Alcest + Bruit + I -II- I : voyage sensoriel à L’Autre Canal de Nancy

à 18h54
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Alcest + Bruit + I -II- I : voyage sensoriel à L’Autre Canal de Nancy
© Antoine D.

Il est presque 20 h et la file s’allonge devant L’Autre Canal de Nancy. Nombreux sont ceux venus assister à l’une des dernières dates de la tournée d’Alcest, accompagnés de Bruit et de I -II- I (à prononcer “Two Eyes”). Une soirée placée sous le signe de l’intensité, de l’immersion et, parfois même, de l’intimité.

I -II- I (Two Eyes)

Alors que rien ne semblait l’annoncer, un synthé grave résonne soudainement, d’abord doucement, puis de plus en plus fort, alors que les lumières sont encore allumées. I -II- I arrive et nous convoque à sa prestation par ce bourdonnement qu’on ne peut plus ignorer. Les lumières s’éteignent, les musiciens entrent sur scène avec Lotis.

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Tout se teinte de rouge. Hélène Ruzic prend place derrière son autel – son clavier – tandis que Benjamin Racine (guitare) et les Maxime(s) Keller (basse) et Hanné (batterie) l’entourent. Auto-défini comme “witchwave”, le style oscille entre trip-hop, indus, post-rock et metal. L’atmosphère devient rapidement celle d’un rituel intimiste.

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Le groupe nancéien, en terrain familier, défend ce soir avec brio son nouvel album Apostles of the Flesh, sorti plus tôt ce mois-ci. Where the Diamonds Are Hurled, avec son motif à la guitare et ses toms tribaux, enveloppe la salle d’une ambiance pesante et dansante, tandis qu’Hélène survole le tout de sa voix virevoltante. Le rouge et le pourpre recouvrent le public comme un écrin de velours. Plus rock dans l’esprit, Sisters of the Coven électrise la foule.

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En conclusion du set, Hélène remercie l’équipe technique, L’Autre Canal et Alcest. Le groupe fait montre d’une belle maîtrise et d’une vraie identité musicale. Une très belle découverte pour ouvrir la soirée.

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Bruit

À peine Two Eyes a-t-il quitté la scène que les membres de Bruit s’affairent à poser leur matériel. Cabs Orange ornés de paysages forestiers, pédaliers géants décorés de guirlandes lumineuses, synthés, violon, violoncelle, vidéoprojection… L’espace scénique se transforme.

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Les lumières s’éteignent, Ephemeral démarre. Seules les guirlandes aux pieds du guitariste éclairent la scène. Le titre s’affiche lentement sur l’écran derrière la batterie. Luc Blanchot entame la pièce au violoncelle, soutenu par des samples. L’orage rythmique de Julien Aoufi surgit alors, intensifiant le contraste avec les images mécaniques projetées. Rapidement, le groupe fusionne dans un chaos sonore maîtrisé où machines et émotions humaines s’affrontent et s’embrassent.

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Progress / Regress débute dans une ambiance intimiste : Théophile Antolinos (guitare) et Clément Libes (basse) se font face, leurs arpèges bercés par le violoncelle. Cette douceur ne tarde pas à exploser.

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Industry, l’un des seuls morceaux du premier album joués ce soir, nous saisit à la gorge. Le groove de batterie initial est écrasant, les cordes pleurent une mélodie déchirante. La batterie brille, impressionnante, jusqu’à introduire Data. Le morceau, riche en samples et en variations, nous plonge plus encore dans l’univers du groupe. L’illusion du concert s’efface au profit d’une expérience quasi introspective.

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Techno-Slavery / Vandalism nous propulse dans un dernier voyage. Un grand monolithe se dessine derrière la batterie, avant de laisser place à l’un des plus beaux solos de violoncelle de la soirée. La seconde moitié du morceau débute par une obscurité soudaine, percée par l’apparition de son titre : Vandalism, comme une révélation dans les ténèbres.

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Le silence retombe, avant que les applaudissements ne jaillissent. Clément prend la parole, remercie le public pour cette première date à Nancy, ainsi qu’Alcest pour la tournée partagée. Il rappelle que le groupe n’est présent sur aucune plateforme de streaming, préférant la transmission humaine. Un geste en écho aux polémiques autour de Spotify.

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Pour conclure, The Machine Is Burning est joué en rappel. Dernier titre du premier album, il synthétise parfaitement l’essence du set : intense, brut et saisissant.

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Setlist de Bruit :

  1. Ephemeral
  2. Progress / Regress
  3. Industry
  4. Data
  5. Techno-Slavery / Vandalism
  6. The Machine Is Burning

Alcest

Changement radical d’univers. Après la grisaille apocalyptique de Bruit, la scène se pare de tapis beiges et de plantes en pots. Deux statues d’oiseaux et une fausse lune évoquent l’esthétique de la pochette de Les Chants de l’Aurore.

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Le groupe entre sous une lumière douce. Neige salue discrètement le public. Komorebi ouvre le set, enchaîné sans pause avec L’Envol. Les deux premiers titres du dernier album posent le décor : guitares réverbérées, harmonies majeures, et une lumière qui nimbe le black/shoegaze du groupe. La scène devient un cocon sonore baigné de soleil. Les quatre morceaux issus de Les Chants de l’Aurore sont acclamés, preuve que l’album a déjà conquis le public.

Améthyste suit, introduite par Neige, lors de sa première prise de parole. Le groupe laisse peu de blancs, préservant l’immersion. Le son est clair, puissant. Chaque accord résonne dans tout le corps.

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Les autres albums ne sont pas oubliés. Spiritual Instinct est représenté par trois morceaux : Protection, puis Sapphire, qui déclenche un frisson général. Têtes qui bougent, yeux fermés : l’émotion est palpable.

Le souffle du vent dans les enceintes annonce Écailles de lune, Pt. 2. Unique extrait de cet album ce soir, le morceau impose le silence et la révérence. Le bleu nuit envahit la scène, la fumée aussi. C’est le pivot central du set, presque dix minutes de beauté.

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Le Miroir prend le relais, ses voix conjuguées évoquant un chœur monacal. Flamme Jumelle clôt la section Les Chants de l’Aurore avant de laisser place à Kodama. Le premier morceau de l’album éponyme est introduit par Zero, seul sous un faisceau lumineux, tranchant l’obscurité. Le public reprend le dernier motif du titre en chœur, marquant la “fin” du show. Le groupe quitte la scène en silence, mais tout le monde sait que ce n’est pas fini.

Rappel immédiat. Éclosion reprend comme si rien ne s’était interrompu. Les cris de Neige, remarquables toute la soirée, résonnent à nouveau. Avant le dernier morceau, le frontman remercie chaleureusement le public et les groupes précédents : “Vous êtes formidables”, répétera-t-il plusieurs fois.

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“Cette chanson s’appelle Autre Temps” annonce-t-il. L’euphorie gagne la salle. Puis vient le silence. Le groupe a tenu ses promesses : en live, la musique d’Alcest prend une ampleur magique. Un moment suspendu. Les chants de l’aurore résonneront encore longtemps dans les esprits.

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Setlist d’Alcest :

  1. Komorebi
  2. L’Envol
  3. Améthyste
  4. Protection
  5. Sapphire
  6. Écailles de lune – Part 2
  7. Le Miroir
  8. Flamme Jumelle
  9. Kodama
  10. Éclosion
  11. Autre Temps
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