Kerrang! vient de publier un article sur la manière dont Iron Maiden a changé la scène Metal, avec l’introduction de Bruce Dickinson et la création de l’album The Number Of The Beast. Nous vous avons traduit l’histoire derrière cet album épique ! Découvrez tout ça ci-dessous.
L’histoire derrière The Number Of The Beast
C’est le moment de l’arrivée de Bruce Dickinson : la pièce manquante nécessaire pour faire entrer Iron Maiden, et son nouvel album bientôt incontournable, dans les grandes ligues du Metal…
Paul Di’Anno estime qu’il a démissionné. La version officielle de Maiden est qu’il a été licencié. Quoi qu’il en soit, le résultat est le même : un groupe en pleine ascension doit trouver un nouveau chanteur à un moment crucial, alors qu’il cherche à se mettre au travail pour son troisième album, après les succès éclatants de ses deux premiers.
Même si c’était un sacré risque, le vent était tel dans les voiles de Maiden que même ce changement de personnel potentiellement calamiteux ne fut rien d’autre qu’une mise à niveau. Le groupe a abordé la situation avec la mentalité suivante : “Autant réparer une roue qui grince avant qu’elle ne cause un réel problème”.
Il s’appelait Bruce Dickinson, c’était un garçon instruit de Sheffield avec un larynx comme une corne de brume, qui avait terminé l’université et qui a immédiatement mis son talent à profit en chantant du Heavy Metal, dans Samson. Alors que son prédécesseur était un homme dur, avec un style vocal pugilistique, Bruce avait une signature plus théâtrale, ce qui correspondait parfaitement à la musique épique et plus engagée que le groupe faisait. Néanmoins, le fossé était grand : les membres de Maiden étaient déjà des vétérans des tournées européennes, et avaient des tampons américains et japonais dans leurs passeports. Sans oublier qu’ils étaient aussi, à bien des égards, plus grands que Samson, qui ne s’était jamais produit en dehors du Royaume-Uni et avait connu un succès que l’on pourrait poliment qualifier de “respectable”.
Son premier spectacle avec son nouveau groupe a eu lieu à Bologne, en Italie, où il a admis :
Je n’ai pas ouvert les yeux pendant les quatre ou cinq premières chansons. Toute l’équipe me regardait et m’évaluait. Ils me regardaient tous comme si j’avais deux têtes ! Mais je savais que ça allait arriver, et je savais qu’il fallait que je m’y mette. Les gens avaient vu le groupe avec Paul, alors il y avait un certain bagage. On ne se contentait pas de me présenter, on jouait des trucs de The Number Of The Beast que personne n’avait encore entendus, donc c’était très différent de ce qu’ils connaissaient !
Alors que dans les premières années de Maiden, des chansons comme Sanctuary et Running Free avaient fait irruption pour matraquer les auditeurs, sur le nouvel album, les objectifs étaient plus élevés. Des chansons plus traditionnelles comme Run To The Hills et la chanson-titre ont été réalisées avec classe et habileté, tandis que les sept minutes de Hallowed Be Thy Name, la piste de conclusion, ont porté l’intensité musicale à des niveaux que le groupe avait auparavant du mal à atteindre, grâce au récit magnétique de Bruce sur l’histoire d’un homme en route vers la potence, du point de vue du condamné.
Le verdict fut rapide et presque unanime : le nouveau Maiden, aux côtés de Bruce, était une entité supérieure, et l’album fut classé numéro un au Royaume-Uni, nouvelle que le groupe reçut alors qu’il poussait un bus en panne en haut d’une colline en Suisse. Même Paul Di’Anno a admis qu’il avait été remplacé par le bon gars.
Bruce est le meilleur chanteur que le groupe ait jamais eu, sans conteste. Je pense qu’il a une sacrée belle voix, et c’était exactement ce dont le groupe avait besoin à l’époque.
Mais tout le monde n’a pas été aussi impressionné. En Amérique, des groupes religieux se sont levés pour contester le nom de l’album, la pochette et les paroles de la chanson-titre. Des disques et des merchs ont été brûlés ou, dans certains cas, éclatés avec des marteaux de peur d’inhaler des fumées “maléfiques”. Steve Harris a été frustré par les incidents, constatant que le sujet avait complètement dépassé l’entendement de ces personnes.
Ils n’avaient manifestement pas lu les paroles.
S’ils l’avaient fait, ils auraient vite remarqué que The Number Of The Beast est un récit édifiant où quelqu’un tombe sur une cérémonie de magie noire au milieu de la nuit et devient terrorisé. De même, bien que la pochette présente Satan lui-même au premier plan, contrôlant une marionnette, il est à son tour une marionnette sous l’influence d’Eddie. En fait, la chose la plus diabolique qui se soit produite lors de la création de l’album a été lorsque le producteur Martin Birch a été impliqué dans un accident de voiture et qu’il a reçu une facture de réparation de 666 £.
Cependant, si l’on regarde les choses d’un point de vue plus commercial, la controverse a simplement signifié que cette nouvelle version améliorée de Maiden devenait de plus en plus influente. Et avec Bruce beaucoup plus professionnel sur scène que son prédécesseur, et mieux équipé pour s’adapter au rigoureux programme de tournée de Maiden, sept nuits par semaine, la dure tâche de conquérir d’abord l’Amérique puis le monde pouvait enfin commencer sérieusement.
Il ne restait qu’un petit détail à régler, à savoir qui se tenait à l’avant de la scène. Dans ses mémoires, What Does This Button Do?, Bruce Dickison a écrit :
Steve voulait être à l’avant et courir partout sur la scène. Je n’étais pas chaud, je ne voulais pas chanter derrière la tête du bassiste.
Les choses se sont précipitées après un spectacle à Newcastle où, après deux heures à se marcher sur les pieds, Bruce et Steve ont dû être séparés par Rod Smallwood en coulisses. Mais le groupe était bien plus important que les querelles sur le placement des micros, et une fois les deux musiciens calmés, un compromis sur le territoire scénique a été trouvé. Encore heureux, car Maiden était en passe de devenir le groupe de Heavy Metal le plus important de la décennie.
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Iron Maiden – The Number Of The Beast :
Source : Kerrang!