
Prokopton par Aephanemer
Aephanemer est plein de vigueur, et ça fait plaisir d’entendre des français faire du Death Metal Mélodique.
Note globale
Aephanemer est un jeune groupe prometteur de la scène Metal française. Avec seulement 1 album à son actif, le quatuor a su se créer un public dévoué. Son identité est très ancrée dans le style du Death Metal Mélodique, et il semble que le groupe n’essaie pas spécialement de se démarquer. Ainsi, Prokopton est un album sans réelle surprise.
Aephanemer en quelques mots
Aephanemer est un groupe de Death Metal Mélodique français fondé en 2014 à Toulouse. Le nom est apparemment une fusion des mots “éphémère” et “fané”. Il est actuellement constitué de Marion Bascoul (chant, guitare rythmique), Martin Hamiche (guitare lead), Lucie Woaye Hune (basse) et Mickaël Bonnevialle (batterie). Le quatuor mélange du Death Metal Mélodique à divers éléments orchestraux, et comptabilise à ce jour 1 EP (Know Thyself en 2014) et 1 album (Memento Mori en 2016). Son deuxième album intitulé Prokopton sera officiellement publié le 22 mars 2019 de manière indépendante. Vous pouvez d’ailleurs le pré-commander en cliquant ici.
Des influences très marquées
Prokopton contient 8 pistes, dont 7 chansons et 1 interlude. Lorsqu’on lit la biographie du groupe, on découvre que ses membres sont fans de Children of Bodom, Amon Amarth, Dissection, et Dark Tranquillity. Pas de doute, on ressent les influences dès la première chanson éponyme. Elle est remplie d’éléments qui rappellent COB. Et j’espère que vous aimez ce groupe parce qu’autrement vous allez avoir du mal. La piste d’ouverture a aussi des airs de Wintersun grâce aux orchestrations. Celle qui suit, intitulée The Sovereign, a également des ingrédients qui rappellent le groupe finlandais. Elle est dotée d’un excellent refrain puissant, et communique un maximum d’énergie. Ceci en fait un single fort bien choisi. Dissonance Within, elle, est aussi intense. Ses lignes rapides de violons en spiccato accompagnent agréablement les riffs mélodiques de guitare tout au long de la composition.
Peu de diversité
On soulignera l’apparition d’un passage chanté dans Snowblind (le quatrième morceau de l’opus qui a une intro bien mélancolique avec ses lignes de violoncelles). Le chant permet d’ajouter un peu de dynamique au spectre sonore du groupe. Les cris de Marion sont bons, mais une palette vocale un peu plus grande aurait été appréciée. Le fait d’être toujours sur la même octave tout au long de l’album ressemble beaucoup à du Alexi Laiho.
Suite à cela, voilà l’interlude nommé At Eternity’s Gate. Une seule idée, une mélodie répétée tout le long de la piste, avec pour nuances quelques harmonies et une modulation au milieu. La mélodie est belle, mais tellement tirée en longueur que les 3 minutes paraissent longues…
Un maximum d’énergie
Back Again est plus rapide et contient un bon solo de guitare, ainsi qu’une monstrueuse outro frénétique. Bloodline a aussi un bon solo. Il n’y a pas à dire, niveau guitare, ça se passe bien, mais parfois on a l’impression que c’est toujours elle qui est au centre de l’attention. Bien que le Death Metal Mélodique soit connu pour cette particularité, il est important de répartir les moments de lumière entre les instruments. Prenons l’exemple d’Insomnium qui arrive à faire de la guitare le centre, sans pour autant sacrifier la place du chant ou des ambiances. If I Should Die vient clôturer l’album. Un long morceau de 9 minutes qui sert d’outro à l’album, et qui n’a pourtant étrangement pas de climax… Dommage.
Une meilleure production
Dans les détails de l’album, nous pouvons voir que l’artwork a été réalisé par Niklas Sundin, qui a fait du bon travail. On remarque aussi que Prokopton a été mixé par Dan Swanö (Unisound AB), et masterisé par Mika Jussila (Finnvox Studios). Les prises de voix ont été capturées au Tower Studio, et le reste n’est pas mentionné. Cela laisse à penser que le reste a été enregistré à la maison dans une pièce peu traitée, avec quelques micros et une interface audio. Je salue l’effort d’avoir enregistré une vraie batterie, malheureusement celle-ci manque un peu de punch et de clarté. La caisse claire sonne un peu “boxy”, et les toms légèrement plastique. C’est tout de même une avancée en comparaison de la batterie du premier album Memento Mori.
Un problème de dosage
Au final, Aephanemer est plein de vigueur, et ça fait plaisir d’entendre des français faire du Death Metal Mélodique. La performance est maîtrisée, et les compositions regorgent de belles mélodies et de passages techniques à la guitare. Comme mentionné précédemment, le groupe est plein d’énergie, mais il en a peut-être un peu trop. On dirait qu’il ne s’arrête jamais et essaie de nous écraser sous l’intensité qui ne redescend presque à aucun moment. Chaque chanson prise individuellement est franchement une bonne composition. Néanmoins, tout à la suite, l’ensemble est difficilement digeste. La cause : trop peu de nuances. Pas une seule guitare clean de l’album. Pourquoi ? Y avait-il du chatterton de chantier sur le switch du canal clean lors de l’enregistrement ? J’espère voir le groupe en live, et lui souhaite un maximum de réussite avec Prokopton. S’il persiste et continue à développer son identité, il aura certainement encore plus de succès.