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SUMMARY | 5.0 |
Treize ans d’attente. Alors, est-ce que ça valait le coup ? Après plusieurs mois de teasing intense, nous voilà enfin en mesure d’écouter Fear Inoculum, le cinquième album de Tool. Les musiciens ont toujours pris leur temps pour créer leurs albums, mais celui-ci en a pris bien plus que prévu. Avec Tool, chaque sortie est un évènement, et celle-ci signe son retour magistral sur le devant de la scène.
Tool en quelques mots
Tool est un groupe de Metal Progressif américain fondé en 1990 à Los Angeles. Il est actuellement composé de Maynard James Keenan (chant), Adam Jones (guitare), Justin Chancellor (basse) et Danny Carey (batterie).
À ce jour, la discographie du groupe compte 2 EP (72826 en 1991 et Opiate en 1992) et 5 albums (Undertow en 1993, Ænima en 1996, Lateralus en 2001, 10,000 Days en 2006 et enfin Fear Inoculum en 2019).
Veuillez noter que cette review est basée sur la version CD de l’album, qui contient 7 pistes. Retrouvez la tracklist ci-dessous.
Tracklist de Fear Inoculum :
01. Fear Inoculum
02. Pneuma
03. Invincible
04. Descending
05. Culling Voices
06. Chocolate Chip Trip
07. 7empest
Un retour en force
Treize ans pour 7 pistes, dont 6 chansons et 1 interlude. Tool a su préserver une atmosphère de mystère autour de la sortie jusqu’au bout. Et lorsque la chanson éponyme est sortie, elle a eu l’effet d’une bombe. La demande pour Fear Inoculum a été tellement forte que les pré-commandes ont été fermées, car l’album était en rupture de stock.
Il y a peu, le groupe a également rendu sa musique disponible en streaming et téléchargement numérique. Ainsi, Tool a fait son retour au sommet des charts, avec 4 albums présents dans le TOP 5 du Billboard 200. De plus, les albums du groupe font fureur sur les plateformes de streaming. Le groupe est apparu en trending sur YouTube, et la chanson éponyme publiée le 7 août 2019 est déjà entrée dans l’histoire des charts.
Un packaging de haut niveau
Comme mentionné précédemment, l’album a été momentanément en rupture de stock. De nos jours, c’est tout à fait incroyable, même si on prend en compte le passé de Tool. De plus, Fear Inoculum est plus cher qu’un album standard, car les versions physiques sont dotées d’un packaging comprenant un écran HD de quatre pouces contenant des séquences vidéo exclusives, un câble de chargement USB, un haut-parleur de 2 watts, un livret de 36 pages, et une carte de téléchargement numérique. Les fans ont donc à faire à une édition de haut calibre. De quoi régaler les inconditionnels du groupe.
Le groupe conserve son identité si particulière
Tool conserve son identité sonore très mélodique et alambiquée. Le groupe plonge l’auditeur dans une ambiance qu’on peut qualifier de mystique, hypnotique, ou encore spirituelle. Toutes les chansons font plus de 10 minutes, et l’interlude fait environ 5 minutes. Ce sont toutes de grosses compositions progressives avec plusieurs mouvements, et malgré le fait qu’elles soient longues, on ne voit pas le temps passer. En plus d’être long, Fear Inoculum est relativement lent. L’album prend son temps, et est très atmosphérique. Les gens qui voulaient des gros morceaux Rock à la Jambi seront déçus. Les autres seront ravis, car Tool propose une nouvelle expérience musicale de grande qualité.
Les transitions sont progressives et fluides. On a le temps de savourer chaque passage qui s’installe et se développe. Cet album sera parfait pour les gens qui saturent de la musique “épileptique” qui change constamment et submerge l’auditeur d’informations.
Des chansons gargantuesques pleines de détails
L’album s’ouvre avec la chanson éponyme. Typique de Tool, elle est très ambiante, et a une longue intro avec de la sitar et des tablas. La chanson est une mine d’idées. C’est un long build-up de 10 minutes, avec beaucoup de polyrythmes et des petits détails qui font leur effet, comme le fait que Maynard chante le mot “mitosis” exactement au milieu de la chanson. Pour rappel, la mitose désigne les événements chromosomiques de la division cellulaire des eucaryotes. Il s’agit de la division d’une cellule mère en deux cellules filles strictement identiques génétiquement.
Après, il y a Pneuma, qui fait plus penser à un organisme vivant qu’à une chanson. Elle ne suit pas une structure traditionnelle, mais plutôt des mouvements comme ceux de la respiration. Maynard est en forme. Bien qu’utilisée avec parcimonie, sa voix communique un fort poids émotionnel. Dans Pneuma, il chante “We are all born of one breath”, et aborde le sujet de la non-dualité avec brio. La non-dualité est un enseignement présent dans plusieurs traditions telles que le bouddhisme et l’hindouisme (advaita vedānta), qui permet à l’homme de réaliser sa vraie nature par la compréhension profonde qu’il ne fait qu’un avec tout.
Invincible est elle aussi une longue métamorphose. Les passages plus énergiques ont un fort impact, et on a même le droit d’entendre Maynard avec un vocoder. La composition se termine sur un pic d’énergie fort agréable. Ensuite, il y a Descending, qui est envoûtante et a un “refrain” avec des placements vocaux puissants. Elle contient aussi un super solo de guitare, et une section avec deux guitares harmonisées, soutenue par les superbes performances de Danny Carey et Justin Chancellor. Ici, on sent vraiment que le groupe est en symbiose.
Plus tard, on tombe sur Chocolate chip trip , qui est l’interlude de l’album. La piste est totalement dingue. Elle est essentiellement constituée d’éléments électroniques, et Danny Carey joue un énorme solo de batterie au-dessus. Ce solo monstrueux mène à 7empest qui clotûre l’album. Longue de 15 minutes, cette chanson est le point culminant et le moment le plus lourd de l’album. La chanson se termine même sur un breakdown, avant que le riff d’intro revienne et ralentisse progressivement pour conclure Fear Inoculum en beauté.
Une production dans la continuité de 10,000 Days
Produit et mixé par Joe Barresi, l’album a été masterisé par Bob Ludwig. Le son est propre et organique. Il est emblématique de Tool, personne n’a ce son, que cela soit au niveau de la batterie, de la basse ou des guitares. La voix de Maynard a été produite d’une manière qui fait penser aux derniers albums de A Perfect Circle et Puscifer. Elle est souvent ornée d’une reverb profonde et très humide. Le tout est très équilibré et souligne les excellentes performances des musiciens.
Tool mûrit
Tool a récemment accordé une longue interview à Revolver. Le groupe a révélé de nombreux points intéressants sur le nouvel album, comme la raison pour laquelle il est composé de 7 pistes. Beaucoup de riffs et de rythmes ont été écrits avec des signatures rythmiques incluant le chiffre 7. Adam Jones a mentionné que ce chiffre joue un rôle important dans le concept de l’opus. Il est donc intéressant de se pencher sur la signification et le symbolisme du chiffre 7. Le 7 est le chercheur de vérité. Il a une idée claire et convaincante de lui-même en tant qu’être spirituel. En conséquence, son objectif est consacré aux enquêtes dans l’inconnu, et à trouver des réponses aux mystères de la vie.
Les musiciens de Tool ont également conversé sur les thèmes de Fear Inoculum. Adam Jones a dit la chose suivante :
L’album traite du vieillissement. Des choses comme : “Je vais porter des chaussettes avec des sandales. Je me fous de ce que les gens pensent. Je vais juste être à l’aise.” [Rires] Donc, il s’agit des petites choses de la vie. Il s’agit de faire les choix qui sont importants pour vous, avancer et grandir. Il y a un peu de «Dune» de Frank Herbert dans cela. Je suis super excité pour ce nouvel album. Les chansons sont très longues, mais c’est comme des mouvements. Il y a deux ou trois chansons en une, mais elles sont toutes liées. Elles coulent. Donc je ne sais pas comment cela va être reçu. Nous verrons comment ça se passe. Mais je suis extatique.
Par la suite, Danny Carey a fait écho à beaucoup des propos d’Adam Jones lorsque l’interviewer lui a demandé de quoi l’album traitait :
Eh bien, je suppose que le thème central est de vieillir et devenir de plus en plus à l’aise avec soi-même. L’album s’appelle Fear Inoculum, c’est un peu comme si vous pouviez choisir vos peurs et les utiliser à votre avantage plutôt que de les laisser vous consumer. Vous grandissez, et à mesure que vous vieillissez, vous n’en avez plus rien à faire. Je n’ai peur de rien, et certainement pas de ce que les gens penseront de mon jeu de batterie. C’est une sorte d’évolution au-delà des critiques et de nos peurs de toutes sortes.
En tant que responsable des paroles, Maynard James Keenan a également partagé quelques réflexions sur les thèmes généraux de Fear Inoculum :
Je peux vous donner quelques grandes lignes, mais je ne veux pas gâcher votre expérience. J’ai le sentiment que chacun a le droit d’aborder les choses comme il le souhaite, et je ne voudrais pas vous en priver. Mais je peux vous donner quelques détails. J’ai l’impression que l’album traite de la sagesse à travers l’âge et l’expérience. Heureusement, en vieillissant, vous devenez plus sage grâce à certaines des choses que vous avez vécues. Vous apprenez de vos erreurs et de vos succès. Donc, s’il y a quelque chose qui caractérise cet album, c’est ce phénomène de faire le point sur sa vie et de s’accepter ici et maintenant.
Fear Inoculum est une évolution naturelle
Au final, Fear Inoculum est un excellent album plein de substance, qui prendra beaucoup de temps à digérer. Lorsqu’on écoute l’album, on ne peut pas se tromper, ça ne peut être que du Tool. Chaque musicien apporte quelque chose d’unique, que ça soit Danny avec son jeu de batterie complexe, Justin et sa basse versatile, Adam et ses riffs planants ou Maynard et son timbre si unique. Bien que la voix de Maynard soit moins présente sur cet opus, elle est tellement bien utilisée qu’elle n’en est que plus efficace. Fear Inoculum est tellement dense et profond qu’en faire une review maintenant est un peu prématuré. Néanmoins, il est certain que cet album témoigne de la raison pour laquelle les fans n’ont jamais perdu intérêt. La musique de Tool est si particulière que le public sera toujours au rendez-vous même pour le prochain album qui sortira probablement dans 26 ans.