Tour récemment, le président français Emmanuel Macron a assisté à un concert privé du groupe de Metal parodique Ultra Vomit dans les jardins de son palais présidentiel de l’Élysée, dans le cadre d’une vidéo YouTube réalisée par deux humoristes.
Il y a quelques mois, Macron a mis au défi deux humoristes français populaires sur YouTube, McFly et Carlito, qui ont plus de six millions d’abonnés sur leur chaîne, de réaliser une vidéo sur la nécessité de porter des masques, de se désinfecter les mains et de garder une distance de sécurité pour ralentir la propagation du coronavirus. En guise d’incitation, il leur a promis qu’ils pourraient tourner leur prochain projet dans son palais de l’Élysée si la vidéo atteignait 10 millions de vues.
McFly et Carlito ont gagné le pari et ont été autorisés à tourner une vidéo de 36 minutes, qui se termine par une promenade dans les jardins de l’Elysée, où Ultra Vomit joue une version Hard Rock de la berceuse française Une Souris Verte. Vous pouvez regarder la vidéo de McFly & Carlito plus bas (le passage avec Ultra Vomit est à 34:00).
Depuis, Ultra Vomit a répondu à la polémique créée sur les réseaux sociaux suite à sa performance, via un commentaire sur une de ses publications Facebook. Le groupe a déclaré :
Bon. On me dit dans l’oreillette qu’il y a ici un “shitstorm”, autrement dit une tempête de merde. Le caca c’est excellent, c’est pas la question. Mais là ça fait un peu chier. Quand même. Pour clarifier le contexte, on a donc accepté l’invitation des youtubers McFly et Carlito, qu’on connaissait pour certains depuis une quinzaine d’années, à créer une sorte de “hold up” métallique en guise de conclusion de leur tant attendue vidéo présidentielle. Le concept était limpide : jouer une ou deux minutes de gros metal à la face du président de la république. C’est tout.
Il a poursuivi :
Cette idée saugrenue leur est venue quelques jours avant le tournage. On a été prévenu 3 jours avant seulement, et l’Elysée a su de quoi s’agissait réellement dans les toutes dernières heures. Quant à Macron, on nous a confirmé en arrivant sur place qu’il n’était tout simplement pas au courant ! On a donc eu moins de 72h pour se décider, et pour être honnête, on aurait très probablement pris une autre décision si on avait eu plus de temps pour réfléchir… La raison ? Des gens nous auraient dit “ne faites pas ça, vous êtes malades, vous allez vous faire défoncer !!”. Et on aurait sûrement laissé tomber. Il y a deux raisons possibles pour refuser de faire un truc : 1) la flemme, 2) la peur. Peur de ne pas être à la hauteur, peur de se chier dessus, ou de se faire chier dessus. La flemme est un sentiment qu’on ne connait que trop bien, les vrais savent. Mais on a vite capté que ce n’était pas ce qui nous conduirait à décliner cette folle proposition… Ce qui nous empêcherait de le faire, c’est bien la probabilité de se prendre un shitstorm.
Mais voilà, ce n’est pas une raison valable à nos yeux. On a donc décidé qu’on n’allait pas se priver d’un truc aussi dingue par peur des réactions sur les réseaux sociaux.
On sait pertinemment qu’on participait, indirectement, à une opération de comm visant à rendre le président plus cool auprès des jeunes. Mais ce n’est pas parce qu’un mec est cool que ses idées le sont. Et si certains pensent qu’on a le pouvoir de le faire réélire simplement en lui blastant la gueule pendant une minute, ce serait nous prêter un peu, beaucoup, trop d’importance !
Il a ajouté :
On sait aussi qu’on appartient en tant que groupe à une “niche” spécifique du metal, et donc qu’au bout de 20 ans d’existence, la quasi totalité des metalleux en France nous connaissent déjà. Autrement dit, on ne fait pas un truc comme ça pour gagner des fans ou vendre des albums. Ça ne fonctionne pas comme ça. Et si c’était le cas, on aurait joué un morceau du dernier album en mode “promo”, et pas un de nos vieux morceaux les plus violents. On le fait pour les raisons évoquées dans le post : BLASTER un chef d’Etat ! C’est le seul truc qui nous motivait. De l’absurde. Pur et dur. En gros, ce qu’on sait faire et qu’on fait depuis 20 ans donc. On ne le fait pas pour les thunes non plus. On a reçu un cachet standard de la part des youtubers, et s’il avait fallu le faire gratuitement on l’aurait fait quand même, c’est pas la question. Ça nous dépasse et nous désole que notre présence à l’Elysée puisse être interprétée comme une insulte à notre profession ou aux intermittents. Au passage nous sommes nous même aux 3/4 intermittents, et personne ne semble avoir prêté attention aux croix blanches, ni à l’autocollant pôle emploi pourtant fièrement arboré par Fetus sur sa gratte, ni même au fait qu’on blaste purement et simplement la Marseillaise sous le nez du président de la république. On voulait juste faire un truc fou, redonner le sourire aux gens, dans un contexte manifestement compliqué pour beaucoup. Un contexte que nous ne maîtrisons pas, pour le coup, un peu par flemme, on doit bien le reconnaître.
Il a conclu :
On dit qu’un artiste a une responsabilité, qu’il doit être engagé et avoir un message. Nous ça fait 20 ans que le message est le même : divertir de la manière la plus absurde et décalée possible, en invitant les gens à débrancher leur cerveau. On a fait en sorte d’appliquer cette recette dans un contexte pour le moins particulier. On sait que ça a fait marrer énormément de gens. Pour les autres… On aura essayé ! La vie continue. En attendant, force à toutes et à tous. U. putain de V.
Originaire de Nantes, en France, Ultra Vomit a enregistré quelques démos et trois albums, M. Patate (2004), Objectif : Thunes (2008) et Panzer Surprise ! (2017). Leur style et leurs paroles sont décrits comme “totalement fous”, généralement inspirés par des dessins animés ou des publicités télévisées. Ils ont également réalisé de nouvelles versions de célèbres chansons françaises pour enfants, comme Une Souris Verte et Bouba Le Petit Ours, déjà mentionnées.
Du reste, le duo d’humoristes, McFly et Carlito, se serait engagé à reverser les recettes issues du visionnage de cette vidéo à Agoraé, un réseau d’épiceries solidaires pour les étudiants.