La dix-septième édition du Hellfest s’est poursuivie à un rythme très soutenu en ce deuxième jour de célébration du son et des émotions, rassemblant des artistes d’horizons variés, pour le plus grand plaisir des festivaliers, eux aussi assez éclectiques. Dès les premières performances, l’ambiance était électrique, et les fans étaient prêts à vivre une journée mémorable.
Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)
La journée a débuté pour ma part avec Ankor, un groupe basé en Espagne mais à la composition cosmopolite, qui a su captiver le public avec son mélange de Metal et de mélodies entraînantes. Les musiciens engagés, dont David Romeu, seul membre du line-up d’origine, ne dissimulaient pas leur joie de se produire en Mainstage, et Jessie Williams offrait un jeu de scène accrocheur. Pendant ce temps, à Vera Cruz… pardon, à l’Altar bien sûr, Solitaris, avec son énergie brute, enflammait la scène. Le groupe mettait en avant des riffs puissants et un flow quasi hardcore, servi dans un étau presque industriel pour réveiller son public.
Wargasm a pris le relais en Mainstage, offrant un show explosif qui a fait vibrer la foule. Leur style unique, alliant metal et electropunk, mis en scène par le duo vocal formé par Sam Matlock et Milkie Way, a séduit les amateurs de culture alternative. The Acacia Strain, quant à eux, ont fait vibrer la tente Altar avec un set intense, plongeant le public dans une atmosphère sombre et pesante, mais incroyablement captivante.
Sous la fraîcheur relative de la Temple, Shores of Null, que j’avais hâte de revoir, a apporté une touche de mélancolie avec ses sonorités doom. Une performance beaucoup trop courte à mon goût.
En plein jour, sur une autre scène et dans une autre ambiance, Orden Ogan a enchanté des festivaliers aux goûts plus festifs, avec son Power Metal épique, exécuté avec précision, et générant de nombreux sourires.
Je me prépare à affronter la tornade While She Sleeps en Mainstage. Sean Long, Loz Taylor et leur bande ont pris d’assaut la scène, livrant une performance à la fois survoltée et vibrante, notamment lors de To The Flowers, qui a galvanisé le public, prouvant une fois de plus leur statut de géants de la scène, notamment lors des interactions du frontman avec le public.
Après un rapide coup d’œil à Karnivool, dont je regrette de ne pas avoir vu davantage la performance de Metal Progressif australien, je fais une pause pour explorer le site. Les festivaliers sont joyeux et leur bonne humeur est contagieuse.
La suite des événements se déroule en compagnie de Lofofora et son Metal Alternatif engagé et rageur, que le public a vécu intensément sur les scènes principales. Un set marqué par l’incursion de Femen, avec des messages affichés haut et fort, créant une atmosphère de solidarité et de révolte.
Sous l’Altar, Klone éveille des émotions plus nuancées avec des mélodies travaillées. Malheureusement, j’ai manqué cette performance, mais les échos de leur concert laissaient entendre qu’ils avaient su captiver le public avec leur univers singulier.
J’assiste ensuite au rassemblement devant Fear Factory, dont le set, bien que légèrement moins intense, a offert un moment d’accalmie après le tumulte. Leur touche industrielle emblématique a néanmoins fait vibrer la foule d’une belle énergie. Pendant ce temps, Stinky retournait dignement la Warzone avec son hardcore nantais, empreint de bonne humeur et d’un style en perpétuelle évolution, porté par des textes inspirés d’expériences personnelles. Ils nous en ont parlé lors d’une interview pleine de spontanéité. Un véritable souffle d’air frais.
Après une pause bien méritée, les performances continuent avec deux figures de l’expression musicale progressive, auréolées de grâce : Einar Solberg et Polyphia. En solo, sans Leprous, Einar Solberg a offert un moment intime et touchant, mettant en avant sa voix puissante et ses compositions délicates. Enfin, Polyphia a marqué la foule par un set virtuose, mêlant Rock et influences instrumentales, laissant planer son univers musical sur Clisson.
Sous un soleil éclatant, Steel Panther a diverti un public enjoué avec une bonne dose d’humour. Malgré l’enthousiasme pour leur rock débridé, j’ai été quelque peu dérangée par l’avalanche de clichés et les blagues frôlant parfois les limites du bon goût. Le show comportait beaucoup trop de parlote au détriment des passages musicaux, même si quelques mélodies bien connues ont été reprises en chœur par le public.
Je poursuis ma soirée avec Tom Morello, le légendaire guitariste de Rage Against The Machine. Sa maîtrise de la guitare et son engagement politique ont résonné dans chaque note, captivant les festivaliers dès le début. Morello a su allier virtuosité et message fort, rappelant à tous l’importance de la musique comme vecteur de changement, malgré une restitution sonore parfois un peu éteinte.
Un petit tour devant les scènes couvertes Temple et Altar, avec Satyricon, offrant un Black Metal puissant et atmosphérique, emblématique de la scène norvégienne, plongeant le public dans une ambiance sombre et envoûtante. Puis Amorphis, avec son mélange unique de metal mélodique et de folklore finlandais, prouve une fois de plus son talent pour créer des compositions riches et variées. J’attendais ce set avec impatience, et même si j’ai été comblée musicalement, j’ai souffert en tant que photographe, cette pénombre étant animée de quelques couleurs très crues.
Enfin, je ne pouvais pas manquer la performance de Shaka Ponk en Mainstage. Sujet de quelques polémiques avant la tenue de cette édition, le groupe français a illuminé le Hellfest par une performance de haute qualité, avec une mise en scène grandiose et un esprit tout à fait metal. Pas besoin de perfecto ou d’iconographie à têtes de morts pour être le vecteur d’une pensée alternative. Aux yeux de beaucoup, cela a été une vraie réussite. Leur énergie contagieuse et leur mélange de styles ont su séduire le public, prouvant que la diversité musicale a sa place au Hellfest.
Mais je prends place à proximité des crash barrières de la Mainstage, pour être sûre de ne pas rater ma chance d’immortaliser Machine Head. Et bien que ce ne soit pas une première pour moi, c’était une performance absolument superbe, qui en a captivé beaucoup sans aucun doute. Un savant équilibre entre énergie folle, maîtrise technique et sincérité, avec un Robb Flynn en très grande forme. Le groupe de légende, méritant amplement sa place de tête d’affiche, a enchaîné des classiques emblématiques de sa discographie, créant une atmosphère vibrante sur scène et dans la foule. Des riffs décapants à la voix charismatique de Robb Flynn, le brio de Machine Head a marqué Clisson de son empreinte thrash inimitable, gravant cette journée dans les esprits et confirmant la position de Machine Head en tant que pilier de la scène metal.
Biohazard, comme à leur habitude, a distillé un hardcore énergique et sincère. Leur passion et leur engagement sur scène ont créé une connexion immédiate avec le public, qui a répondu avec des slams et des mouvements mémorables dans le moshpit.
J’étais ravie de voir enfin Fu Manchu en live, apportant leur empreinte stoner rock avec des riffs puissants et une ambiance décontractée, parfaitement adaptée à cette fin de soirée, dans la Valley.
Après une immersion devant The Prodigy (tout de même, c’est culte), le temps de deux titres devant une Mainstage électrisée, je décide de clore cette journée éreintante à la Warzone avec la performance percutante de Body Count feat. Ice-T. L’alliance de metal et de rap, accompagnée de paroles engagées, a résonné sur une Warzone encore bien énergique, laissant une empreinte indélébile sur cette journée déjà mémorable.
Encore une fois, le Hellfest 2024 a été marqué par une série de performances captivantes, des légendes du metal aux groupes innovants. Un véritable tourbillon musical, qui va se poursuivre les jours suivants.
À propos de Tetralens
Cet article a été rédigé par Tetralens, qui est également la propriétaire de toutes les photos que vous avez vues ci-dessus.
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TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.