène qui est la leur. À travers leur musique unique, exotique et puissante, The Hu nous fait vibrer de mysticisme et d’un lien fort avec la nature, tout en proposant des sonorités festives ou mélancoliques qui se dégagent de certaines mélodies, soulignées par une superposition de timbres issus des nombreux instruments présents sur scène, offrant une délicieuse complexité.

 The Hu : Quand le Folk Metal de Mongolie conquiert Paris

Le succès de The Hu n’est pas le fruit d’une coïncidence ou d’un phénomène de mode, mais l’écho d’un intérêt de leur public pour une signature originale et surprenante. Une superbe soirée.

The Hu : Quand le Folk Metal de Mongolie conquiert Paris

Setlist :

  • Medley -> Shihi Hutu + Shoog Shoog + The Gereg
  • The Great Chinggis Khaan
  • Uchirtai Gurav
  • Shireg Shireg
  • Bii Biyelge
  • Tatar Warrior
  • Yuve Yuve Yu
  • Wolf Totem
  • Black Thunder
  • This Is Mongol

Rappel :

  • Sad But True (Metallica cover)

À propos de Tetralens

Cet article a été rédigé par Tetralens, qui est également la propriétaire de toutes les photos que vous avez vues ci-dessus.

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TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.