Le festival de musique le plus extrême de Bretagne, le Motocultor, lance sa 14e édition cette année, sur de nouvelles terres à Carhaix, sur le site de Keramphuil, largement connu pour avoir accueilli les Vieilles Charrues, établies de longue date.
Ici, pour le festival metal qui a fait sa réputation sur son ambiance et sa taille humaine (mais pas seulement), la configuration sera différente.
C’est une nouvelle étape pour le Motocultor, qui s’est également adjoint cette année les compétences de NRV Promotion et de La Tête de l’Artiste pour l’organisation et la gestion de l’événement.
Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)
En terres inconnues
L’arrivée sur les lieux est assez bien fléchée, malgré un certain flottement dû à des informations verbales contradictoires. Ouf, je suis rassurée, on est bien au Motoc !
Le camping est déjà plein, mais heureusement, j’ai un groupe d’amis qui me gardent un coin au chaud. Et pour la chaleur, nous sommes servis. Le temps est radieux, presque à faire mentir la légende du temps très liquide de la Bretagne.
Dès que les festivaliers enfilent leurs bracelets, ils sont accueillis par un bagad qui donne immédiatement le ton : Bretons et fiers de l’être. Et c’est chouette.
Comme tout le monde, je découvre le nouveau site, avec une configuration assez compacte où les scènes sont mieux mises en valeur, des espaces de restauration bien identifiés et idéalement placés face aux scènes sous tente, et la tente de merchandising (où les artistes font aussi des séances de dédicaces) un peu à l’écart, ce qui évite de traverser les files d’attente.
La scène principale, ou Dave Mustage, est installée un peu plus bas, dans un espace bien dégagé, ce qui la rend visible de loin, et c’est tant mieux. Autour d’elle, plusieurs stands proposent de la nourriture et des boissons (disponibles via des badges cashless), des vestes (sans patchs) et d’autres accessoires pour les métalleux en herbe ou confirmés.
J’ai du mal à trouver l’accès à la zone presse/VIP. Et pour cause, ce n’est pas indiqué… Volonté ? Mystère. Un simple interstice entre deux barrières, filtré par un agent de sécurité, permet d’accéder à la zone mitoyenne, où une tente abrite quelques tables de travail et une équipe d’accueil pour la presse. C’est là que commence ma journée : nous voilà partis pour trois interviews, et pas des moindres…
Les joyeux Suédois de Royal Republic me régalent d’anecdotes de tournée, de leurs goûts bien assumés en matière de références musicales et surtout d’une description succincte mais ô combien imaginative du prochain opus, sous la forme d’un rébus/énigme plutôt subversif ! J’espère qu’Ariel aime les bals masqués ! (Lire l’interview pour comprendre). S’ensuit une discussion avec Manuel Gagneux, musicien de génie et créateur de Zeal & Ardor, puis avec Wayne des incontournables Hatebreed, qui me parle du plaisir du groupe à proposer une version positive de leur metal cinglant.
J’arrive juste à temps pour voir Warbringer sur la scène Supositor. Un véritable tourbillon de thrash metal bien senti qui réveille les foules avec The Black Hand Reaches Out et Remain Violent. Une entrée en matière très efficace !
Ensuite, ce sont les Burning Witches qui s’apprêtent à immoler la Dave Mustage. Même si le heavy metal de ce groupe suisse n’est pas mon style de prédilection, cette coalition de musiciennes talentueuses, Laura Guldmond en cheffe de coven, et Courtney Cox qui officie aussi dans les Iron Maidens (il me semblait bien avoir capturé cette guitariste à la crinière rousse quelque part) a le mérite d’être très dynamique et de mettre une bonne ambiance, avec en prime un redoublement d’enthousiasme des mâles dans le public… (Attention, t’as un peu de bave là… Ok, je sors).
Après une courte pause, il est temps de retrouver le rock débridé et joyeux des Suédois de Royal Republic. Hormis quelques irréductibles fans de black metal, personne ne résiste au tempérament scénique de Jonas, à l’énergie sans concession de Per à la batterie, au jeu de guitare plus concentré de Hannes, ainsi qu’au sens du spectacle d’Adam, en interaction constante avec son public.
Pendant ce temps, sur la Bruce Dickinscene, le puissant set hard rock d’Ugly Kid Joe était le cadre parfait pour un moment de partage, accueillant les photographes sur scène pour immortaliser l’événement.

Angelus Apatrida, première fois en live, est une belle découverte. Les Ibériques forment un quatuor alliant riffs acérés et puissance, le tout enrobé d’une énergie qui donne envie de headbanguer et de slammer, ce que les festivaliers font avec allégresse, et que dire de la performance de Jose J. Izquierdo à la basse, qui en plus de jouer fort, offre un jeu de scène particulièrement expressif, roulements d’yeux, effets capillaires, sourires ravageurs ou “bass faces” mémorables…
L’une des représentations les plus attendues de la journée, et peut-être même du week-end, est sur le point de commencer. Zeal & Ardor. Ce projet est le fruit de l’imagination, de l’écriture et de la composition du brillant Manuel Gagneux, accompagné en direct par un groupe de musiciens talentueux. Il démarre en force avec Churh Burns, suivi de Gotterdammerung. L’expression visuelle est toujours caractérisée par un jeu de fumée, des lumières de fond de scène et une atmosphère lourde et sombre, en écho aux paroles qui évoquent des sujets lourds tels que l’esclavage (plus d’informations sur ce sujet dans l’interview). La combinaison de negro spiritual et de black metal met parfaitement en valeur les paroles. Le chapiteau est envahi par un public en transe qui reste jusqu’à la fin de la prestation. Un des meilleurs sets de cette édition du Motocultor.
De son côté, Wolfmother a joué devant un public un peu moins investi, appréciant peut-être davantage le hard rock australien que l’on écoute avec nonchalance.

Petit moment creux avec Kadavar, dont le hard rock stoner n’a pas l’air de séduire beaucoup de festivaliers.
Après une si longue journée, je suis heureuse de pouvoir revoir Hatebreed qui prend d’assaut la scène principale devant un public aussi impatient que moi. Jamey Jasta, bien que caché derrière sa casquette et sa barbe fournie, Wayne à la guitare, Matt à la batterie et les autres nous entraînent dans une belle leçon de hardcore crossover death metal, dont l’identité distille depuis 1994 les prémices de l’inspiration de nombreux groupes de metalcore d’aujourd’hui.
C’est donc sur cet excellent set, où les corps affluent et s’entrechoquent sans discontinuer, que s’achève pour moi la première journée du Motoc.
Le lendemain promet d’être tout aussi intéressant…
À propos de Tetralens
Cet article a été rédigé par Tetralens, qui est également la propriétaire de toutes les photos que vous avez vues ci-dessus (à l’exception de celles de Scrime Photography).
Tetralens est une photographe basée à Paris. Si vous souhaitez discuter avec elle de son travail et/ou collaborer avec elle, vous trouverez toutes ses informations ci-dessous !
TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.