“Je n’ai jamais vu un centime” : Mike Mushok (Staind) critique les majors

à 15h54
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“Je n’ai jamais vu un centime” : Mike Mushok (Staind) critique les majors
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Mike Mushok, guitariste du groupe Staind, affirme dans une nouvelle interview n’avoir “jamais reçu un centime de royalties” malgré des millions de disques vendus. Dans une conversation franche avec The KiddChris Show, il revient sur les dessous financiers de sa carrière et les contrats léonins des maisons de disques.

“Je n’ai jamais reçu de royalties” : Mike Mushok dénonce les pratiques de l’industrie

Bien que Staind ait vendu des millions d’albums à travers le monde depuis sa formation en 1995, Mike Mushok affirme ne jamais avoir touché la moindre redevance sur les ventes ou les écoutes de ses disques. Lors de son passage dans l’émission The KiddChris Show, le guitariste a déclaré : “Écoutez, j’ai vendu je ne sais combien de millions de disques, et je n’ai jamais reçu de royalties de la part de la maison de disques après… je ne sais pas… 20 ou 25 ans. On leur doit encore de l’argent. On n’est plus signé chez eux depuis — je ne sais pas — 2011, c’est l’année où on a sorti notre dernier disque chez Atlantic, et pourtant on leur doit encore de l’argent.”

Selon Mushok, ces dettes résiduelles sont dues aux avances généreuses versées à Staind au début de chaque cycle d’album : “Je ne vais pas mentir — ils nous ont donné de grosses avances, et c’est pour ça qu’on leur doit encore de l’argent. Mais bon, il paraît que dans trois ans ce sera enfin remboursé, et que je commencerai à toucher des royalties.”

Une industrie peu favorable aux artistes

Mike Mushok évoque également la possibilité, prévue par la loi américaine, de récupérer les droits des enregistrements maîtres après 35 ans. Cependant, il reste sceptique : “Théoriquement, au bout de 35 ans, les masters sont censés te revenir. Mais j’en ai parlé à notre avocat, et il m’a dit qu’aucun label ne laisse jamais faire ça. Ils essaient de t’acheter pour continuer à les posséder — sauf si tu te bats contre eux.”

Cette déclaration rappelle celle faite par Pete Loeffler de Chevelle en 2021, qui affirmait que son groupe n’avait jamais gagné d’argent directement issu des ventes, malgré six millions d’albums écoulés chez Epic Records. Une situation révélatrice de la manière dont les grandes maisons de disques structurent leurs contrats, avec des avances considérées comme des prêts, à rembourser avant tout versement de royalties.

Un retour en studio contrasté pour Staind

Après une longue pause, Staind a sorti en septembre 2023 Confessions Of The Fallen, son premier album studio depuis plus d’une décennie, produit par Erik Ron. Ce disque marque un tournant musical avec l’introduction d’éléments électroniques, une idée fortement soutenue par le chanteur Aaron Lewis. Une édition deluxe a vu le jour en août 2024, incluant le titre inédit Full Of Emptiness ainsi qu’une version alternative du morceau Better Days en collaboration avec Dorothy.

Malgré des débuts solides — l’album est entré à la 4e place du classement Billboard des ventes d’albums —, les musiciens continuent de composer sous la pression des dettes contractées lors de leurs années avec Elektra et Atlantic. Il est à noter que la période de 1999 à 2011, couvrant notamment les albums Dysfunction, Break The Cycle, 14 Shades Of Grey ou encore l’éponyme Staind, a été marquée par un partenariat avec Flip Records, label désormais mêlé à une procédure judiciaire complexe avec Universal, impliquant notamment Fred Durst de Limp Bizkit. Staind n’est pas directement concerné par cette affaire.

Staind et l’héritage d’une époque

Formé à la fin des années 1990, Staind est l’un des groupes phares de la scène nu metal américaine. Porté par des titres comme It’s Been Awhile et So Far Away, le groupe a su mêler introspection, lourdeur sonore et mélodies accrocheuses. Malgré les tensions internes — et plus récemment, la perte de leur batteur historique Jon Wysocki en mai 2024 —, les musiciens poursuivent leur parcours avec ténacité.

Dans un climat où de plus en plus d’artistes dénoncent la structure archaïque et désavantageuse des contrats avec les majors, le témoignage de Mike Mushok s’ajoute à une liste croissante de voix appelant à une réforme de l’industrie musicale.

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