Pour cette soirée Opus Live au Backstage By The Mill à Paris, j’avais hâte de découvrir la performance scénique du groupe écossais Bleed From Within, surtout après la sortie de l’excellent album Shrine, paru en juin 2022. J’étais également curieuse de découvrir les autres groupes en première partie.
Comme d’habitude, la file d’attente pour le concert traverse le bar du O’Sullivans. La salle se remplit rapidement d’une foule suffisamment dense pour rendre l’accès à la scène difficile.
Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)
Allt
L’entrée du premier groupe, Allt, venu de Suède, se fait dans une obscurité tellement marquée qu’il est compliqué de voir les visages des musiciens. Ce groupe de Metalcore progressif formé en 2020 montre une certaine aisance en live, avec un frontman, Malmgren, qui va chercher le public et l’incite au wall of death, même si je ne suis pas spécialement emballée, malgré un savant équilibre entre des arrangements presque djent, et une empreinte mélodique plutôt sombre, mise en valeur par les guitares de Florman et Nordstrom.
L’élégance rythmique que l’on retrouve en studio ne transparaît pas vraiment ce soir, les lignes vocales sont également un peu éteintes…
La réécoute de certains morceaux comme Deep Blue Silent, qui clôt le set, me laisse néanmoins une meilleure impression.
Setlist :
- Odium
- Rupture
- Paralyzed
- Quietus
- The Deep Blue Silent
- Blindsight
Humanity’s Last Breath
Venant également de Suède, le groupe suivant balance via le titre Dödgud, une intro atmosphérique sombre avec un rythme lent qui offre un contraste intéressant avec les riffs aigus et dissonants qui suivent.
Les morceaux suivants offrent un son Deathcore avec un chant guttural qui pèse sur des doubles pédales frénétiques et des passages lents et lugubres, parfois accompagnés de nappes de fond glauques et diaphanes dans une cohérence globale assez appréciable, qui semble se rapprocher du Black Metal par certains aspects.
Côté performance scénique, c’est assez statique, mais le public semble répondre favorablement aux grognements furieux du frontman avec des coups de tête énergiques sur les breakdowns les plus lourds.
Je suppose que j’étais plus réceptive au deathcore rageur ce soir-là, et dans l’ensemble je trouve le son du groupe intéressant malgré une note un peu répétitive. Encore une fois, je pense que la restitution (sonore) ne leur rend pas justice et que cela mérite d’être vécu dans d’autres conditions.
Setlist :
- Dödgud
- Glutton
- Bellua (part 1)
- Tide
- Human Swarm
- Abyssal Mouth
- Vanda
- Earthless
Bleed From Within
Après une pause technique d’installation scénique, les membres de Bleed From Within font leur apparition l’un après l’autre sous les acclamations de la foule très compacte du Backstage By The Mill.
Après trois ans d’attente depuis leur dernière visite à Paris, le public ne cache pas son plaisir de revoir les Écossais sur scène, et les musiciens semblent tout aussi heureux d’être là.
Avec, heureusement, un son bien mieux équilibré que pour les deux groupes précédents, le set des têtes d’affiche s’ouvre sur I Am Damnation, issu de leur dernier bébé, Shrine, un bijou de metalcore sorti en juin 2022 chez Nuclear Blast. Le morceau a la progression et la puissance parfaites pour galvaniser le public.
Au-delà de l’engagement communicatif du frontman, Scott Kennedy, on note la belle énergie transmise par le jeu de guitare de Steven Jones, qui assure avec brio la section rythmique, en l’absence du bassiste (pour des raisons familiales). Sovereign avec son refrain très accrocheur et son mélange de mélodie et d’obscurité, ainsi que Levitate (où le chanteur d’Allt vient donner de la voix et finit en slam dans la foule), sont deux autres titres porteurs de riffs efficaces et d’une rage contagieuse, qui font encore monter le niveau de folie devant la scène. Les quelques mots de Scott à l’attention du malheureux fan renversé en début de set prouvent une fois de plus le bel esprit que l’on retrouve souvent au sein de la communauté Metal, et ça c’est beau.
Au fur et à mesure de la performance, le groupe nous dit à quel point le public est fou et généreux ce soir, et combien ils en sont reconnaissants.
Petit passage par trois titres issus de l’album de 2020, Fracture, notamment Into Nothing, qui tabasse d’un rythme lourd plutôt “Heavy Metal” mis en valeur par le jeu d’Ali Richardson à la batterie, et Pathfinder, avec son intro marquée par un petit côté djent.
Sur Flesh and Stone, titre du dernier opus, on profite un peu plus du jeu de Craig Gowans, guitariste talentueux, mais jusqu’à présent un peu en retenue dans son jeu de scène.
Je jubile dès l’intro de Temple of Lunacy, un morceau qui donne une terrible envie de headbanguer à chaque fois, et d’ailleurs, au cours duquel on assiste à une belle série d’actes d’engagement du public ; circle pit furieux, et slams souriants, devant un Scott Kennedy surexcité et ruisselant, en plus des chœurs repris par Steven Jones et le reste du groupe.
Afterlife est l’occasion de revenir sur l’album Era de 2018, où les différentes composantes musicales se superposent de manière efficace, ainsi que quelques ruptures de cadence intéressantes.
Après un Stand Down qui rend le public survolté, Paradise, avec une intro très mélodique d’une belle profondeur, nous montre un frontman hyper communicatif et en forme, qui va chercher encore plus la foule pour la pousser à participer à ce titre qui s’y prête particulièrement.
C’est sur The End of All We Know, tornade de 2020 qui semble être le titre le plus populaire du groupe, que se conclut la performance qui s’est déroulée sans la moindre sensation de temps mort. Une progression d’une puissance ininterrompue, portée par une setlist composée avec goût, et un partage sincère et très chaleureux des musiciens avec le public, qui a lui aussi tout donné tout au long de la soirée.
Setlist :
- I Am Damnation
- Sovereign
- Levitate
- Into Nothing
- Pathfinder
- Fracture
- Flesh and Stone
- Temple of Lunacy
- Afterlife
- Stand Down
- Paradise
- The End of All We Know
Un concert particulièrement réussi tant au niveau de l’ambiance que de la puissance. Même si l’enthousiasme était un peu plus mitigé sur les deux premiers groupes, Bleed From Within a totalement retourné le Backstage By The Mill. Sur une grande scène, ça doit être encore plus palpitant ! Je sais déjà qui sera dans ma liste des groupes à voir en festival cet été…
À propos de Tetralens
Cet article a été rédigé par Tetralens, qui est également la propriétaire de toutes les photos que vous avez vues ci-dessus.
Tetralens est une photographe basée à Paris. Si vous souhaitez discuter avec elle de son travail et/ou collaborer avec elle, vous trouverez toutes ses informations ci-dessous !
TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.