Tokyo Tapes

Scorpions
Tokyo Tapes

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Dans la mythologie, le scorpion est souvent associé à la notion d’immortalité et de renouveau perpétuel : tu m’étonnes ! Je connais une bande de musiciens de Hanovre qui depuis plus de 50 ans ont résisté à peu près à tout et qui ont cette faculté de renaître à chaque fois qu’on les croit morts et enterrés ! Fondé en 1972 (premier album !) par Klaus Meine et Rudolf Schenker, le groupe Scorpions est l’auteur d’un live incontournable sorti en 1978 : le fameux “Tokyo Tapes”, notre menu du jour.

À cette époque (ouh là ça sent l’arthrite !) Scorpions se résumait (pour moi) à l’album “Virgin Killer” (qu’un pote m’avait fait écouter !) duquel j’avais gardé en mémoire, hormis la pochette très crue, trois titres sur une cassette audio : “Pictured Life”, “Catch your Train” et “In your Park”. Autant dire pas grand chose mais j’ignorais que ces bandes de Tokyo allaient m’injecter le venin des arachnides pour toujours… (en même temps, à 15 piges tu reçois Tokyo Tapes dans la figure, ça laisse des traces !).

En ce temps là, en dehors des revues spécialisées, le réseau social le plus efficace s’appelait “le bouche-à-oreille” : c’est le copain du pote du copain qui nous amène un beau matin ce double live, qui va vriller les enceintes de la chaîne stéréo de la salle du foyer du lycée en 1979, soit un an après sa sortie !

Ce qui frappe d’emblée, c’est le son, bien sûr : les captations sont gigantesques, on sent le “souffle” des amplis ! Cette puissance qui avance comme un rouleau compresseur va constituer la marque de fabrique des Allemands, cette Deutsche Quality (approximatif mon Allemand !) qui jamais ne les quittera.

Comme de coutume ce live est une sorte de best-of et on y retrouve le fameux “Pictured Life” dans une version bien plus lourde qu’en studio, prémices du gros son de Lovedrive, “He is a woman, she is a man” avec le riff acéré de Rudolf Schenker, l’excellent “Well burn the Sky” déferle après sa magnifique intro et son solo final déchaîné pour ne citer que quelques classiques, autant de compositions complexes et puissantes emmenées par un Klaus Meine inspiré.

Dans la plus pure tradition des lives “made in Japan” initiés par un certain Deep Purple, les Teutons offrent une prestation en puissance et très homogène, dans le silence “religieux” du public, notamment pendant le très planant “In search of the peace of mind”.

Bien qu’exceptionnel le disque n’est pas exempt de tout reproche:  sur “Polar Nights” après une longue intro de 4 minutes guitare/batterie (en ce temps là, on savait faire durer le plaisir madame !) emmené par le talentueux lead soliste Uli Roth, on découvre le chant de ce dernier, à mi-chemin entre le canard et le raton-laveur (ça ressemble à quoi la voix d’un raton-laveur ? tant pis je laisse !)…

Les autres grands classiques du groupe ne sont pas en reste et encore une fois, leur version live va les rebooster, voire même les sublimer : le long (9’39) et magnifique “Fly to the Rainbow” qui flirte avec le rock prog, avec ses twins guitares, le long solo magistral au final très “vanhalenesque” d’Uli Roth (encore un !), sans oublier le superbe “In Trance” qui s’envole après l’intro en arpège.

Au milieu se glissent quelques reprises rock’n’roll et (face 4 du vinyle) un hommage rendu au public : Klaus va chanter une chanson traditionnelle en japonais dans le texte, façon Hard-rock, pour le plus grand bonheur de ses fans nippons !

Cet album marquera d’ailleurs une double rupture : ce sera le dernier disque produit sous le label RCA et le dernier auquel participera Uli Roth (son chant du canard sans doute !).

Ce double live est à la fois un formidable témoignage de leur talent et la renaissance d’un géant : si le groupe avait une certaine notoriété jusqu’ici, notamment en France, cet opus va les consacrer définitivement parmi les groupes qui comptent au niveau mondial et confirmer leurs statuts de superstars…

Preuve de la quasi-invincibilité des arachnides, (dont certaines espèces survivraient à une guerre nucléaire !) la sortie en 2004 de “Unbreakable” véritable avertissement au monde du rock : ils sont trempés dans cet acier qui ne rompt pas et ils sont toujours sur scène, à l’heure où j’écris ces lignes !

Il n’est nul besoin d’être un spécialiste pour comprendre que ce Tokyo Tapes fait partie des lives “magiques” et indispensables que seuls les 70’s savaient nous donner (ça me rajeunit pas !). À découvrir pour les plus jeunes et à écouter avec une pointe de nostalgie pour les anciens…

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2 Commentaires

    1. Salut LemmyHalford03,
      Merci pour ton commentaire, tout à fait d’accord avec toi, les chefs-d’œuvre ne vieillissent pas, c’est bien connu…

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