Dans une récente interview, Reb Beach est revenu sur la descente aux enfers vécue par Winger au début des années 90, après un succès fulgurant, et a expliqué pourquoi le groupe compte se retirer cette année.
De la gloire à la chute brutale : Winger au cœur de la tourmente
Alors que le groupe Winger s’apprête à tirer sa révérence après une ultime tournée d’adieu, son guitariste Reb Beach a partagé un témoignage poignant dans une interview accordée à Badass Network. Il y revient sur la manière dont le groupe, alors au sommet de sa popularité avec ses deux premiers albums certifiés platine, a tout perdu en l’espace de quelques semaines au début des années 90.
Selon lui, plusieurs facteurs ont contribué à ce brusque retournement, notamment l’arrivée du grunge et une image devenue ringarde du jour au lendemain. Mais il cite surtout un épisode marquant : “Metallica a lancé des fléchettes sur une affiche de Kip Winger. Nous étions en tournée à ce moment-là, et tout a été annulé. Les ventes de billets se sont arrêtées net. [L’épisode de] Beavis and Butt-Head est sorti, et une semaine plus tard, c’était fini. Plus personne ne voulait être vu à un concert de Winger.”
Ce moment symbolique, où Lars Ulrich apparaît dans un documentaire en train de viser un poster de Kip Winger dans les coulisses, a profondément entaché la crédibilité du groupe. Reb Beach poursuit : “J’avais acheté une grande maison en Floride, pensant que notre album Pull allait exploser. Pour moi, c’était notre meilleur disque. Mais il a été un échec. J’ai dû vendre la maison, toutes mes guitares, et retourner vivre chez mes parents. J’ai survécu en vendant 20 guitares pendant un an, jusqu’à ce que je rejoigne Alice Cooper. Je n’avais même pas l’argent pour me rendre à l’audition ; Kip a dû me prêter 500 dollars.”
Pourquoi Winger décide de se retirer en 2025
Malgré un retour inespéré ces dernières années, notamment avec la sortie de l’album Seven, Winger mettra bientôt fin à son aventure. Reb Beach explique cette décision par la volonté de Kip Winger de tourner la page du rock pour se consacrer pleinement à la musique classique : “Le groupe s’appelle Winger, et Kip ne veut plus chanter She’s Only Seventeen. Ce n’est pas tant les paroles qui le dérangent que l’exigence vocale. Il sonne encore comme sur les disques, parce qu’il travaille très dur pour cela. Mais il n’en peut plus. Il veut se consacrer à la musique classique, qui a toujours été son objectif. Et il commence à avoir du succès dans ce domaine.”
Beach conclut avec une note d’amertume mêlée de résilience : “C’est triste pour moi, parce que je pourrais continuer encore dix ans. C’est mon groupe, j’ai écrit tous les riffs, toutes les chansons. Quand je suis sur scène avec Kip, je suis dans mon élément. Mais je survivrai. J’ai déjà reçu des appels pour rejoindre d’autres groupes.”
Après 35 ans de hauts et de bas, Winger tourne donc une page importante de son histoire. Une histoire marquée par le succès, la chute, et la réinvention – mais aussi par une blessure jamais vraiment refermée, causée par un simple lancer de fléchettes devenu tristement légendaire.