Lorsque j’ai remarqué que Kreator et Lamb Of God prévoyaient une tournée commune qui passerait par Paris, j’étais bien sûr très impatiente. D’autant plus dans la salle mythique de l’Olympia. La perspective de découvrir sur scène l’excellent album Omens sorti en octobre dernier, faisait que la date était encore plus attrayante ; en plus de revoir en live la référence du Thrash Metal qu’est Kreator… autant dire que ce concert représentait un grand moment à ne pas rater.
Le hall de l’Olympia est rempli d’un beau florilège de métalleux, et accueille une ambiance particulièrement positive à l’approche de la soirée.
Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)
Municipal Waste
C’est Municipal Waste qui donne le coup d’envoi des représentations. Les trublions de Virginie, maîtres en matière de thrash metal fortement influencé par le punk hardcore, tant dans le style musical, dans les paroles, que dans l’ambiance fun qui va avec, montent sur scène avec une détermination pas du tout masquée, pour faire basculer Paris dans la bonne humeur.
Après une intro sur I’m A Rebel d’Accept, Tony “Guardrail” Foresta et son groupe nous offrent Demoralizer, un titre à l’intro aux sonorités quasi Maiden-esques, agrémenté de bribes de solo de guitare virtuose (Ryan Waste) et de voix punk thrashy qui décapent les oreilles. Suit Breathe Grease, un titre issu de Slime and Punishment (2017), avec cette combinaison spécifique d’une rythmique presque old school et d’une énergie très punk.
J’apprécie beaucoup la lourde empreinte portée par The Thrashin’ of the Christ, sur laquelle la fosse commence à s’ouvrir plus sérieusement, et les premiers corps qui s’entrechoquent apparaissent au devant de la scène. Tony est en pleine forme et joue beaucoup avec le public, notamment lorsqu’il remonte son t-shirt, tout torse et tout bidon dehors !
Grosse ambiance sur Grave Dive, un des exemples les plus décomplexés d’Electrified Brain (2022). La succession de You’re Cut Off et Sadistic Magician n’offre pas de grandes nuances, et Slime and Punishment, dans la foulée, obtient un peu plus de réactivité de la part du public. Headbanger Face Rip est l’occasion de prêter plus d’attention à la batterie rapide et efficace de Dave Witte.
High Speed Steel est un de mes moments préférés du set de Municpal Waste avec un équilibre appréciable et des passages assez élaborés avec des croisements guitare/basse, et quelques passages en chœur qui donnent du volume à l’ensemble.
Après Wave of Death, très apprécié du public, le set se conclut avec Born to Party, dans un joyeux bazar où le public participe avec plaisir et fait honneur au groupe avec un mosh pit magistral.
Setlist :
- Demoralizer
- Breathe Grease
- The Thrashin’ of the Christ
- Poison the Preacher
- Grave Dive
- You’re Cut Off
- Sadistic Magician
- Slime and Punishment
- Headbanger Face Rip
- High Speed Steel
- Wave of Death
- Born to Party
Kreator
Un peu plus de vestes à patchs, un peu moins de converses, on remarque un léger changement dans les participants des premiers rangs, en prévision de la performance de Kreator. Après un changement de scène, le tamisage des lumières annonçant l’arrivée imminente des Allemands, fait rugir la foule.
Après une intro sur un classique de Maiden, puis celle très mélodieuse de leur dernier album, les valeurs sûres du thrash metal ouvrent le bal avec Hate Über Alles, titre éponyme de l’album événement de 2022, posant ainsi les bases de leur style empreint de force et d’une certaine noirceur qui contraste avec le groupe précédent.
Hail to The Hordes, un titre de 2017, issu de l’acclamé Gods of Violence, met l’ambiance pour les fans inconditionnels comme pour le reste du public. Il faut dire que ce titre a tout pour plaire, une intro épique et puissante, une ligne mélodique entêtante, un chant rageur très bien posé (même si un peu moins énergique en live que sur album).
Awakening of The Gods, dont le rendu est – à mon avis – un peu fouillis ce soir, est succédé par le brutal Enemy of God, où les headbangs dans la foule sont légion, semblant redoubler l’engagement des musiciens. La soirée se poursuit avec Midnight Sun, puis Satan is Real. C’est un grand moment de la performance, le public est en osmose avec le groupe, sur ce morceau qui compte parmi les plus emblématiques de Kreator. Et je comprends pourquoi. C’est puissant, viscéral, entraînant, encore plus en live, où Miland “Thousand” Petrozza nous montre toute l’étendue de son talent.
Je suis particulièrement réceptive à 666 – World Divided ainsi qu’à Strongest Of the Strong. Puis, Phantom Antichrist (2012) met la foule en ébullition, avec des flots de slams portés par la ligne mélodique lancinante et les passages mettant en valeur une certaine virtuosité à la guitare.
The Patriarch, un passage relativement calme, introduit à propos Violent Revolution (2001), un morceau très apprécié de leur (longue) discographie. La performance de Kreator se termine par Pleasure to Kill. Une belle performance que beaucoup ont appréciée ce soir.
Setlist :
- Intro : Run to the Hills (Iron Maiden)
- Sergio Corbucci Is Dead
- Hate Über Alles
- Hail to the Hordes
- Awakening of the Gods (intro)
- Enemy of God
- Phobia
- Midnight Sun (avec Sofia Portanet)
- Satan Is Real
- Hordes of Chaos (A Necrologue for the Elite)
- 666 – World Divided
- Mars Mantra
- Phantom Antichrist
- Strongest of the Strong
- Flag of Hate
- The Patriarch
- Violent Revolution
- Pleasure to Kill
- Outro : Apocalypticon
Lamb Of God
Bien que j’ai passé un bon moment à regarder la performance de Kreator, je dois admettre que je suis impatiente de revoir Lamb Of God sur scène.
L’identité si spécifique du groupe américain suscitant déjà mon engouement, je suis encore plus enthousiaste à l’idée d’entendre les extraits d’Omens, l’album événement de 2022.
Fébrilité dans le pit photo, je réagis instantanément aux premières notes de Memento Mori ! Cette introduction qui représente à merveille l’essence de Lamb Of God, sombre, presque lugubre, posant un décor onirique qui évoque de douloureux méandres psychologiques, qui laisse place a une explosion de rage libératrice, parfaitement incarnée par la voix de ce génie qu’est Randy Blythe, idéalement mise en valeur par le jeu précis et robuste d’Art Cruz à la batterie.
Le frontman montre dès ce premier titre un engagement total sur scène, et même si les autres musiciens sont moins mobiles, le jeu est tout aussi puissant. Bon, vous l’aurez compris, je suis déjà conquise. Ça prend aux tripes, c’est propre, et puissant.
Ruin, extrait de l’album de 2003, est un choix opportun pour poursuivre, une mélodicité moins marquée mais une belle force avec des rugissements vocaux du plus bel effet, couplés au mouvement des cheveux (enfin des dreadlocks) absolument mémorables dont Randy a le secret. Un petit saut depuis la batterie, et hop, vous avez tous les éléments d’un grand show.
J’ai dû me contrôler pour rester concentrée sur mes prises de vue lorsque le début de Walk With Me in Hell a retenti… Ce titre incarne pour moi la quintessence du sentiment de liberté. Oui, je sais, cela peut paraître étrange. De la puissance, une rythmique qui répond aux battements du cœur, une lourdeur imposante rehaussée par des parties de guitares élaborées et atypiques, restituées avec l’incomparable brio de Mark Morton. Un concentré de perfection au service du Metal.
Resurrection Man (présent sur l’album de 2020) met également en scène ce metal à la fois thrash, death et groovy, empreint de la moiteur du sud américain, et dont la puissance rythmique vous malmène tout en incarnant la force libératrice de vos émotions les plus sombres.
Pas de répit, la setlist est composée avec beaucoup de goût, puisque Ditch enchaîne dans la foulée, l’un des joyaux de l’album Omens. Double pédale, flow précis servi par une voix violente et profonde, et des pépites de riffs saturés.
Now You’ve Got Something to Die For et Contractor se succèdent. J’étais tellement absorbée que je remarque seulement maintenant la tornade qui se produit dans la foule. Les fans du groupe, littéralement corps et âme, sont absorbés et entraînés par la performance qu’offre le groupe.
Après une accalmie (relative) sur Omerta, Omens fait monter d’un cran la ferveur du public. Dans ce morceau, quelques centilitres de férocité vocale, une bonne dose de mélodicité, ajoutez quelques cymbales pour rehausser le tout, n’oubliez pas une basse puissante qui donne du corps à l’ensemble, remuez à un rythme effréné, laissez mijoter pendant environ 3min40 : vous obtenez un vrai régal pour les oreilles !
11th Hour et 512 précèdent à Vigil. Cette intro délicatement mélancolique se transforme en bulldozer à mesure que la lourdeur sombre se déploie sur ce titre issu de As the Palaces Burn (2003).
Laid to Rest, dont les rythmes saccadés évoquent les syncopes d’un esprit torturé, nous plonge un peu plus dans l’univers de Lamb Of God. Frénésie ultime, le groupe nous offre Redneck en guise de clôture de la performance. Une toile de fond qui contient toute la force et les nuances vocales de Randy Blythe, sur un titre restitué à merveille.
Un talent et une énergie offerts sans concession, une setlist superbement composée, mettant en avant à la fois le dernier album et les classiques de Lamb Of God, devant un public totalement absorbé et conquis… Une des meilleures expériences live de cette année !
Setlist :
- Memento Mori
- Ruin
- Walk With Me in Hell
- Resurrection Man
- Ditch
- Now You’ve Got Something to Die For
- Contractor
- Omerta
- Omens
- 11th Hour
- 512
- Vigil
- Laid to Rest
- Redneck
À propos de Tetralens
Cet article a été rédigé par Tetralens, qui est également la propriétaire de toutes les photos que vous avez vues ci-dessus.
Tetralens est une photographe basée à Paris. Si vous souhaitez discuter avec elle de son travail et/ou collaborer avec elle, vous trouverez toutes ses informations ci-dessous !
TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.
