Après une interview passionnante avec Mark Holcomb, guitariste de Periphery (qui arborait fièrement un t-shirt de Loathe), pour MetalZone, je vois la foule impressionnante se masser aux abords de la salle, attendant le début du concert-événement organisé avec l’expertise de Base Production.
Comme toujours, cette magnifique salle distille une ambiance chaleureuse dès les premières notes.
Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)
Crooked Royals
Lorsque le premier groupe, Crooked Royals, prend place sur scène, le public est encore peu concentré. Mais les Néo-Zélandais et leur bonne humeur contagieuse entreprennent rapidement de mettre l’audience dans le bain. Une pêche d’enfer, ces musiciens, dont deux chanteurs, courent partout et font preuve d’un bel engagement.
Les deux guitaristes sont aussi très mobiles (seul le batteur montre une légère retenue), précis, et bénéficient d’un son aux réglages un peu déstabilisants sur le premier morceau en particulier, puis qui semblent s’atténuer par la suite.
La setlist proposée par Crooked Royals contient une belle fibre progressive, associée à une chouette mélodicité, dans une tendance générale qui rappelle étrangement I Prevail. À moins que ce ne soit la double présence vocale qui me joue des tours…
La foule dense se caractérise néanmoins par un tempérament assez calme qui me surprend quelque peu.
Setlist :
- Glass Hands
- Counterfeit
- Ill Manor
- Paper Warrior
- Between You and I
- Dissentients
- Copacetic
- Rumination
Periphery
Après un bref répit, le public se dirige à nouveau vers le devant de la scène, certains s’accrochant jalousement aux crashs barrières pour ne rien rater de la performance, à l’occasion de l’arrivée des magiciens du metal progressif Periphery.
Le collectif du Maryland qui distille ses leçons de prog depuis 2005, nous régale d’un démarrage par Dracul Gras, titre de plus de 12 minutes issu du dernier opus, Periphery V: Djent is Not a Genre (sorti en 2023), dont la progression illustre avec précision le propos même de la thématique vampirique. L’ambiance à la fois sombre, étourdissante, la frayeur, l’inconnu, puis le calme, dont la composition savamment déstructurée et les chutes de demi-ton sont la bande-son parfaite de la sensation de se vider de sa substance. Un décor sonore tout aussi onirique qu’inquiétant, qui se transforme en ballade grâce à une performance vocale de haut vol et à un solo de guitare emphatique. Ce titre est une histoire à lui seul, se clôturant sur un synthétiseur aérien avec une touche eighties qu’on voit comme l’image de la liberté de l’âme qui s’étiole dans le temps et l’espace.
On enchaîne avec Atropos (Periphery V), titre phare du groupe, où la puissance de la grosse caisse et de la basse sont rehaussées par la voix nuancée de Spencer Sotelo, et la richesse des strates instrumentales représentant la quintessence du prog, avec beaucoup de finesse de composition mélodique, et un ou deux screams çà et là.
Marigold (Periphery III), leur titre le plus écouté visiblement, possède une structure très construite et une élégance dans la musicalité, avec une maîtrise vocale allant de passages doux et voilés à des moments rageurs et puissants. Une vraie claque en live. Une parenthèse avec un très beau solo de guitare en milieu de titre, suivi par une partie en chœurs où l’audience s’en donne à cœur joie et semble avoir atteint un niveau d’implication maximal.
Periphery nous entonne ensuite Wildfire (Periphery V), au démarrage chaotique qui parle à l’amateur de hardcore en moi. Énergie brute mais maîtrisée, enrichie par les notes aiguës qui s’échappent comme des étincelles issues de la réaction chimique des différentes inspirations qui sont cachées derrière ce morceau. Le refrain est probablement l’image même de la signature de Periphery : mélodie très travaillée, grinçante, et à la technique harmonieuse à la fois, et hop, Spencer nous balance sa capacité à alterner un chant smooth et jazzy avec un chant crié décapant.
Wildfire se clôt sur un passage jazz qui fait retomber la pression.
La fin de cette performance met en lumière tout le contraste dont le collectif est capable, sur la douceur (presque trop mielleuse à mon goût) de Satellites, suivi de Blood Eagle (Periphery IV), morceau à la puissance brutale qui réveille quelques moshers tardifs.
Globalement, le public assez calme, composé de connaisseurs à l’appréciation plutôt introspective qu’expansive, à deux ou trois exceptions près, a visiblement passé une soirée formidable.
Pour ma part, je me suis laissée porter par la haute qualité de Periphery en live. Un très bel équilibre, un sens aiguisé de la maîtrise technique mêlée à une énergie dingue, ce qui n’est pas pour me déplaire. Une soirée qui passe à toute vitesse, dans une ambiance à la fois positive et classe, portée tout du long par une voix puissante et une belle complicité avec le public. Une setlist rythmée, savamment choisie, qui met en avant le dernier album sans oublier les opus précédents.
Setlist :
- Dracul Gras
- Wildfire
- Atropos
- The Scourge
- Make Total Destroy
- Letter Experiment
- The Way the News Goes…
- Marigold
- Satellites
- Blood Eagle
À propos de Tetralens
Cet article a été rédigé par Tetralens, qui est également la propriétaire de toutes les photos que vous avez vues ci-dessus.
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TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.