C’est avec une légère fébrilité que je rejoins le Trabendo pour rencontrer Mark Vollelunga de Nothing More, qui m’accueille avec calme et gentillesse pour une interview qui aborde à la fois le parcours du groupe, son identité et ses projets à venir. Un moment hors du temps qui me rend encore plus impatiente pour le concert de ce soir.
Après une petite attente sur la passerelle de la salle, où je croise avec plaisir quelques irréductibles de la scène rock et metal parisienne, on nous laisse entrer dans les lieux.
Les allées et venues au bar ou aux différentes zones de merch montrent déjà une fébrilité dans le public de ce soir.
Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)
Vukovi
Le jeune duo écossais Vukovi, formé par la charismatique chanteuse Janine Shilstone et le guitariste Hamish Reilly, accompagnés de Martin Sharples Johnston à la batterie pour la tournée, envoie dès l’entrée en scène une énergie de tous les diables. Janine n’est pas en reste en termes d’attitudes, de poses, d’effets capillaires et de démonstration de performance vocale, tandis que le guitariste, bien qu’enjoué et précis, adopte une attitude moins fantaisiste.
Le style électro-rock de Vukovi ne ressort pas très distinctement de leur performance live ce soir, bien que leur entrain contagieux touche tout de même le public. Je note néanmoins l’intro plutôt heavy de Lasso ou encore la mélodie entraînante de I Exist, faite de distorsions, de passages saturés et d’un petit quelque chose rappelant Marina and the Diamonds. La discographie du groupe, composée de 3 albums, est assez composite.
Une générosité envers le public à qui Janine adresse quelques mots de reconnaissance.
Un ensemble à la fois polymorphe, à l’empreinte pop-rock, mais qui accroche davantage mon attention en écoute studio. Et la découverte du très accrocheur Violent Minds, qui ne figure pas dans la playlist de ce soir… À revoir cependant avec plaisir.
Setlist :
- Creep Heat
- Lasso
- Hades
- Kill It
- Slo
- Run/Hide
- I Exist
- La Di Da
Siamese
Je suis agréablement surprise de constater qu’il n’y a pas que moi qui attend la performance de Siamese avec impatience !
Après les avoir découverts lors d’un petit festival britannique il y a 5 ans, je déplorais que leur public français ne soit pas encore suffisamment grand… Eh bien ce soir, une véritable fan base est présente, avec même quelques personnes ici POUR les Danois spécifiquement !
Le lancement de la performance, accueilli par une foule très enthousiaste, se fait sur le titre de 2023, The Shape Of Water, en duo avec Ten56, peut-être un clin d’œil à cette date en France. Ce morceau, qui représente toute la capacité de Siamese à mêler riffs puissants et parties mélodiques, lance l’ambiance d’un set très dynamique où les guitaristes Andreas Kruger (également producteur de talent) et Christian Hjort Lauritzen (guitare et surtout violoniste virtuose) mènent la danse.
Sur Numb (Home, 2022), la maîtrise vocale de Mirza Radonjica prend tout son sens, et Holy, issu de l’album de 2022 également, à la suite, nous assène la belle rythmique dont Joakim Stilling a le secret à la batterie.
Le très arrangé On Fire, récemment sorti des forges danoises en janvier 2024, marque une rupture avec les autres titres par son aspect électro plus adapté à une soirée en club, mais qui détient tout de même l’énergie fondamentale du quintet.
Can’t Force The Love, titre puissant, ayant été le précurseur de l’ère Home, renferme la quintessence de Siamese, post-rock aux accents metalcore, saupoudré de touches pop, vraiment un banger, qui, à mon sens, est le titre à écouter pour découvrir Siamese.
Le set, beaucoup trop court, se clôt sur Sloboda, où Mirza nous offre un bout de sa culture d’origine (serbe), puis l’un des titres phares de 2019 (Super Human), Ocean Bed.
Beaucoup, comme moi, regrettent B.A.N.A.N.A.S (oui oui, ce morceau feel good dont un passage est emprunté à Gwen Stefani).
Ce groupe, c’est le rassemblement de talents variés, qui se retrouvent sur un style vraiment à part. Oui, cela fait grincer certains puristes, mais lorsque l’on accepte d’aller au-delà des frontières stylistiques, Siamese vous embarque. Base très mélodique, production savamment travaillée, identité vocale aux couleurs pop, mais dans un résultat à l’énergie metalcore. Une sincérité qui transcende les limites et donne à ce post-rock la lumière de leurs explorations musicales. C’est aussi ça l’audace de Siamese !
Setlist :
- The Shape of Water
- Numb
- Holy
- On fire
- Can’t Force the Love
- Sloboda
- Ocean Bed
Nothing More
Suite à cette entrée en matière en deux temps plutôt réussie, l’audience attend maintenant l’arrivée des stars de ce soir, Nothing More. Et rien de moins que le quatuor concentrant le plus de bouclettes au mètre carré, que ces talentueux Texans emmenés par le charismatique Jonny Hawkins.
Après avoir grandement apprécié l’interview que nous a accordée Mark Vollelunga, guitariste et figure centrale de l’écriture du groupe, je suis à la fois impatiente et fébrile de pouvoir les capturer à nouveau en live.
Ça attaque fort avec Let ’em Burn et son gimmick « Everybody, everybody lies… » qui emporte la foule en quelques minutes. Bon et l’entrain d’un Jonny déjà excité aussi !
La performance se poursuit sur Do You Really Want It?, également issu de l’album de 2017, The Stories We Tell Ourselves, contenant cette même énergie contagieuse portée par une rythmique puissante, dont Ben Anderson à la batterie donne toute l’ampleur.
Toute retenue semble quitter le public et les slams commencent à affluer sur Don’t Stop, je ne peux pas les blâmer, « Keep on digging deep, diggin deep… », les allitérations du texte entrant totalement dans la construction rythmique du titre et scandées par la voix saturée de Jonny. En même temps, il est parfaitement logique de reconnaître cette qualité lorsque l’on se rappelle que le frontman n’était autre que le batteur du groupe jusqu’en 2008/2009… Ça, et le jeu puissant de Mark, ainsi que la signature indéfinissable et en même temps unique de Nothing More, à la fois empreint de rock progressif, et de metal alternatif… Tout est là.
Après un If It Doesn’t Hurt interprété pour une des premières fois (sorti en janvier 2024), très mélodique et vibrant, retour à nouveau à l’opus de 2017 avec l’incroyable et poignant Go To War.
Enfin ! Avec Face It, on entend un extrait de Spirits, l’album de 2022 (sorti via Better Noise Music). Un titre résolument acerbe, tranchant, avec un texte qui explore les zones d’ombre intérieures, et dont les sonorités font écho à toute la dissonance dont le face-à-face avec nos propres doutes peut nous plonger.
On poursuit avec une exclusivité, puisque le titre n’est pas encore sorti sur les plateformes, “Angel song”, qui débute par le groupe qui incite le public à battre la mesure en claquant dans ses mains, puis à cette rythmique se superposent les parties vocales haut perchées puis les cordes puissantes de Mark et Daniel (Oliver) pour un résultat qui reste en tête.
Après Tired of Winning, un moment d’émotion avec le très touchant titre Jenny (issu de l’album de 2014), écrit pour la sœur de Jonny. Un moment d’immersion dans un texte qui prend aux tripes. À chaque fois.
La performance à ce stade ne peut plus laisser qui que ce soit indifférent, toute la sincérité de Nothing More prenant tout l’espace du Trabendo, beaucoup trop petit pour ce groupe au talent incroyable, déjà en écriture, mais dont la portée est intensifiée en live. Et c’est l’occasion de découvrir la version live de Spirits (2022). Inspiré, profond, donnant forme à une rage vitale. Une performance survoltée où le frontman semble de plus en plus être une incarnation de Jim Morrison dans son implication.
Puis, me remettant à peine de Spirits, j’entends Mark sur scène dire quelques mots à mon attention en introduction au titre suivant. Pas même besoin d’entendre les premières notes de Fade In/Fade Out… Je suis bouleversée. Merci à Mark d’avoir partagé ce titre écrit pour son père et son fils, avec tous ceux qui ont perdu un parent.
Après ça, il faut se remettre, mais c’est déjà la fin du set. L’intro flottante, Ocean Floor, auquel succède This Is the Time (Ballast) de 2014, est le théâtre d’un final digne de Nothing More, avec Daniel en pleine forme, et Jonny muni de percussions dans – enfin SUR – la foule, porté par l’énergie du moment, la communion du live…
Un concert que je ne suis pas prête d’oublier.
Setlist :
- Intro : Take Me Home, Country Roads
- Let ’em Burn
- Do You Really Want It?
- Don’t Stop
- If It Doesn’t Hurt
- Go to War
- FACE IT
- Angel song (inédit)
- Tired of Winning / Ships in the Night
- Jenny
- I’ll Be OK
- SPIRITS
- Fade In/Fade Out
- Ocean Floor
- This Is the Time (Ballast)
À propos de Tetralens
Cet article a été rédigé par Tetralens, qui est également la propriétaire de toutes les photos que vous avez vues ci-dessus.
Tetralens est une photographe basée à Paris. Si vous souhaitez discuter avec elle de son travail et/ou collaborer avec elle, vous trouverez toutes ses informations ci-dessous !
TETRAlens rassemble toutes les expressions de mon travail photographique, récent ou datant de plusieurs années. J’y présente principalement un extrait de mes captures de concerts live, essentiellement issus de la scène Metal et Rock, ainsi qu’un petit aperçu de mes autres sujets photographiques, tels que les paysages, les détails et l’architecture. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu capturer à travers mon objectif ce que mes yeux voulaient immortaliser : le tranchant d’une lumière, la force d’un instant, la douceur d’un regard, l’énergie d’un moment, ces choses qui rendent le monde plus beau. Depuis mon plus jeune âge, cette passion m’a suivi dans mon quotidien ou dans mes voyages, mes yeux regardant constamment la nature, les villes et les gens comme une source d’inspiration pour nourrir mon expression artistique. Le canal le plus emblématique étant la musique live, les événements à travers lesquels l’humain est un vecteur des vibrations les plus positives.