Dans une interview percutante accordée à Revolver, Courtney LaPlante, chanteuse de Spiritbox, revient sur le sens de la chanson Soft Spine et dénonce sans détour les figures toxiques qui dominent l’industrie du metal.
Soft Spine : une attaque frontale contre les tyrans de l’industrie
Sorti en septembre dernier, le morceau Soft Spine est sans doute l’un des titres les plus abrasifs de Spiritbox à ce jour. Derrière son intensité sonore, Courtney LaPlante y exprime une colère bien réelle : celle dirigée contre les comportements abusifs et hypocrites qui gangrènent le monde du metal. Dans un entretien avec Revolver, la chanteuse explique : “Je pensais à tous ces connards qui sont adulés dans notre milieu, et j’avais envie de leur casser la gueule, comme s’ils étaient les harceleurs du lycée.”
Plutôt que de les nommer, LaPlante préfère les affronter à travers sa musique : “Quand je chante cette chanson, je peux leur dire ce que j’ai à dire sans prononcer leur nom, sans leur offrir une tribune.”
Avec Soft Spine, elle met en lumière un dilemme fréquent dans l’industrie : accepter de l’argent de personnes indirectement liées à des figures controversées. “Tout le monde se retrouve un jour face à une offre de quelqu’un qui bosse avec quelqu’un d’autre qu’on sait être problématique,” confie-t-elle. “Et ça nous pousse à nous demander jusqu’où on est prêt à aller, moralement parlant.”
Une volonté de changement profond dans la scène metal
Au fil des années, Courtney LaPlante est devenue l’une des voix les plus puissantes du metal moderne — sur scène comme en dehors. Face à un milieu encore largement dominé par des figures masculines conservatrices, elle refuse désormais de se taire. LaPlante dénonce notamment le retour en force d’un certain nationalisme dans les festivals, avec des groupes qui brandissent des drapeaux américains ou jouent l’hymne national en plein breakdown. “C’est quoi ce patriotisme commercial bizarre ?” s’interroge-t-elle.
Elle se montre tout aussi lucide lorsqu’elle évoque la place des femmes dans la scène metal : “Je suis toujours fascinée par le fait d’être une minorité dans ce milieu, alors que les femmes représentent au moins la moitié de la planète.” Elle l’assume pleinement : ses prises de position ne plairont pas à tout le monde, mais elles sont nécessaires. “Je parle juste de mon expérience. Et pour chaque personne que ça dérange, il y en a une autre à qui ça fera du bien.”
Cette transformation personnelle et artistique se reflète dans la manière dont LaPlante aborde désormais sa carrière. Moins encline à se dénigrer, elle affirme vouloir incarner pleinement sa voix : “Je veux avoir la confiance nécessaire pour dire : ‘Oui, je le mérite.’”
Spiritbox connaît une ascension fulgurante
Avec son deuxième album Tsunami Sea, Spiritbox continue d’élargir son audience et de marquer les esprits. Le disque, salué pour sa richesse émotionnelle et sa production ambitieuse, explore les dualités qui traversent la vie de LaPlante : introspection, colère, résilience.
Le groupe canadien entamera cet été une tournée des festivals européens, avec plusieurs dates importantes pour le public francophone :
- 12-14 juin – Interlaken, CH – Greenfield Festival
- 20 juin – Clisson, FR – Hellfest Open Air
- 21 juin – Dessel, BE – Graspop Metal Meeting
Après une collaboration remarquée avec Megan Thee Stallion à Coachella et deux nominations aux Grammy Awards, Courtney LaPlante affirme sa position comme figure incontournable du metal contemporain. Avec des titres comme Soft Spine, elle redéfinit les frontières d’un genre qui, selon elle, a longtemps été dominé par la complaisance et le statu quo.
Et comme elle le dit elle-même : “Je ne veux plus être cette personne qui se minimise. Je veux être celle qui regarde les choses en face, qui dit ce qu’elle pense, et qui se bat pour ce qu’elle croit juste.”