Hier soir (3 novembre), au Barclays Center de Brooklyn, Rage Against The Machine a été intronisé au Rock And Roll Hall Of Fame.
Ice-T, le leader de Body Count, a présenté le groupe sur scène. Le guitariste de RATM, Tom Morello, a accepté le prix en solo au nom du quatuor.
Le chanteur Zack de la Rocha, le bassiste Tim Commerford et le batteur Brad Wilk n’étaient même pas présents, ce qui signifie que le groupe n’a manifestement pas participé au spectacle, qui a été diffusé en direct sur Disney+.
Dans son discours de remerciement, Morello a fait allusion aux opinions divergentes au sein de RATM concernant leur intronisation au Rock Hall, avant de parler de leur histoire et de leurs idées politiques radicales, et d’encourager les membres du public à former leurs propres groupes.
Il a déclaré : “Je m’appelle Tom Morello, et je suis un quart de Rage Against The Machine. Je suis profondément reconnaissant de l’alchimie musicale que j’ai eu la chance de partager avec Brad Wilk, Tom Commerford et Zach de la Rocha. Comme la plupart des groupes, nous avons des points de vue différents sur beaucoup de choses, y compris sur l’intronisation au Rock Hall. Mon point de vue est que ce soir est une excellente occasion de célébrer la musique et la mission du groupe – de célébrer le cinquième membre du groupe, c’est-à-dire les incroyables fans de Rage Against The Machine. La seule raison pour laquelle nous sommes ici et la meilleure façon de célébrer cette musique, c’est que vous transmettiez cette mission et ce message.”
“La leçon que je tire des fans de Rage est que la musique peut changer le monde. Chaque jour, j’entends parler de fans qui ont été touchés par notre musique et qui, à leur tour, ont affecté le monde de manière significative. Des organisateurs, des activistes, des avocats, des enseignants, les présidents du Chili et de la Finlande ont tous passé du temps dans notre mosh pit. Lorsque la musique de protestation est bien faite, on peut entendre un nouveau monde émerger dans les chansons qui fustigent les oppresseurs du jour et qui laissent entendre que la vie pourrait être plus riche que ce qu’on nous a donné. La musique peut-elle changer le monde ? L’objectif est de changer le monde ou, à tout le moins, de semer la zizanie.”
“Quand Rage a commencé, on répétait au fin fond de la vallée de San Fernando. Un type passait régulièrement devant chez nous et nous a demandé un jour ce que nous faisions là. Nous lui avons répondu que nous étions un groupe. Il a demandé à nous entendre et nous lui avons dit ‘bien sûr’. Il est entré et s’est assis. C’était le premier homme à entendre la musique de Rage Against The Machine. Nous lui avons joué quelques chansons. Après avoir terminé, nous lui avons demandé ce qu’il en pensait. Il a fait une pause, s’est levé et a dit : ‘Votre musique me donne envie de me battre’.”
“Tout au long de l’histoire, l’étincelle de la rébellion est venue d’horizons inattendus : auteurs, économistes, charpentiers. Mais comme l’a dit Salvador Allende, il n’y a pas de révolution sans chansons. Alors, qui peut dire ce que les musiciens peuvent ou ne peuvent pas réaliser avec une intention révolutionnaire lorsque la foule bondissante fait trembler l’échelle de Richter ? Personnellement, je voudrais remercier ma femme Denise et mes enfants qui me rappellent chaque jour que le monde vaut la peine d’être défendu.”
“Et merci à tous les musiciens et à tous ceux qui ont contribué à façonner la vision collective du groupe. Nous avons également eu la chance d’avoir tant de collègues et de collaborateurs talentueux qui ont cru en nous : de Michael Goldstone, le type qui nous a fait signer et qui a insisté pour que le premier single radio soit une chanson non éditée contenant 17 jurons, au plus grand technicien guitare de tous les temps, Slim Richardson. Merci et merci. Et une profonde gratitude pour les centaines d’autres personnes, de celles qui ont posé des tracts à celles qui ont déplacé des montagnes pour amplifier le message et la musique. Ce que j’entends dans la musique, c’est ceci : le monde ne va pas se changer tout seul.”
“Mais tout au long de l’histoire, ceux qui ont changé le monde de manière progressiste, radicale ou même révolutionnaire n’avaient pas plus d’argent, de pouvoir, de courage, d’intelligence ou de créativité que les personnes qui nous regardent ce soir. Le monde a changé grâce à des gens ordinaires qui en ont eu assez et qui sont prêts à se battre pour un pays et une planète plus humains, plus pacifiques et plus justes, et c’est ce que je suis venu célébrer ce soir. Les fans demandent souvent : ‘Que puis-je faire ?’. Commençons par ces trois choses. Premièrement, rêvez grand et ne vous contentez pas du minimum. Deuxièmement, visez le monde que vous voulez vraiment, sans compromis ni excuses. Et troisièmement, ne nous attendez pas.”
“Rage n’est pas là, mais vous si. Le travail que nous avons entrepris n’est pas terminé. Maintenant, c’est vous qui devez témoigner. Si vous avez un patron, rejoignez un syndicat. Si vous êtes étudiant, lancez un journal clandestin. Si vous êtes anarchiste pour une brique, si vous êtes soldat ou flic, suivez votre conscience, pas vos ordres. Si tu es déçu de ne pas avoir pu voir Rage Against The Machine, crée ton propre groupe et fais-nous entendre ce que tu as à dire. Si vous êtes un être humain, défendez votre planète avant qu’il ne soit trop tard.”
“Alors demain, mettez du Rage et partez affronter l’injustice. Où qu’elle se manifeste, il est temps de changer le monde, mes frères et sœurs, ou tout au moins de semer la zizanie. Enfin, je tiens à remercier tout particulièrement ma mère, Mary Morello, enseignante à la retraite dans un lycée public, fière fan de Rage Against The Machine et radicale depuis toujours, qui a fêté ses 100 ans il y a quelques semaines. Elle nous regarde ce soir à la maison, mais elle m’a demandé de vous dire ceci : ‘L’histoire, comme la musique, n’est pas quelque chose qui arrive. C’est quelque chose que l’on fait’. Merci beaucoup.”
