“On ne peut pas travailler gratuitement” : Bill Kelliher de Mastodon explique pourquoi le groupe évite les tournées en Europe

à 11 h 39 min
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Face à l’augmentation des coûts de tournée dans un monde post-pandémique, Mastodon prend des décisions difficiles pour préserver sa viabilité économique, notamment en refusant certaines tournées en Europe.

Les défis financiers des tournées post-pandémiques

Dans une récente interview accordée à Ultimate Guitar, Bill Kelliher, guitariste de Mastodon, s’est ouvert sur les obstacles financiers auxquels le groupe est confronté en tournée. Bien qu’étant un acteur majeur de la scène Metal, Mastodon se situe dans une “zone intermédiaire”, où les revenus de leurs concerts sont souvent absorbés par les coûts élevés de production.

“Nous gagnons une certaine somme chaque soir, mais nous dépensons presque la même chose pour produire le spectacle,” explique Kelliher. “Je ne peux pas partir en tournée pour ne rien gagner. Il faut que je travaille pour nourrir ma famille.”

Le groupe investit massivement dans ses spectacles pour offrir une expérience mémorable à ses fans, mais cela pose des défis logistiques et financiers, en particulier lorsqu’il s’agit de tourner en Europe.

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Pourquoi Mastodon évite l’Europe

Kelliher détaille les raisons pour lesquelles Mastodon a refusé plusieurs tournées européennes ces dernières années : “On nous proposait des garanties équivalentes aux coûts de chaque soirée. Dans ces conditions, on ne peut pas se permettre de quitter notre maison confortable pour travailler gratuitement, surtout en hiver.”

Il souligne également les problèmes logistiques exacerbés par le Brexit, comme les nouvelles taxes et restrictions pour les chauffeurs de camion britanniques qui transportent leur matériel en Europe. À cela s’ajoutent les coûts exorbitants du carburant et les régulations strictes sur les heures de conduite en Europe.

“Les festivals européens sont incroyables, mais les trajets entre les dates sont souvent insensés. Passer d’un concert à Londres à un autre en Scandinavie le lendemain est quasiment impossible sans deux chauffeurs.”

Gojira : un modèle inspirant mais difficile à suivre

Kelliher cite Gojira, groupe qu’il admire, comme un exemple de gestion astucieuse de la production de spectacles malgré des revenus similaires : “Ils mettent tellement d’efforts dans leurs spectacles — avec de la pyrotechnie et tout un tas d’effets. Je ne sais pas comment ils font financièrement. Je les respecte énormément pour ça.”

Cependant, Mastodon refuse de réduire la qualité de ses spectacles en Europe pour s’adapter aux petites salles : “Les fans européens ont vu nos spectacles [aux États-Unis] avec des lasers et des murs vidéo sur YouTube. Ils seraient déçus si on arrivait avec juste une bannière.”

Une industrie en mutation

Le guitariste conclut en soulignant que ces défis reflètent des problèmes plus larges dans l’industrie musicale post-pandémique : “Ce n’est pas qu’on n’aime pas l’Europe. J’adore y jouer. Mais les coûts et la logistique rendent les choses très difficiles. On espère que la situation s’améliorera.”

En attendant, Mastodon continue de se concentrer sur des tournées aux États-Unis, où les garanties financières et les infrastructures permettent de maintenir la qualité de leurs spectacles.