“Je voulais être enlevé par des aliens” : Devin Townsend dévoile les blessures derrière Ocean Machine

à 15h17
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“Je voulais être enlevé par des aliens” : Devin Townsend dévoile les blessures derrière Ocean Machine
© Devin Townsend (Presse)

Dans une interview datant de 2017 pour Metal Hammer, récemment remise en ligne, Devin Townsend revient avec une rare lucidité sur la genèse d’Ocean Machine: Biomech, un album marquant à travers lequel transparaît toute la complexité de son esprit et sa vision du monde à l’époque.

“Je voulais être enlevé par des aliens” : Devin Townsend et l’échappée cosmique d’Ocean Machine

Sorti en 1997, Ocean Machine: Biomech marque le véritable lancement de la carrière solo de Devin Townsend. Bien loin de la brutalité de Strapping Young Lad, ce disque explore les zones les plus profondes et vulnérables de son auteur. Dans une interview accordée à Metal Hammer à l’occasion du vingtième anniversaire de l’album, Devin confie avoir souvent souhaité fuir notre monde : “J’espérais vraiment être enlevé par des aliens un jour. Je me souviens avoir pensé qu’il serait formidable de ne pas avoir à participer à cette forme d’existence cruelle – en étant celui que les extraterrestres choisiraient d’enlever.”

Cette envie de disparaître, de quitter la planète et ses absurdités, traverse tout l’album. Des morceaux comme Hide Nowhere, Voices In The Fan ou Greetings expriment ce fantasme d’évasion cosmique. Pour Devin, ces chansons étaient un exutoire, une manière d’extérioriser un profond mal-être : “Très jeune, j’ai compris que ma tendance à écrire de la musique me permettait de canaliser mes sentiments en quelque chose de vraiment tangible.”

Thing Beyond Things : un testament philosophique

Mais c’est dans la dernière chanson, Thing Beyond Things, que toute la philosophie de Townsend s’exprime. Voix éthérées, imagerie sombre, l’artiste y atteint une forme de détachement face aux tourments de l’existence : “Elle résume le disque en disant que, à travers tout ça, à travers les hauts et les bas, les pics et les creux de cet océan, à la fin, ça n’a pas vraiment d’importance. Ce ne sont que des choses.”

Une phrase simple, presque banale, mais chargée de sens quand on la replace dans le contexte de sa vie à l’époque : un jeune homme en proie à l’anxiété, en quête de sens, frappé par la perte de repères et une confrontation brutale avec la mort.

En particulier, la chanson Funeral a été inspirée par la mort tragique de Jesse Cadman, poignardé à l’âge de 16 ans. Devin, très touché par cet événement, avait été invité à prendre la parole lors des funérailles, un moment qui l’a profondément marqué : “Je n’avais jamais été confronté à la mort de manière tangible avant ça… C’était un moment très lourd pour beaucoup d’entre nous.”

Devin Townsend aujourd’hui : l’envergure de The Moth

Plus de 25 ans plus tard, Devin Townsend continue de sublimer ses réflexions existentielles à travers des projets toujours plus ambitieux. Son opéra rock The Moth, présenté pour la première fois en mars à Groningen, est désormais disponible en streaming à la demande jusqu’au 28 mai 2025 via la plateforme On Air. Un spectacle grandiose, fruit de dix années de travail, réunissant plus de 150 artistes sur scène.

Pour les fans de Ocean Machine et de ses œuvres les plus introspectives, The Moth représente un prolongement logique de cette quête artistique, mêlant metal, orchestration symphonique et émotions à fleur de peau. Devin lui-même le considère comme “l’aboutissement de toute [sa] carrière”.

Pour en savoir plus sur The Moth et accéder à la performance : https://onair.events/devin-townsend-the-moth

À travers ses époques et ses projets, Devin Townsend reste l’un des esprits les plus fascinants du monde du metal, capable de transformer ses douleurs, ses doutes et ses rêves en musique universelle.

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