Bring Me The Horizon séduit Paris avec un show d’envergure (avec Motionless In White & Spiritbox)

à 00h11
Lecture 10 min.
Bring Me The Horizon séduit Paris avec un show d’envergure (avec Motionless In White & Spiritbox)
© Tetralens

Une fois n’est pas coutume, c’est une grande soirée de concert à Bercy -> grèves ! Néanmoins, cela ne semble pas avoir impacté la communauté des fans de Bring Me The Horizon, puisque l’Accor Arena est pleine à craquer, avec une file d’attente interminable qui s’étire jusque dans le parc.

La plupart des spectateurs ont moins de 30 ans, mais on trouve ici et là des fans plus éclectiques. La tête d’affiche de ce soir est une véritable sensation qui, depuis plusieurs années, déchaîne les passions et les critiques et ne laisse personne indifférent.

Ce soir, comme pour le reste de leur tournée, les Britanniques sont rejoints par deux autres groupes très appréciés, Motionless in White et Spiritbox.

Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)

Spiritbox

C’est avec Spiritbox que les festivités débutent. Le groupe, mené par la talentueuse et pétillante Courtney LaPlante, nous vient du Canada, et depuis sa création en 2017 sous l’impulsion du couple (sur scène comme dans la vie) Courtney et Mike Stringer, fraîchement échappés de Iwrestledabearonce, le précédent groupe dans lequel ils jouaient, a fait des émules.

Leur style metalcore/metal progressif, incorporant une bonne dose d’électro sans pour autant les classer dans le djent, a fait l’effet d’une bombe dans le monde du metal de la nouvelle génération.

Ce soir, c’est la troisième fois que je les vois en concert (après avoir fait la première partie d’Ice Nine Kills au CCO Villeurbanne au printemps dernier, et participé au Hellfest 2022), et la qualité est toujours là, même si peu d’artifices viennent agrémenter la performance.

Mike est en pleine forme, la batterie de Zev Rosenberg est très énergique, et Josh Gilbert est efficace à la basse (un peu moins aux chœurs).

Et que dire de Courtney ? Elle a un charisme fou, une capacité à remplir l’espace de sa présence, et une empreinte vocale qui ferait frémir les plus grandes reines du metal comme Tatiana de Jinjer ou Alissa d’Arch Enemy… Cette capacité à alterner des passages vocaux doux et clairs avec des growls furieux sur des breakdowns accrocheurs est une grande partie de l’identité et du succès de Spiritbox.

Même dans ce court set (seulement 7 titres), les Canadiens nous tiennent en haleine avec Hurt You, Holly Roller et Rotoscope. On oublie vite que les lumières sommaires ne les mettent pas vraiment en valeur. Une ascension fulgurante à suivre…

Setlist :

  • Rule of Nines
  • Hurt You
  • Yellowjacket
  • Rotoscope
  • Circle With Me
  • Holy Roller
  • Hysteria

Motionless In White

Après un interlude composé de chansons encore plus décalées que d’habitude par rapport au line-up, je me prépare dans la fosse des photographes sur Lullaby de The Cure et Sandstorm, et j’ai la nette impression d’être pratiquement la seule à tripper… Probablement une question de génération, en décalage avec le public d’irréductibles du premier rang, dont beaucoup semblent très impatients de voir Motionless (In White).

Déjà lors des quelques tests sonores qui précèdent le premier morceau Disguise, je suis assommée par un son beaucoup trop fort et déséquilibré, qui contraste avec la lumière, ou plutôt son absence… et ça ne s’arrange pas par la suite.

D’où je me trouve, il est difficile de distinguer les musiciens ; seul Chris est identifiable par ses mouvements et son look à casquette, qui se détache dans l’ombre.

Pour les avoir vus récemment sur la scène du Cabaret Sauvage, j’étais très sceptique, et pourtant j’ai apprécié la performance et découvert un peu de leur discographie, mais ce soir j’ai l’impression que les circonstances ne leur rendent pas justice…

Malgré une setlist bien composée avec leurs plus grands succès Voices, Werewolf et le bien nommé Masterpiece, je ne suis pas dedans… Le frontman semble un peu fatigué vocalement, et il me semble même percevoir une désynchronisation fugace entre le son et le mouvement… Mais j’ai sans doute l’esprit mal placé.

Quelques mots sont prononcés entre deux chansons, pour nous dire que les choses n’avaient pas forcément bien commencé avec le public français, mais que Paris est aujourd’hui l’une de leurs destinations préférées. Les musiciens remercient les spectateurs pour leur soutien indéfectible. Sous les acclamations des inconditionnels, Motionless In White clôture son set avec Another Life et Eternally Yours.

Setlist :

  • Disguise
  • Sign of Life
  • Scoring the End of the World
  • Voices
  • Reincarnate
  • Werewolf
  • Masterpiece
  • Cyberhex
  • Slaughterhouse
  • Another Life
  • Eternally Yours

Bring Me The Horizon

La fosse est en ébullition pour les stars de ce soir, et la performance est introduite par un message sur écran latéral de type cyberbot digne de Starset… qu’Oli et ses acolytes interrompent à l’écran avant d’apparaître sur scène, menés par Matt Nichols et Jordan Fish, qui prennent place sur la partie la plus haute de la scène à double hauteur, drapée de velours rouge.

L’arrière-plan présente des arcs gothiques pointus qui pourraient constituer la toile de fond parfaite pour un groupe d’epic death metal. Les autres musiciens apparaissent ensuite : Matt Kean, Lee Malia, John Jones, puis Oliver Sykes. Soudain, des colonnes de feu jaillissent et la chanson Amen est lancée !

On prend la mesure de ce show à trois niveaux, illuminé par le feu et les traînées de lumière bleue où évoluent les musiciens. En somme, la star du show de ce soir, c’est Oli, qui capte 80% des effets de lumière sur lui-même, plein d’assurance dans sa tenue de torero metal, veste courte ouverte sur un torse qui porte toute une histoire à l’encre.

L’euphorie du public monte d’un cran dès les premières notes de Teardrops, et les performances aux claviers et à la batterie de Jordan Fish et Matt Nichols qui surplombent la scène.

Matt Kean fait tournoyer sa basse sur la scène centrale, tandis que Lee Malia est plus discret, offrant ses talents de guitariste à gauche de la scène, contrebalancé par John Jones de l’autre côté.

Oli lance un appel provocateur pour un mosh pit digne de ce nom : “Savez-vous comment faire un mosh pit ? Ce n’est pas un mosh pit Paris… Plus grand ! Ce n’est pas suffisant !”

Mantra démarre dans un joyeux brouhaha dans la fosse. Je quitte le pit et prend place dans les gradins pour assister à la suite de ce show grandiose. La double estrade a été dépouillée de son manteau rouge, et c’est maintenant des écrans géants qui offrent une variété de visuels colorés et mouvants.

Je me prends une claque personnelle sur 1×1, le morceau du groupe qui m’a le plus marqué tant il me parle, et je tente de reprendre contenance lorsque le groupe entame Lost, un titre plutôt pop rock, l’occasion d’une nouvelle explosion de couleurs, de lumières et de cotillons. C’est l’occasion d’assister à la marée humaine qui remplit l’arène, et l’on distingue deux foyers de tourbillons dans la fosse. L’ambiance en bas a l’air folle.

L’atmosphère change radicalement pour devenir presque feutrée, et Courtney LaPlante apparaît au centre de la scène pour entonner l’intro de One Day the Only Butterflies Left Will Be in Your Chest as You March Towards Your Death. Puis Oli la rejoint, et la performance de Nihilist Blues se transforme en un duo très électro. Oli appelle la foule à se lâcher et à sauter en rythme. Courtney se met à twerker et à danser, tandis que le chanteur se roule par terre comme un malade.

Les complices réapparaissent et sont très, très énergiques. Dans un “Holy shit! That girl takes the piss! Big up to Spiritbox”, Oli exprime son admiration pour le groupe canadien. Puis il s’essaie à quelques mots en français qui semblent limités à une histoire de fromage… et ajoute “I love you” à l’intention du public français.

Die 4 u ramène une vague très, très pop, mais ne met pas vraiment en valeur la voix du frontman. Pourtant, elle est visiblement très appréciée par le public. Puis, dans une sollicitation redoublée, le chanteur présente Kingslayer avec “personne n’a le droit de rester calme sur celle-ci !”.

L’ascenseur émotionnel se poursuit avec la ballade acoustique Follow You, dans laquelle les filles sont invitées à monter sur les épaules disponibles et sont filmées à tour de rôle, les images étant retransmises en toile de fond.

BMTH disparaît, puis réapparaît dans un rappel peu surprenant. Drown est le théâtre d’un moment plus intime, où des milliers de petites lumières de téléphone tapissent la grande salle parisienne plongée dans l’obscurité, puis Oli apparaît dans la fosse, la traverse, marche dans l’arène, puis remonte au cœur du public, dans les gradins, où des sourires l’accueillent, des mains se frottent à lui, et le sentiment de partage doit être fort pour les irréductibles.

Puis vient Throne, sans doute le titre le plus connu du groupe britannique, qui éclate dans une explosion de pyrotechnie, accompagné par la joie irrépressible des fans.

La soirée s’achève avec Can You Feel My Heart, leur premier grand hit, et il est clair que le public aurait volontiers prolongé cette petite fête discrète entre amis pendant longtemps encore…

Setlist :

  • AmEN!
  • Teardrops
  • The House of Wolves
  • MANTRA
  • Dear Diary
  • Parasite Eve
  • Shadow Moses
  • 1×1
  • LosT
  • One Day the Only Butterflies Left Will Be in Your Chest as You March Towards Your Death (avec Courtney LaPlante)
  • Nihilist Blues (avec Courtney LaPlante)
  • DiE4u
  • Itch For The Cure
  • Kingslayer
  • Follow You (Acoustic)

Encore :

  • Drown
  • Throne
  • Can You Feel My Heart

Au-delà des considérations qui animent souvent les discussions sur la classification musicale de Bring Me The Horizon, sur leur évolution d’un passé plutôt metalcore à une phase plus pop, on ne peut certainement pas prétendre qu’ils sont anecdotiques. Un show maîtrisé, généreux, une setlist suffisamment éclectique pour répondre aux attentes d’un public aux multiples facettes. Bref, une très belle soirée !

À propos de Tetralens

Cet article a été rédigé par Tetralens, qui est également la propriétaire de toutes les photos que vous avez vues ci-dessus.

Tetralens est une photographe basée à Paris. Si vous souhaitez discuter avec elle de son travail et/ou collaborer avec elle, vous trouverez toutes ses informations ci-dessous !

TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.

Plus d'actus sur Bring Me The Horizon
L'actu Rock