Ce que représente cette date (et cette tournée) va au-delà d’une simple soirée de bonne musique. Pour le comprendre, il faut retourner en septembre 2022.
Lorsque While She Sleeps a accompagné Parkway Drive dans sa tournée européenne, le Zénith de Paris était électrique et très réceptif. À Londres, les gars de Sheffield ont offert un spectacle tout aussi grandiose, mais devant un public encore plus impliqué et surexcité.
Et comme beaucoup ce soir-là, j’ai mis quelques minutes à comprendre quand, à la fin de leur set, j’ai vu se déployer cette banderole annonçant “While She Sleeps headline Alexandra Palace sept 23rd 2023”. La joie et la fierté, sur scène et dans la foule, étaient palpables.
Une bande d’adolescents du nord de l’Angleterre, partageant une même passion pour la musique et le désir d’écrire une histoire, a créé le groupe While She Sleeps en 2006, il y a 17 ans déjà.
Hormis l’arrivée en 2009 de Lawrence “Loz” Taylor au chant (succédant à Jordan Widdowson), ses membres sont toujours les mêmes, et passionnés comme aux premiers jours. À ceci près qu’au fil des années, des répétitions, des concerts, des albums et des tournées, Sean Long (guitare solo), Mat Welsh (guitare rythmique), Aaran McKenzie (basse) et Adam “Sav” Savage (batterie) ont non seulement façonné leur propre signature musicale, mais aussi perfectionné leur jeu respectif, donnant naissance non seulement à l’un des groupes live les plus dynamiques et déjantés qui soient, mais aussi à un florilège de titres emblématiques du Metalcore britannique dans ce qu’il a de meilleur.
Cette tournée en tête d’affiche en 2023, qui coïncide avec le lancement de Self Hell, leur nouveau titre et l’introduction à leur prochain album éponyme, est une consécration, une marque dans le temps après ces années d’évolution et de passion écrites dans le partage, non seulement entre eux mais aussi avec leur public, les sleeps, la Sleeps Society.
Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)
“Paris est en pleine effervescence pour ce grand moment de metalcore”
Pour vous relater la soirée au Bataclan, il me faut dire quelques mots du concert – ou plutôt de la célébration, de la communion – qui s’est déroulé quelques jours plus tôt à Londres.
Pour cette occasion très spéciale, la première de cette tournée, dans une salle aussi superbe que l’Alexandra Palace, WSS s’est associé à Bury Tomorrow, autre fer de lance du metalcore britannique, et à Polaris, les non moins énergiques Australiens. La soirée va crescendo et atteint un état de grâce lorsque WSS entre en scène, avec un dispositif scénique à la hauteur de leur talent : pyrotechnie, étincelles et fumée sur fond de jungle urbaine ; et surtout, une setlist parfaitement sélectionnée pour nous emporter dans un tourbillon de vibrations positives et débridées. Quel bonheur d’avoir pu profiter de ce concert au cœur de la fosse, cela valait bien quelques bleus…
La soirée au Bataclan à Paris, organisée par Veryshow, était sold out (comme, il me semble, toutes les dates de la tournée), et dès l’apparition de Polaris, la salle était à peine praticable, et l’ambiance joyeuse. Paris est en pleine effervescence pour ce grand moment de metalcore.
Sur le petit espace scénique disponible, le quintet de Sydney propose un set vivant, notamment de la part du chanteur Jamie Hails, qui multiplie les allers-retours et les gestes vers la foule, et du batteur Daniel Furnari, qui s’illustre par une grande efficacité. En revanche, le son des guitares semble un peu aplati, les différentes lignes sont difficiles à distinguer, et les musiciens semblent un peu sur la retenue au début de la prestation. Au fur et à mesure que le set avance, ils se relâchent un peu plus. Je suis tout de même un peu déroutée par certaines sonorités, qui me donnent l’impression que Sean (Long/WSS) se cache quelque part dans les parages, ou qu’on lui a volé ses riffs… Polaris, vous n’avez pas besoin de ça, voyons !
Les titres choisis répondent parfaitement aux attentes des nombreux fans présents ce soir : All Of This Is Fleeting est le théâtre d’un grand nombre de slams, poussant la sécurité à retirer prématurément les photographes de la fosse, sécurité oblige. The Remedy clôture la prestation en beauté (prestation qui incluait Inhumane et Overflow du dernier opus de 2023, Fatalism).
Setlist :
- Nightmare
- Inhumane
- All Of This Is Fleeting
- Dissipate
- Hypermania
- Overflow
- The Remedy
Après une courte pause technique, Bury Tomorrow fait son entrée, devant un décor très épuré composé de trois cadres lumineux devant lesquels évoluent les différents membres. Ed Hartwell est en pleine forme, et Davyd Winter Bates très mobile. Dani Winter Bates, le charismatique frontman et chanteur (à la voix criée) est en constante interaction avec le public, offrant aux photographes des contre-plongées et des gros plans, et serrant les mains des nombreux fans arrivés par vagues de corps sur le deuxième titre, le très emblématique Black Flame.
L’ambiance est bouillante. Non seulement en termes d’atmosphère, mais la salle est proche de l’hygrométrie, et le bar est bondé.
Malgré une belle sélection de titres, comme à Londres, j’ai été déçue de ne pas voir Loz monter sur scène pour l’interprétation de Heretic (version studio collaborative), un titre figurant sur The Seventh Sun, le dernier album bien représenté ce soir.
Tous les ingrédients sont réunis pour donner une saveur particulière à la dégustation de titres aussi divers que représentatifs, tels que les classiques Cannibal et Choke, mais aussi les derniers bangers comme Abandon Us, Life, puis Death qui clôture la prestation.
Vu l’accueil réservé à Bury Tomorrow, il est certain que la tournée européenne de début 2024, annoncée quelques jours plus tôt, sera un grand succès !
Setlist :
- Boltcutter
- Black Flame
- Abandon Us
- Earthbound
- LIFE (Paradise Denied)
- Heretic
- Cannibal
- Choke
- DEATH (Ever Colder)
Le public, dense devant le bar et dans la fosse, près du stand de merchandising, bref partout, cherche désespérément un peu de fraîcheur dans un Bataclan transformé en sauna. Mais les stars de la soirée sont déjà prêtes à donner le coup d’envoi du grand final.
Comme à Londres, derrière un rideau dissimulant le décor, des lumières et des silhouettes apparaissent, et soudain, les premières notes distordues caractéristiques de Sleeps Society retentissent, et nos Britanniques apparaissent, pleins d’une fougue positive.
Quel bonheur chaque fois que j’entends ces lignes de guitare si spécifiques à While She Sleeps…
Loz démarre fort, diffusant dans le micro toute l’intensité du morceau, représentant la quintessence de la communion par la musique, qu’un concert comme celui-ci peut illustrer, “créer un moment où les gens existent, un endroit où nous (vous et moi) pouvons nous sentir vivants”… (paroles extraites de Sleeps Society)
Même les grosses lunettes blanches du chanteur ne parviennent pas à cacher sa joie, partagée par l’ensemble du public.
Le décor est une composition de tubes métalliques formant des étages, de part et d’autre d’un escalier, où sont perchés Aaran à la basse (à gauche) et Sav à la batterie (à droite). Et le fait que la section rythmique se trouve en surplomb les inclut totalement dans le spectacle. Deux immenses façades d’amplis ornés du logo du groupe habillent l’espace de manière très efficace.
Je n’aurais pas pu rêver d’un moment plus approprié pour entrer dans le pit photo que The Guilty Party, qui me donne invariablement envie de sauter partout (ce que je fais entre les prises de vue) et qui caractérise si bien le sentiment de liberté.
La sélection de titres est tout à fait représentative du groupe, de Self Hell, le tout dernier morceau, à Systematic, en passant par Seven Hills, un bijou datant de 2013 (This Is The Six), dans lequel on entend déjà l’ADN du groupe, avec ses passages chantés en chœur et ses riffs clairs caractéristiques de l’écriture et du jeu de Sean Long, un perfectionniste de génie impliquant autant sa dextérité sur les cordes que son choix d’effets sur les pédales.
La salle est comme une étuve, de plus en plus brouillée par la condensation au fur et à mesure que la soirée avance, et Loz roule plusieurs fois sur scène, semblant tantôt emporté par la fièvre du moment, tantôt affaibli par la chaleur de la salle, finissant par laisser tomber la veste noire à fils argentés, puis le débardeur, et décidant de se frayer un chemin dans la foule elle-même, jusqu’au fond de la salle, tandis que les autres musiciens ne manquent pas d’engagement, dans leurs tenues customisées.
Après une sortie de scène qui nous laisse tous incrédules et un rappel sonore, While She Sleeps réapparaît avec Enlightenment? (introduction à l’album Sleeps Society de 2021). Une nouvelle occasion de faire sauter le public, en lançant “Bounce ! Mooooove ! Jump !!!”.
Une soirée complètement folle, qui se termine avec Anti-Social dans une euphorie générale.
Le seul bémol : l’absence de Death Toll dans cette setlist presque parfaite ; un titre qui, je le sais, aurait été très apprécié.
Un moment de partage symbolique, de ceux qui impriment une pointe de bonheur durable en vous.
Setlist :
- Sleeps Society
- You Are All You Need
- The Guilty Party
- I’ve Seen It All
- Eye To Eye
- You Are We
- Haunt Me
- Self Hell
- Fakers Plague
- Our Courage, Our Cancer
- Know Your Worth
- Our Legacy
- Four Walls
- Silence Speaks
- Systematic
Encore :
- Enlightenment?
- Seven Hills
- Anti-Social
Même si j’aurais préféré (avis tout à fait personnel) un line-up 100% britannique avec un groupe comme The Five Hundred en première partie, (je ne vous ai pas encore parlé d’eux ?…), je ne peux que saluer la qualité et l’authenticité de l’ambiance de ce concert, réunissant comme sur ces quelques dates mémorables de la tournée la puissance de Bury Tomorrow, l’énergie brute de Polaris, et la rage de vivre véhiculée par While She Sleeps.
Le message – You Are We – a pris tout son sens ce soir…
À propos de Tetralens
Cet article a été rédigé par Tetralens, qui est également la propriétaire de toutes les photos que vous avez vues ci-dessus.
Tetralens est une photographe basée à Paris. Si vous souhaitez discuter avec elle de son travail et/ou collaborer avec elle, vous trouverez toutes ses informations ci-dessous !
TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.