Loathe met le feu à King's Cross

à 16 h 15 min
Lecture 7 min.
Loathe met le feu à King's Cross
© Tetralens

Après une attente interminable devant la salle de concert, nichée dans un quartier récent à l’arrière de King’s Cross au cœur de Londres, où il semble impossible de dîner pour moins de 100£, nous atteignons enfin la salle du sous-sol du Lafayette, en passant par un restaurant.

Un public, composé d’un panel de 20-35 ans en majorité, afflue sans cesse dans l’espace un peu exigu surmonté d’un balcon, dans une atmosphère peu accueillante.

Sans conteste, la majorité du public est constituée de fans inconditionnels des têtes d’affiche, qui ne comptent en aucun cas céder leur place près des barrières.

Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)

Slow Crush

Les lumières déjà rares se tamisent à l’arrivée sur scène de Slow Crush.

Loathe met le feu à King's Cross

Tout en déplorant l’absence de Modern Error pour ce concert clôturant la tournée de Loathe d’une petite dizaine de dates à travers le pays, je découvre le groupe belge Slow Crush.

Bien que je ne sois pas transportée par leur Post-Rock mâtiné de Metalcore, tout comme une bonne partie du public qui attendait Loathe, je reconnais que le quatuor mené par la chanteuse et bassiste Isa Holliday, livre une performance de qualité, avec des titres tels que Swivel, Drift et Glow, pour une expérience éthérée tout à fait représentative du style Shoegaze, sans pour autant se départir d’une puissante rythmique entraînante.

Loathe met le feu à King's Cross

Une introduction relativement calme qui convient bien pour tempérer avant le déchaînement de haine qui s’apprête à inonder le Lafayette juste après.

Slow Crush – Glow :

Loathe

Quand je dis “haine”, je parle de Loathe (“détester” en français), le groupe britannique de Metalcore progressif/alternatif de Liverpool formé en 2014, continuité du collectif Our Imbalance, initié en 2008, qui a depuis fait beaucoup de bruit, et est le fer de lance de cette nouvelle génération de Metal britannique (God Complex, Holding Absence ou Lotus Eater par exemple) qui explore les recoins du genre, en incorporant diverses influences supplémentaires, en ce qui les concerne le style Shoegaze, quelques éléments industriels, et une touche Nu Metal.

Après un premier album en 2017, The Cold Sun, qui interpelle déjà, Loathe se distingue avec de multiples “nominations” en 2018, par Metal Hammer notamment, comme l’un des groupes contemporains à l’ascension la plus notable.

Loathe met le feu à King's Cross

Le collectif composé du charismatique chanteur Kadeem France, du talentueux guitariste et chanteur secondaire Erik Bickerstaffe, de Feisal El-Khazragi à la basse et Sean Radcliffe à la batterie (et anciennement Conner Sweeney à la guitare, qui a quitté le groupe début 2021) poursuit son ascension avec un deuxième album en février 2020, I Let It In and It Took Everything , très attendu, et largement salué par la critique.

Leur troisième album The Things They Believe, sorti début 2021, est une parenthèse ambiante entièrement instrumentale.

Loathe met le feu à King's Cross

Cette tournée sur le sol britannique, qui se termine le 18 décembre 2021 à Londres, au Lafayette qui affiche complet, est l’occasion de donner vie sur scène à I Let It In et It Took Everything.

Une frénésie remplit la salle dès la première note, alors que les musiciens arrivent sur la scène équipée de téléviseurs qui font partie de l’expérience en direct.

Et il ne faudra pas longtemps pour que la foule se transforme en une masse incontrôlable de circle pit frénétique ! Le privilège d’être presque le seul média autorisé derrière les glissières de sécurité et d’être au premier rang a une contrepartie : composer aussi avec les corps qui affluent par vagues !

Loathe met le feu à King's Cross

Le public “Loathe As One” (comme l’indique le slogan du groupe), il n’y a aucun doute là-dessus, et est rapidement gagné par une rage viscérale contagieuse, magistralement incarnée sur scène par un Kadeem France qui interprète le rôle principal avec brio et nuances. L’ensemble du groupe a parfaitement sa place dans l’interprétation de cette performance.

L’ascenseur émotionnel est assuré par une chanson beaucoup plus atmosphérique, Two-Way Mirror, qui casse le rythme.

Loathe met le feu à King's Cross

Loathe nous plonge, tout au long de la soirée, dans son univers cinématographique et conceptuel, une immersion dans une atmosphère lourde et sombre, mais avec une esthétique précise, très lynchienne (dont ils revendiquent l’influence), un monde presque dystopique qui nous perd dans un tourbillon d’émotions oscillant entre énergie brute et mélancolie contemplative.

C’est un concert qui se vit comme un long film où les passages saturés succèdent aux sons éthérés et enveloppants pour nous étourdir comme dans un rêve expérimental au croisement de Blade Runner et Mad Max.

Loathe met le feu à King's Cross

Une visite rapide au balcon permet de prendre du recul par rapport à la fièvre généralisée qui s’est emparée du public dans la fosse. Ici, une atmosphère et une attitude plus sobres surplombent la scène, où le public savoure une pinte loin de l’agitation.

Loathe met le feu à King's Cross

L’ensemble de la soirée, tissée et stratifiée avec élégance et précision, porte l’empreinte très identifiable du groupe, avec des changements de rythmes parfaitement maîtrisés. Les passages orchestraux et atmosphériques, profonds comme sur Is It Really You?, laissent place à une rage viscérale comme sur Gored ou Broken Vision Rhythm. Une alternance très construite dans un ensemble élégamment décomposé par les ruptures rythmiques, que le collectif joue sur scène avec une grande aisance, formant un tout parfaitement cohérent et ficelé au millimètre près.

À chaque partie, Kadeem France trouve une nouvelle façon de donner vie à la chanson, par exemple en s’asseyant à quelques centimètres du public, pensif, pendant l’interprétation du très atmosphérique 451 days.

Loathe met le feu à King's Cross

La communion entre les musiciens et leurs fans est d’ailleurs palpable, notamment à l’approche de la fin du concert, une faculté qui faisait défaut auparavant (en référence au Castlefest UK à Luton, où j’étais en septembre 2019) où l’ambiance était plus froide et plus distante.

Le catalogue de Loathe, et en particulier l’interprétation live des morceaux de I Let It In And It Take Everything, n’est pas une musique qui s’écoute à la légère, mais plutôt une expérience, à la fois sonore et émotionnelle, qui vous envahit complètement et ne peut vous laisser indifférent.

À l’heure où je termine cet article, le groupe sort un nouveau single, Dimorphous Display, poignant et suffocant, qui, espérons-le, ouvrira la voie à de nombreuses autres compositions de qualité très prochainement.

Loathe – Dimorphous Display :

À propos de Tetralens

Cet article a été rédigé par Tetralens, qui est également la propriétaire de toutes les photos que vous avez vues ci-dessus.

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TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.

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