Le 14 octobre dernier, le groupe de metal progressif français Hypnagone a sorti son premier album, intitulé Qu’il Passe, via la Klonosphere. À cette occasion, nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Antoine Duffour et Yann Roy, respectivement bassiste et guitariste.
Les musiciens nous ont parlé de leur album, ainsi que de leurs inspirations et ont même recommandé quelques artistes de la scène française.
Pouvez-vous nous raconter comment le groupe s’est formé ?
Antoine : J’ai commencé à écrire les premiers morceaux d’Hypnagone (Spannungsbogen et Shibboleth) en janvier 2017, au moment même où Yann et Jackou [Binder, batterie] faisaient leur rentrée à la M.A.I [Music Academy International, à Nancy]. Yann et moi vivions dans la même résidence, au même étage. On avait les mêmes références, la même vision de ce que nous voulions faire en musique… Il a rejoint le projet sans vraiment avoir à en parler. Jackou quant à lui nous a rejoint quelques années plus tard, même si nous étions déjà très amis (à cette époque il était beaucoup pris par Dust In Mind) [groupe de metal alternatif de la scène française]. Ensuite, après une quête tragi-comique (on n’osera préciser combien de temps) pour trouver un chanteur, Adrien [Duffour] s’est proposé de lui-même, et c’était parfait.
Yann : Adri n’étant autre que le cousin d’Antoine lui-même. Et on a tous mis trois ans avant d’y penser. Nice job [rires].
Quelle est la chanson que vous recommanderiez pour que les gens vous découvrent ?
Yann : Dur à dire puisque finalement peu de titres de l’album se ressemblent… Cependant je dirais Shibboleth ou L’arbre. Sauf pour les vexés, auquel cas il vaut mieux commencer par The Mind Derailed direct. Pas de politesses.
Antoine : C’est l’idée, ça dépend de ce qu’ils écoutent généralement. Les fans de grunge aimeront sans doute The Step Inward, ceux qui aiment l’ambiant apprécieront Light Bulb, etc.
Y a-t-il une chanson qui a été plus difficile que les autres à créer pendant la réalisation de l’album ?
Yann : L’album [entier].
Antoine : Il y en a eu deux pour des raisons différentes. Light Bulb pour réussir à retranscrire l’ambiance que l’on voulait, et surtout Moss dans la composition. Il y a eu je ne sais combien de versions pendant tout ce temps, on s’y perdait tous, c’était horrible.
Yann : Tout ça pour finir avec la structure d’une ballade à la con [rires]. Ceci dit, avec le recul je trouve que White Fields par exemple a quelques longueurs, alors que sa structure nous a toujours parue évidente, tandis qu’à côté de ça je ne changerais rien à Moss. Comme quoi…
Qu’est-ce qui a motivé la création de cet album et les thèmes qu’il contient ?
Antoine : Pour la motivation, rien d’original, un mélange de sentiments d’une époque. Je pense que c’était juste un besoin, c’est une conclusion et un bon condensé d’une période de la vie. Pour les thèmes, on peut y trouver en sous-textes beaucoup de choses qui me sont tombées dessus pendant la période de composition. Ce qui est sûr c’est que la solitude, l’acceptation de soi et le rapport au monde sont vraiment centraux dans ‘’Qu’il Passe’’.
Yann : Bis repetita.
Pourquoi les groupes de metal français sont-ils toujours comparés à Gojira ?
Yann : Ahah, parce que ce sont eux les patrons. Personne d’autre n’est à leur niveau en France, donc même vu de l’étranger, tout groupe français suit forcément leurs pas. La comparaison est normale. Ils ont aussi toujours parlé d’écologie, et ce bien avant que cela ne devienne un lieu commun dans ce style de musique. De ce point de vue, ils sont authentiques et sont forcément une référence, et à juste titre compte tenu des problématiques actuelles.
Antoine : Rien à ajouter, c’est bien résumé.
Quels sont les artistes que vous écoutez le plus en ce moment ?
Yann : PNL, à 1000%, principalement leurs albums “Dans la légende” et “Deux frères”. Sinon du Dead Can Dance, du Gunship… un peu de tout. Pour le metal, c’est surtout Type O Negative qui tourne pas mal en ce moment. Leur album October Rust, un grand moment.
Antoine : Toujours pas mal de choses en fait, j’ai plongé dans la discographie de David Bowie il y a peu et j’en ressort continuellement des trésors (ses albums Blackstar et Heathen sont magnifiques). J’attends le nouveau Brutus comme un fou, tous les singles étaient superbes, puis ensuite on picore : En Minor, Post Malone, Type O aussi (c’est terrible), clipping. Bref, toujours beaucoup de choses.
Yann : Le dernier Berlin Heart fait du bien aussi.
Y a-t-il un groupe sous-estimé que vous aimeriez recommander au monde ?
Antoine : Outcast, un groupe français qui a splitté il y a quelques années. Leur dernier album, Awaken The Reason, me suit depuis qu’il est sorti en 2012, je recommande toujours.
Yann : On ne peut pas dire qu’ils soient “sous-estimés” (c’est le moins que l’on puisse dire), mais le dernier album d’Hangman’s Chair, A Loner, m’a tellement régalé, que je ne peux que le recommander et le trouver “sous-estimé”.
Un dernier mot ?
Antoine : Sommairement, merci à ceux qui prendront le temps d’écouter notre musique, à ceux qui nous ont lu, ainsi qu’à ceux qui nous ont aidés à réaliser l’album depuis tout ce temps. C’est un aboutissement pour nous, vraiment hâte de pouvoir faire vivre notre musique sur scène ! Et bien sûr merci à MetalZone de nous avoir permis d’en parler ici-même.
Yann : Je remercie ceux qui liront cette interview (et encore plus ceux qui sont allés jusqu’ici !), et bien sûr ceux qui écouteront notre musique. Je suis le premier critique de notre travail, et jusqu’à présent tous les retours qu’on a eu m’ont agréablement surpris : même les critiques [négatives] étaient toutes pertinentes et intéressantes ! Merci donc à toutes les personnes qui ont pris le temps de nous écouter.