Elizabeth Zharoff, la célèbre chanteuse d’opéra et créatrice de la chaîne YouTube The Charismatic Voice, a récemment lancé une campagne Kickstarter pour financer un ambitieux projet de recherche sur la voix. L’objectif ? Mieux comprendre les techniques vocales extrêmes, comme les growls et les screams, que l’on retrouve notamment dans le Metal. Les fonds récoltés seront intégralement versés à The Charismatic Voice Research Fund, un organisme à but non lucratif dédié à l’étude de la voix.
La campagne, qui espère atteindre 212 000 € d’ici le 3 octobre, est soutenue par des chercheurs de renom de l’Université de l’Utah. Ces experts, épaulés par des spécialistes du monde entier, mèneront des études approfondies sur les effets des techniques vocales de distorsion, souvent mal comprises et stigmatisées. Ce projet s’appuie sur une première étude pilote menée avec Will Ramos, le chanteur du groupe de Deathcore Lorna Shore, célèbre pour sa maîtrise des screams abyssaux.
Zharoff, qui a elle-même une formation rigoureuse en chant lyrique, a partagé son étonnement face à l’impact de ces techniques extrêmes sur les cordes vocales : “Je pensais autrefois que les screams et les growls étaient nocifs pour les cordes vocales”, a-t-elle déclaré. “Même avec huit ans de formation en opéra et une décennie de performances, je croyais que ces sons étaient destructeurs. Mais je me trompais. Nous nous trompions.”
Pour faire avancer ces recherches, plusieurs chanteurs emblématiques de la scène metal se sont portés volontaires pour participer aux études. La liste impressionnante des artistes impliqués inclut :
- Travis Ryan (Cattle Decapitation)
- Phil Bozeman (Whitechapel)
- Mark Garrett (Kardashev et Kardavox Academy)
- Melissa Bonny (Ad Infinitum et Kamelot)
- Alissa White-Gluz (Arch Enemy)
- Spencer Sotelo (Periphery)
- Tatiana Shmayluk (Jinjer)
- Devin Townsend
Cette initiative cherche à prouver que ces techniques vocales, loin d’être nuisibles, peuvent non seulement être maîtrisées en toute sécurité, mais aussi être bénéfiques. Zharoff rêve d’un avenir où ces méthodes seront enseignées dans des conservatoires prestigieux comme la Juilliard School. “D’ici dix ans, je veux voir des programmes sur la distorsion vocale à Juilliard. Je veux que les chanteurs classiques soient formés à ces techniques, car il y a des preuves que cela pourrait même améliorer leurs notes aiguës”, explique-t-elle.
L’un des aspects les plus fascinants de cette recherche est la possibilité que ces techniques vocales puissent également contribuer au traitement des troubles mentaux tels que la dépression et l’anxiété. Selon Zharoff, le nerf vague, qui relie les plis vocaux à plusieurs organes critiques du corps, joue un rôle important dans le traitement des émotions. En exploitant toute l’étendue des structures vocales, comme le font les chanteurs de metal, on pourrait découvrir de nouvelles thérapies pour améliorer la santé mentale.
Zharoff a également expliqué pourquoi elle avait choisi de passer par Kickstarter plutôt que par des subventions traditionnelles pour financer cette recherche : “Les voix extrêmes ont été tellement stigmatisées que décrocher des subventions a été un défi. Mais nous croyons en la force de la communauté pour mener cette révolution. Ensemble, nous pouvons changer l’avenir de la science vocale et améliorer la vie de millions de personnes”, a-t-elle déclaré, avant d’ajouter avec enthousiasme : “C’est un projet majeur, et nous pouvons nous amuser en le faisant aussi.”
La campagne Kickstarter a d’ores et déjà récolté plus de 173 000 €, grâce à plus de 2 800 contributeurs. Les dons permettent non seulement de soutenir un projet scientifique unique, mais offrent également des contreparties attractives comme des vidéos exclusives, des cours de chant ou encore la possibilité de voir son nom apparaître dans les crédits des futures publications.