Dans un Paris bouleversé par les mouvements sociaux, j’arrive à la Salle Pleyel pour me réfugier, le temps d’une soirée, de ce quotidien anxiogène.
Le public est au rendez-vous dans cette salle prestigieuse sous la houlette de l’Agence Singularités, pour un programme de qualité.
Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)
Hangman’s Chair
C’est avec le quatuor parisien de sludge/doom metal que les performances commencent. Toujours dans un décor dépouillé, sous l’œil du logo en arrière-plan, dans une certaine pénombre, Medhi Birouk Thépegnier prend place à la batterie, suivi de Clément Hanvic, Julien Chanut et Cédric Toufouti.
Ils entament un set plein de sens, devant un public attentif, absorbé, et pour beaucoup, venu spécialement pour eux. Avec des titres comme Cold & Distant et Loner, nous assistons à un panel assez représentatif de leur discographie inspirée.
Cédric (qui porte un t-shirt Karras, toujours sympa de soutenir ses amis) est magistral vocalement et Clément à la basse toujours aussi communicatif avec le public. Malgré le plaisir de les voir sur cette belle scène, tantôt dans un halo bleu, tantôt baignée d’une lumière rouge sang, ce set d’une demi-heure me semble vraiment trop court.
Le set se termine avec Medhi qui présente fièrement à la foule la nouvelle génération dans ses bras…
Setlist :
- An Ode to Breakdown
- Cold & Distant
- Who Wants to Die Old
- Loner
- Sleep Juice
- Naive
Der Weg einer Freiheit
Après une pause technique où l’élégante salle se remplit d’une foule dense, dont certains membres sont si assoiffés qu’ils goûteront une bière fort coûteuse au bar de la salle… le reste du programme reprend avec Der Weg einer Freiheit, un groupe de Metal extrême allemand.
Dans une ambiance générale relativement morose, des sonorités ici et là presque martiales, les membres du groupe bavarois sont plutôt dans la retenue, presque impassibles. Après Morgen, le set se poursuit dans une relative linéarité hormis quelques passages plus engagés.
Bien que je reconnaisse une forte identité dans ce groupe, je ne suis pas absorbée par la performance. Je dois admettre que mon intérêt pour le groupe précédent peut également fausser mon jugement.
Setlist :
- Morgen
- Repulsion
- Am Rande der Dunkelheit
- Einkehr
- Aufbruch
Amenra
Après un second intermède, la salle trépigne d’impatience avant le set d’Amenra, visiblement très attendu.
Le collectif emblématique de doom belge fait son entrée dans un brouillard dense. Amenra est connu pour avoir une vibe cinématographique très travaillée, notamment avec des projections continues sur écran géant, qui servent et font partie intégrante de leur univers musical. Et effectivement, on est servi.
Dès le début du set, Colin H. van Eeckhout nous tourne le dos et il maintiendra cette posture pendant la quasi-totalité du set.
Chaque morceau est une longue histoire, viscérale et rageuse, qui vous embarque profondément, portée par les mélodies poignantes vécues et transmises intensément par les différents musiciens et surtout par le chanteur.
Un moment très immersif, hypnotique et intense, que l’expérience live décuple, à l’image de groupes comme Loathe ou Watain pourtant aux expressions musicales très différentes.
Le groupe quitte la scène acclamé par la foule.
Setlist :
- Razoreater
- De Evenmens
- Plus près de toi (Closer to You)
- A Solitary Reign
- Diaken
Après de telles émotions, beaucoup de gens semblent un peu chamboulés. Je profite de la pause pour me rendre aux différents stands de merchandising où Igorrr se fait dévaliser son t-shirt tête de mort composé de coqs, et où, chez Hangman, Clément met lui-même la main à la pâte, tout en prenant le temps d’échanger quelques mots toujours sympathiques.
Igorrr
La fosse est pleine à craquer, les places assises aussi. La lumière s’allume progressivement sur le pupitre moucharabieh qui se trouve au centre de la scène. Gautier Serre, alias Igorrr, fait son apparition sous les ovations, et chauffe la salle seul aux platines puis la performance commence à proprement parler avec l’arrivée du reste du collectif.
Dans une expression musicale toujours aussi singulière d’électro Black Metal baroque, qui contraste avec le reste de la soirée, nous assistons à une succession de morceaux aux univers et influences très divers. Toutefois, le fil rouge est difficile à trouver ce soir, contrairement aux précédentes performances du groupe auxquelles j’ai pu assister.
C’est l’occasion de découvrir le registre vocal de Marthe Alexandre qui a succédé à la charismatique Aphrodite Patoulidou. Moins de fantaisie, plus de douceur, mais la qualité est là. JB Le Bail est toujours aussi impressionnant de présence, et Sylvain Bouvier donne beaucoup de corps à la performance à la batterie, sans parler des riffs furieux de Martyn Clément à la guitare.
Le voyage est toujours assuré au fil des morceaux, que ce soit via les sonorités orientales, des pays balkaniques, ou via les lourds passages électro, le tout patiné par un metal omniprésent. Si la perception générale est un peu mitigée, en partie due à une setlist composée de manière un peu disparate, mais peut-être aussi à un nouvel équilibre du groupe qui se cherche encore, on reconnaît bien sûr une très belle performance, mettant une fois de plus sur scène une empreinte musicale unique.
Setlist :
- Intro
- Paranoid Bulldozer Italiano
- Spaghetti Forever
- Hollow Tree
- Nervous Waltz
- Donwgrade Desert
- Camel Dancefloor
- Tout Petit Moineau
- ieuD
- Parpaing
- Polyphonic Rust
- Overweight Poesy
- Viande
- Opus Brain
- Himalaya Massive Ritual
Rappel :
- Cheval
- Apopathodiaphulatophobie
- Robert
- Very Noise
- Outro
Un intermède musical très inspirant et immersif pour cette soirée à Pleyel.
À propos de Tetralens
Cet article a été rédigé par Tetralens, qui est également la propriétaire de toutes les photos que vous avez vues ci-dessus.
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TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.